Microsoft identifiée par l'ONU parmi les entreprises profitant de « l’économie de génocide »

Les entreprises privées sont-elles responsables juridiquement de l'usage, potentiellement illégal, qui est fait de leurs outils ? La rapporteure spéciale de l'ONU Francesca Albanese répond par l'affirmative et pointe le rôle des géants de l'industrie dans le conflit israélo-palestinien. 

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Microsoft est sous le feu des projecteurs depuis deux ans pour ces vagues de licenciement successives, supprimant jusqu’à 4% de sa masse salariale, notamment dans son unité gaming, pour en remplacer une part par l’IA générative.

Mais le géant de l’industrie est également visé par des critiques concernant son approvisionnement en outils informatiques de cloud et d’IA à l’armée israélienne, facilitant ainsi la surveillance biométrique, le ciblage militaire, et la gestion massive de données. Un rapport de la rapporteure spéciale de l'ONU sur les Territoires palestiniens, Francesca Albanese, nomme Microsoft auprès de nombreuses autres grandes entreprises telles que Google, Amazon ou encore Hewlett Packard (HP), qui profitent de ce qui est défini comme « l’économie de génocide », soulignant que la collaboration du secteur privé contribue à permettre l’occupation des territoires palestiniens en violation du droit international, et maintenant la destruction de la bande de Gaza et de sa population.

Selon ce rapport, Microsoft engage sa responsabilité juridique en n’empêchant pas l’usage nuisible de ses technologies et en ne mettant pas en place de mécanismes efficaces en ce sens. Le document pousse à responsabiliser le secteur privé, y compris ses dirigeants, alors que les dirigeants politiques et les gouvernements se dérobent à leurs obligations vis-à-vis du droit international.

Plus précisément, Microsoft est pointée aux côtés d’Alphabet (Google) et Amazon, pour fournir à l'Etat d'Israël un accès quasi gouvernemental à ses services cloud et à l’intelligence artificielle, notamment via des infrastructures comme le Project Nimbus et la plateforme Azure.

Microsoft, Alphabet et Amazon accordent à Israël un accès quasi-gouvernemental à leurs technologies de cloud et d'intelligence artificielle, améliorant ainsi les capacités de traitement des données, de prise de décision, de surveillance et d'analyse. [...] Leurs serveurs situés en Israël garantissent la souveraineté des données et une protection contre toute responsabilité, dans le cadre de contrats avantageux offrant un minimum de restrictions ou de surveillance. En juillet 2024, un colonel israélien a décrit la technologie du cloud comme une arme dans tous les sens du terme, citant ces entreprises.

De l'économie d'occupation à l'économie de génocide - Rapport de la Rapporteure spéciale sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, Francesca Albanese
[Traduction de la rédaction]

Des employés de Microsoft formant le collectif « No Azure for Apartheid » ont notamment été licenciés pour avoir organisé des veillées pacifiques ou avoir protesté contre l’implication de Microsoft dans le conflit. Le mouvement BDS (Boycott, Divestment and Sanctions), mouvement très actif dénonçant la colonisation israélienne, a également appelé au boycott de Microsoft, notamment de ses produits gaming et Xbox, avec certains studios cités comme Bethesda Softworks ou Activision Blizzard King, et des jeux listés en exemple tels que Minecraft, Call of Duty ou Candy Crush.

Et alors que certains employés ont mené des actions, la politisation en interne n’a pas été du goût de Microsoft qui a, comme le rapporte The Verge, bloqué les mots « Palestine » ou « Gaza » des emails de ses employés.

L’entreprise, de son côté, affirme ne pas savoir comment ses produits sont utilisés par ses clients et rappelle que ses politiques d’utilisation acceptable et son code de conduite doivent interdire les usages illégaux ou nuisibles. Elle assure qu’aucune preuve de violation de ces règles n’a été trouvée dans le cadre de ses liens avec l’armée israélienne, tout en reconnaissant lui vendre des services d’intelligence artificielle avancée et de cloud computing.

Source : https://www.ohchr.org/en/documents/country-reports/ahrc5923-economy-occupation-economy-genocide-report-special-rapporteur

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