L'industrie du jeu sud-coréenne « doit regagner la confiance des joueurs »

D'après le nouveau ministre de la culture sud-coréen (aussi en charge du jeu vidéo), les joueurs ont de moins en moins confiance dans les modèles économiques des studios. Il entend donc légiférer pour mieux encadrer le secteur. 

La Corée du Sud se présente elle-même que la « Nation of game », tant son industrie du jeu vidéo est importante dans l’économie du pays. À ce titre, le secteur vidéo ludique sud-coréen fait l’objet d’une attention particulière de la part des autorités locales : tantôt pour la soutenir très activement, tantôt pour la réguler pour mieux protéger les joueurs.

Vers des mesures coercitives

Depuis quelques semaines, la Corée du Sud a un nouveau ministre de la Culture, des Sports et du Tourisme (également en charge du jeu vidéo), Hwang Hee, qui entend réguler plus strictement les pratiques commerciales des studios. Jusqu’à présent, l’industrie du jeu mettait en avant sa capacité à s’autoréguler : sous l’impulsion de la Korea Game Industry Association, les différents acteurs de l’industrie du jeu fixaient leurs propres règles de ce qui est ou non acceptable en termes de modèles économiques – pas trop contraignantes pour pouvoir gérer librement l’économie de leurs jeux, mais suffisamment pour éviter l'ire des joueurs ou une régulation plus stricte de la part des autorités.
Manifestement, le juste dosage n’a pas été trouvé dans la mesure où le ministre Hwang Hee se rallie à la position de plusieurs députés coréens pour imposer des mesures coercitives.

Regagner la confiance des joueurs

i16219688888.jpg

C’est ce qu’il a indiqué ce matin à l’occasion d’une réunion avec les principaux représentants de l’industrie du jeu – les patrons de Krafton, NCsoft, Netmarble, NEOWIZ, Nexon, Pearl Abyss, SmileGate ou encore WeMade. Selon le ministre, « la confiance des utilisateurs dans l’autorégulation est en baisse » et à ce titre, il redoute que cette « perception négative » des pratiques commerciales de certains studios « se propagent à l’ensemble de l’industrie nationale du jeu vidéo ». En conséquence, il considère qu’il est « nécessaire de lutter contre cette méfiance des utilisateurs afin de préserver la compétitivité » du secteur.

En d’autres termes, de plus en plus de joueurs coréens contestent les pratiques commerciales en vigueur dans certains jeux (free-to-play), et notamment la trop grande place laissée à l’aléa et à des règles d’obtention d’objets trop floues. Le ministre est donc favorable à l’adoption d’une loi, qui imposerait des pratiques de transparence aux acteurs de l’industrie du jeu (en lieu et place des mesures d’autorégulation plus ou moins bien appliquées). Les studios seraient ainsi par exemple légalement dans l’obligation de détailler les chances d’obtention d’un objet ou d’un personnage dès lors que le gain serait aléatoire.

Une industrie qui doit se remettre en question

D’après la presse coréenne, les représentants de l’industrie étaient assez peu satisfaits de la tournure de la réunion (le ministre a constaté que plusieurs de ses interlocuteurs étaient « mal à l’aise » avec sa position, mais il estime aussi qu’il y a « de nombreux problèmes depuis quelques années et que les studios n’ont maintenant plus d’autres choix que de s’intéresser et de prendre soin des consommateurs »).
On ignore encore si la loi sera votée par les parlementaires sud-coréens, mais avec le soutien du gouvernement local, on imagine qu’elle sera adoptée tôt ou tard, sous une forme ou sous une autre. Et les modèles économiques des jeux en ligne coréens pourraient en être significativement modifiés à l’avenir.

Réactions (15)

Afficher sur le forum

  • En chargement...