Ces jeux en ligne et MMORPG qui ne sont plus distribués en Russie
En marge du conflit russo-ukrainien, la Russie fait l'objet de sanctions économiques et l'industrie du jeu cesse progressivement ses activités sur le territoire russe. Nombre de studios de jeux en ligne et de MMORPG sont du lot, suscitant des réactions diverses chez les joueurs russes.
Depuis deux semaines, l’Ukraine fait l’objet d’une tentative d’invasion de la part des forces russes et le conflit suscite des réactions multiples partout à travers le monde. On se souvient que dans ce contexte, l’industrie du jeu se mobilisait rapidement pour lever des fonds en faveur des victimes.
On le sait, à défaut de s’impliquer directement sur un plan militaire dans ce conflit, la communauté internationale inflige aujourd’hui des sanctions économiques à la Russie afin de limiter les ressources que le pays peut consacrer à son conflit armé. De nombreuses entreprises annoncent ainsi leur retrait de Russie le temps du conflit et là aussi, aussi dérisoire que puissent être ces actions au regard du contexte militaire actuel, nombre d’acteurs de l’industrie du jeu cessent aussi progressivement leurs activités sur le territoire russe – à la fois pour des raisons d’image mais aussi parce que les transactions financières avec certaines banques russes (incluant les paiements en ligne) sont maintenant bloquées.
En vrac et de façon non exhaustive, Microsoft, Sony puis Nintendo ont par exemple cessé de distribuer leurs consoles et leurs jeux en Russie et en Biélorussie. De même pour nombre d’éditeurs qui ne vendent plus leur production sur les territoires russes, d’abord sous l’impulsion de CD Projekt puis rejoint depuis par Electronic Arts et Activision Blizzard, suivis de Take-Two ou d’Ubisoft, mais aussi d'Epic Games et Valve qui bloquent la plupart des paiements depuis la Russie sur l’Epic Game Store et Steam. Nombre de joueurs russes ne peuvent plus directement acheter de jeux. Dans le même esprit, Twitch a averti les streamers russes qu'ils ne pourraient plus se faire payer leurs prestations via la plateforme.
Jeux en ligne et MMORPG bloqués
Les exploitants de jeux en ligne suivent aussi le mouvement : s’il est toujours possible de se connecter aux serveurs de jeux en ligne et de MMORPG depuis la Russie (pour l’instant), la plupart d'entre eux n’accueille plus de nouveaux joueurs russes (il est impossible de créer de nouveaux comptes depuis la Russie) et il n’est plus possible de payer d’abonnements ou de dépenser dans les boutiques de jeux en ligne.
La monétisation des jeux de Blizzard est ainsi totalement bloquée dans les pays de la Fédération de Russie et plusieurs pays de l’est qui utilisent au moins partiellement le rouble comme monnaie – avec des effets de bord surprenants puisque l'Ukraine est aussi touchée par la mesure, ainsi que le Kazakhstan, la Géorgie, la Moldavie, l'Ouzbékistan, le Kirghizistan, l'Azerbaïdjan, la Mongolie, l'Arménie, le Tadjikistan et le Turkménistan. Pour y remédier, Blizzard a offert aux joueurs concernés un mois d’abonnement gratuit à World of Warcraft et par courrier, le studio indique être en quête de solutions alternatives de paiements pour l’avenir.
Parallèlement, Bungie a aussi bloqué les ventes de Destiny 2 en Russie et en Biélorussie (le jeu de base distribué gratuitement reste accessible, mais l’accès à la boutique et aux contenus premium est bloqué). Idem pour Bethesda qui a aussi bloqué l’intégralité des paiements issus de Russie pour les joueurs de The Elder Scrolls Online, tout comme Square Enix avec Final Fantasy XIV.
Amazon va plus loin en stoppant totalement la commercialisation de New World en Russie et en bloquant l’accès des internautes russes aux programmes vidéo d’Amazon Prime (Netflix et Disney+ ont fait de même, voire ont expurgé leur catalogue de certaines productions russes ou évoquant la Russie). Amazon n’accepte plus non plus de nouveaux clients russes pour ses services en ligne AWS et la boutique en ligne ne livre plus en Russie. À noter que Lost Ark, exploité en Occident par Amazon, reste disponible normalement en Russie puisque le MMORPG de SmileGate y est distribué par le groupe russe My.Games – qui exploite aussi Allods Online ou Skyforge en Russie.
On comprend que si la plupart des jeux en ligne ne sont pas directement bloqués en Russie, l'impossibilité de s'acquitter d'un abonnement ou d'acheter du contenu obèrera tôt ou tard la possibilité d'accéder à l'intégralité des jeux.
Des réactions contrastées chez les joueurs russes
Quid des conséquences de ces mesures chez les joueurs russes ? Sur les plateformes locales, les joueurs russes se montrent tantôt dépités, tantôt revendicatifs. Manifestement, nombreux sont ceux à s’attendre à ce que les serveurs russes des jeux occidentaux soient prochainement fermés (les privant des jeux eux-mêmes et non plus seulement des moyens de paiements). Plusieurs soulignent aussi l’hostilité des joueurs occidentaux à leur égard : notamment sur les plateformes américaines, certains joueurs réclament l’exclusion des joueurs russes des serveurs de jeu qui leur sont encore accessibles.
D’autres se montrent bien plus revendicatifs pour dénoncer les pratiques des groupes occidentaux qui appliquent les sanctions contre la Russie. Certains affirment n’avoir plus aucun intérêt pour les jeux bloqués, alors que d’autres partagent des solutions plus ou moins efficaces pour contourner les sanctions ou les jeux qui ne font pas (encore) l'objet de blocages (comme Black Desert Online). D'autres encore se disent persuadés que tôt ou tard, ces exploitants occidentaux reviendront sur le marché russe (évalué à 3,4 milliards de dollars l’année dernière), mais qu’alors, ils ne réabonneront pas et pirateront les jeux, films ou séries des plateformes concernées – d'autant que le ministère du développement économique russe aurait déposé une proposition de loi dépénalisant le piratage des contenus issus des sociétés ayant cessé leurs activités en Russie (le piratage serait alors toujours officiellement illégal, mais non sanctionné). D’autres encore disent aussi soutenir les menaces du Kremlin qui laissent entendre que les activités qui ne sont plus assurées par les groupes occidentaux en Russie seront accaparées par les autorités russes afin de les redistribuer à des opérateurs locaux – il ne s’agit là que de menaces, dont la mise en œuvre concrète parait bien difficile à appréhender.
Les mesures de boycotts et de blocages économiques ont déjà fait la démonstration de leur efficacité dans l’histoire – par exemple pour mettre fin au régime de l’apartheid en Afrique du Sud, accéléré par les départs de plus en plus nombreux de groupes internationaux du sol sud-africain. Reste à déterminer si dans le cas présent, les sanctions économiques infligées à la Russie seront de nature à obérer les capacités militaires du pays et à inciter les Russes à se mobiliser contre les choix de son dirigeant.
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