Après 30 ans, EA s'émancipe de la FIFA et la FIFA contre-attaque

Si la licence FIFA est très lucrative depuis 30 ans, Electronic Arts y renonce pour produire ses propres jeux de foot hors licence, alors que la Fédération internationale de foot promet de produire de nouveaux FIFA. 

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Depuis 1993, la série des FIFA est évidemment indissociable d’Electronic Arts et d'EA Sport : chaque année, l’éditeur sort une nouvelle version de son jeu de football et chaque année, les amateurs de ballon rond répondent présents. En quasiment trente ans, les différents opus de la licence se sont écoulés à plus 325 millions d’exemplaires (dixit EA début 2021), pour un chiffre d’affaires évalué à 20 milliards de dollars et une base de 150 millions de joueurs.
Une affaire lucrative donc, mais qui ne satisfaisait manifestement pas totalement les parties prenantes : en octobre dernier, des rumeurs laissaient entendre que la Fédération internationale de football amateur (la Fifa) souhaitait renégocier son contrat avec EA afin d’augmenter le cout d’utilisation de la licence (évalué entre 150 et 250 millions de dollars par an), alors que de son côté, EA se plaignait d’être trop bridé par la Fifa dans le conception de ses jeux.

En conséquence, Electronic Arts annonçait hier soir en marge de la présentation de ses comptes trimestriels renommer sa licence de jeux de foot : l’automne prochain, FIFA 23 sera le dernier de la série et les suivants seront baptisé EA Sports FC. Par voie de communiqué, EA précise avoir les droits d’une multitude de ligues et de fédérations de foot susceptibles d’être utilisés dans ses prochains titres (pour un total de plus de 19 000 joueurs évoluant dans les différents clubs de la planète). Et l’éditeur entend ainsi focaliser ses prochains jeux de foot autour de compétitions plus locales, susceptibles d’intéresser davantage les supporters de foot (qu’EA entend placer au cœur de sa nouvelle licence), tout en promettant « davantage de fonctionnalités, de modes de jeu, de contenu sur la Coupe monde, de clubs, de ligues, de compétitions et de joueurs que n’importe quel autre titre FIFA ».

Evidemment, la Fifa n’entend pas renoncer à sa manne vidéo ludique et par voie de communiqué, le président de la Fédération internationale de foot Gianni Infantino répond à l’éditeur de jeu vidéo. La Fifa est d’ores et déjà en discussion avec de plusieurs autres éditeurs afin de conclure des accords non exclusifs qui permettront de produire une multitude de nouveaux jeux de foot placés sous la houlette de la Fifa. Les premiers projets en cours ne seraient pas des simulations de foot, et seraient conçus spécifiquement pour la Coupe du monde 2022 qui se tiendra au Qatar en fin d’année, puis pour la Coupe du Monde Féminine de la FIFA l’année prochaine en Nouvelle-Zélande.
Et Gianni Infantino d’assurer que « les prochains FIFA 24, FIFA 25, FIFA 26 et les suivants (...) seront les meilleurs » et que « le seul jeu authentique, réel, qui porte le nom de la FIFA sera le meilleur disponible pour les joueurs et les fans de football ».

On sera curieux de découvrir les prochains jeux de foot d’EA et ceux de la Fifa, leurs qualités respectives et leur niveau de ventes (permettant d’évaluer le poids de la marque). D’ici là, les tensions entre éditeurs de jeux sportifs et fédérations sportives pourraient croitre à l’avenir : le sport traditionnel séduit un public vieillissant quand le renouvellement pourrait venir du sport électronique ; les fédérations n’entendent pas abandonner leurs licences quand les éditeurs de jeux vidéo se perçoivent comme l’avenir. Au regard des sommes en jeu, les uns et les autres défendront sans doute farouchement leurs intérêts et la façon dont les joueurs s’approprieront les prochains EA Sports FC et les prochains FIFA sera sans doute révélatrice du rapport de force à venir entre éditeurs et fédérations.

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