Préserver le MMO Loftia même si le studio Qloud Games devait disparaitre

La plupart des joueurs en ligne l’ont déjà expérimenté : après s’être investis parfois des années dans un univers en ligne, avoir consacré du temps pour faire progresser un personnage et nouer des relations sociales au sein d’une communauté, il peut arriver que le jeu qui abritait cette activité ferme ses portes et que son exploitation cesse. Au travers de l’initiative Stop Killing Games, certains joueurs se mobilisent à la fois pour sensibiliser sur le sujet, et militent surtout pour que les exploitants de jeux en ligne aient une obligation légale de maintenir les jeux en ligne qu’ils ont commercialisé auprès des joueurs.

On ignore si le mouvement atteindra son objectif, mais indépendamment de toute obligation légale, certains studios se saisissent déjà du sujet et réfléchissent aux options qui permettraient de faire perdurer l’exploitation de leurs jeux, même s’il devait disparaitre. C’est le cas du studio indépendant Qloud Games, qui développe actuellement le Cozy MMO Loftia.

Dans une note publiée sur le blog officiel, l’équipe de développement se dit particulièrement sensibilisée au sujet notamment parce que plusieurs de ses membres ont déjà subi la fermeture de certains de leurs jeux – Chris Clay, le producteur exécutif de Loftia, a notamment travaillé sur Asheron’s Call et a par exemple contribué à la mise à disposition d’un émulateur du jeu suite à la fermeture de la version officielle.

Penser la conception d'un jeu au regard de sa pérennité

Et dans le cadre de Loftia, avant même que le jeu ne soit lancé, il entend faire en sorte d’assurer sa pérennité. Une volonté qui passe notamment par les choix de développement du studio. Selon le développeur, concevoir un MMORPG aujourd’hui est bien plus facile qu’il y a quelques années, notamment grâce aux nombreuses ressources mises à la disposition des studios – si bien que selon l’équipe de Loftia, concevoir un MMO aujourd’hui consiste davantage à agencer ensemble une multitude de services distribués par les géants du web qu’à réellement les développer. Le studio mentionne les fonctionnalités de l’Unreal Engine 5, les services web d’Amazon ou encore le système de chat Vivox, entre autres.

Concevoir un MMO est donc plus facile, mais les développeurs sont aussi davantage dépendants de ces services tiers et ne peuvent pas non plus les distribuer librement (en open source) si le studio de développement venait à disparaitre. Raison pour laquelle Loftia est conçu, autant que possible, pour que l’utilisation de ces différents services ne soit pas bloquante – par exemple, si le chat ou le système de hauts faits tombe en rade, la base du jeu continuera de fonctionner. Dans le même esprit, Loftia est développé pour qu’il soit facile d’héberger ses propres serveurs de jeu, le code est aussi abondamment documenté pour être facilement repris par d’autres développeurs. Qloud Games promet aussi de diffuser un « pack » contenant tous les outils nécessaires pour pouvoir relancer le jeu si le studio devait fermer. 

En d’autres termes, la survie d’un jeu au-delà de celle de son créateur est un enjeu qui doit être pris en considération dès la création du jeu. Et manifestement, les équipes de Loftia en sont conscients : c’est certes un surplus de travail et de réflexion, mais le développeur n’envisage pas de voir son jeu disparaitre et se donne donc les moyens de prévoir des modalités d’exploitation « post-shutdown ». Et c’est finalement cohérent avec la philosophie de Loftia : le MMO entend immerger les joueurs dans un monde « solarpunk », c’est-à-dire un monde qui a su (se) préparer (à) l’avenir de façon positive malgré des changements drastiques. En un mot comme en cent, dans tous les domaines, la « préparation » est la clef.