Affaire Crytek vs. CIG : la réponse de Cloud Imperium Games

Le studio Cloud Imperium Games a-t-il utilisé indûment le CryEngine pour concevoir Squadron 42 parallèlement à Star Citizen ? CIG répond (vertement) à Crytek : le studio juge l'affaire infondée et réclame 500 000 dollars pour l'interruption des poursuites.

On le sait, depuis 2017, les studios Crytek et Cloud Imperium Games (CIG) s’opposent devant les tribunaux américains dans le cadre d’un différend portant sur la licence d’exploitation du CryEngine et son utilisation pour la conception de Star Citizen et Squadron 42.
On l’évoquait au début du mois, Crytek reproche notamment à CIG d’avoir acquis la licence de son moteur pour un unique jeu (Star Citizen) quand le développeur l’aurait utilisé pour en concevoir deux (Star Citizen et Squadron 42). Crytek y voit une violation de sa licence, CIG répond non seulement que les deux jeux appartiennent au même univers, mais qu’en outre, le CryEngine n’est aujourd’hui plus utilisé dans le développement de ses titres et aurait été abandonné au profit du moteur Lumberyard d’Amazon (étant lui-même une déclinaison mise à jour du CryEngine).

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Et on se souvient qu’au début du mois, Crytek annonçait son intention de renoncer temporairement aux poursuites, sans préjudice et pour mieux les relancer quand Squadron 42 serait lancé commercialement – les faits seraient alors constitués, justifiant l’action de Crytek devant les tribunaux. Et pour la bonne bouche, Crytek en profitait plus planter quelques banderilles dans le dos de son adversaire en laissant entendre que le jeu n’était pas près de sortir, quand bien même il a été préfinancé par les joueurs dans le cadre d’une campagne de financement participatif.

Suite à la requête de Crytek, Cloud Imperium Games était invité à répondre et le studio américain ne s’en prive pas, sur le même ton que son adversaire – à l’évidence, l’acte s’adresse autant aux joueurs qu’à la Cour.
Selon CIG (dans un argumentaire qui évite d’abord les arguties juridiques au profit d'une métaphore très imaginée), Crytek devrait être assimilé à un chauffard, qui roulerait pied au plancher vers la vitrine d’une boutique (celle de CIG), la percuterait de plein fouet avant de faire marche-arrière comme si de rien n’était, puis continuerait à rouler dans le quartier en attendant de réitérer l’opération.
En d’autres termes, Crytek utiliserait cette action en justice pour porter préjudice aux activités de CIG, demande aujourd’hui à la Cour d’interrompre l’action « sans préjudice » (c’est-à-dire sans frais), en attendant de pouvoir relancer ses poursuites ultérieurement.

S’il appartiendra aux juges de déterminer les motivations exactes de Crytek et de trancher le fond du litige (le moteur est-il utilisé ou non conformément à ses conditions d’utilisation ?), CIG s’attache ici à démontrer les intentions malveillantes de Crytek, qui tenterait de porter préjudice à ses activités du développeur, notamment en le dénigrant auprès des joueurs. En conséquence, Cloud Imperium Games se dit favorable à l’interruption de l’action (comme demandé par Crytek), mais « avec préjudice ». C’est-à-dire en infligeant des pénalités à Crytek, calculées sur la base du temps et de l’argent consacrés à un litige qu’il estime infondé – le litige dure depuis trois ans et CIG y aurait déjà englouti 900 000 dollars de frais de procédure et d’avocats.
On se souvient que voici quelques mois, CIG avait obtenu du juge que Crytek verse 500 000 dollars de caution, placés sous séquestre – CIG arguait que Crytek connait actuellement des difficultés financières et pourrait organiser son insolvabilité en cas de condamnation ; CIG réclamait donc une caution de deux millions de dollars, le juge avait accordé une caution de 500 000 dollars. Et aujourd’hui, CIG réclame le versement à son profit de ces 500 000 dollars en guise de « préjudice » pour clôturer l’affaire. Selon CIG, la somme lui permettrait de partiellement recouvrer les frais investis dans une affaire qu’il estime infondée, en plus de signifier qu’on ne mobilise pas impunément les tribunaux pendant trois ans, pour finalement demander l’abandon temporaire des poursuites pour des raisons fallacieuses.

Si la réponse de Cloud Imperium Games est évidemment très à charge contre son adversaire (le studio joue ses cartes), Crytek est maintenant invité à répondre à cette contrattaque avant le 7 février prochain. C’est seulement ensuite que le tribunal sera amené à se prononcer, pour accorder ou non l’abandon des poursuites et à quelles conditions (de façon temporaire ou définitive, avec ou sans préjudice).

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