Des fourchettes salariales très disparates dans l'industrie américaine du jeu vidéo

Une nouvelle législation dans certains états américains impose d'indiquer la fourchette de rémunération de chaque poste dans les offres d'emploi. Elle révèle des différences de rémunérations importantes selon les studios de développement. 

La Californie, la ville de New York City et l’état de Washington adoptaient récemment des lois visant à imposer davantage de transparence salariale : depuis ce 1er janvier 2023, les entreprises basées dans ces états ont donc l’obligation de préciser, dans leurs offres d’emploi, les fourchettes de salaires qu’elles pratiquent. La mesure vise notamment à mieux informer les salariés et éventuelles recrues, afin notamment de garantir les mêmes rémunérations pour un poste équivalent, peu importe le sexe ou l’origine du postulant.

Evidemment, la mesure a ses limites – la loi n’impose de communiquer que des « fourchettes » salariales et certains studios affichent des fourchettes particulièrement larges ; la loi ne couvre pas les éventuels avantages accordés aux salariés, notamment en matière de couverture médicale, de congés ou de formation ; et la loi ne porte que sur l’information dans les offres d’emploi, pas sur les salaires effectivement pratiqués dans les entreprises. Pour autant, la nouvelle législation a néanmoins le mérite de poser une échelle de grandeur et évidemment, outre-Atlantique, la presse spécialisée s’est empressée de consulter les offres des principaux studios de développement de jeux vidéo – et d’en noter les différences de rémunération.

Des échelles de rémunérations très différentes selon les studios

Campus Blizzard

Et manifestement, il semblerait qu’Activision Blizzard affiche les rémunérations les plus chiches par rapport à la concurrence – les réseaux sociaux s’en émeuvent depuis quelques jours.

À titre d’exemple, les offres d'emplois récentes d’Activision Blizzard affichent des fourchettes de rémunérations allant 11,42$ à 21,20$ de l’heure pour un testeur (c’est-à-dire au mieux 23,753$ par an, à raison de 40h de travail hebdomadaire pendant 52 semaines) ou encore de 14,19$ à 26,22$ pour un analyste en assurance qualité dans son studio Sledgehammer (soit 29 515$ par an) et entre 16,62$ et 30,77$ de l'heure pour le même poste chez Blizzard dans l'équipe d'Overwatch 2 (au mieux 34 569$ par an). Le directeur de test que Blizzard recrute actuellement pour encadrer les tests de Diablo IV sera rémunéré annuellement entre 49 600$ et 91 760$. 
On est loin des rémunérations pratiquées chez LightSpeed LA (le studio américain de Tencent) qui propose entre 67 100$ et 134 200$ par an à un testeur associé (présenté comme un poste au bas de l’échelle hiérarchique). Pour des postes à responsabilités un brin plus élevées, Bungie rémunère son futur responsable de test entre 86 000 et 108 000 dollars par an et Riot Games offre entre 98 000$ et 133 000$ pour un poste équivalent. Et à titre indicatif, le directeur du département assurance qualité d’Epic est recruté à un salaire compris entre 144 500$ et 237 200$ par an.

Mais conforme à leur réputation

Ces différences salariales ne sont sans doute pas totalement une surprise pour qui s’intéresse un peu à l’industrie du jeu. Blizzard a longtemps eu la réputation de payer peu ses salariés, davantage attirés par la renommée du studio que par ses niveaux de rémunérations (avoir travaillé chez Blizzard a longtemps été un sésame sur un CV pour booster sa carrière). À l’inverse, Riot avait la réputation de payer plutôt mieux que ses concurrents et de mener une politique de débauchage très agressive au sein de l’industrie. 

Pour autant et au-delà des réputations, ces données factuelles de rémunérations offrent sans doute un éclairage supplémentaire à la vague de syndicalisation qui touche les studios du groupe Activision Blizzard : si les salariés du groupe éprouvent le besoin de mieux défendre leurs droits, c’est aussi parce qu’ils sont manifestement moins bien payés qu’ailleurs.

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