Jamais l'industrie du jeu n'a été aussi « concentrée »

En 2018, l'industrie du jeu a enregistré un niveau d'investissements record (plus du double de 2017). Il en résulte une concentration accrue : les 10 plus gros studios génèrent trois-quarts du chiffre d'affaires mondiale de l'industrie du jeu.

Si pour la plupart, le jeu relève évidemment du divertissement ; tout aussi évidemment, le jeu est également une industrie, avec ses enjeux économiques et financiers dominés par quelques grands acteurs. Et si l’on en croit le dernier rapport en date de Digi-Capital, cette concentration de l’industrie du jeu s'impose de plus en plus comme une réalité.

Une année 2018 record

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Selon le cabinet suisse, l’industrie du jeu aurait levé plus de 5,7 milliards de dollars en 2018, soit plus du double que les investissements enregistrés en 2017, qui était déjà une année record. Et le chiffre n’est pas totalement étonnant quand on rappelle que l’année dernière, Epic Games a levé la bagatelle de 1,25 milliards de dollars pour poursuivre ses activités – présenté comme l’investissement le plus important de l’histoire du jeu vidéo (hors capitalisation boursière, où Netmarble détient encore le record).
À la suite d’Epic, 2018 a notamment été marquée par les investissements de Tencent dans les studios chinois Douyu (630 millions de dollars), Shanda Games (474 millions) et Huya (462 millions), auxquels s’ajoute la levée de fonds de l’éditeur mobile parisien Voodoo, à hauteur de 200 millions de dollars auprès de Goldman Sachs. Et toujours selon Digi-Capital, onze autres sociétés ont levé plus de 100 millions de dollars en 2018. Sans grande surprise, les investisseurs sont prioritairement attirés par le jeu mobile, suivi par les studios spécialisés dans le développement technologique (le jeu en streaming, ou la réalité virtuelle et augmentée), dans les MMO et le MOBA, ou encore dans l’e-sport (par ordre décroissant).
Et la tendance est la même en matière de fusions et acquisitions : plus de 22 milliards se sont échangés en 2018 pour racheter (ou tenter de racheter) des groupes issus de l’industrie du jeu.

Et une concentration accrue

Mais au-delà de la valse des chiffres, on en retient peut-être davantage les conséquences de ces investissements : jamais l’industrie du jeu n’a été autant concentrée qu’actuellement.
Aujourd’hui, les dix principaux studios de l’industrie mondiale du jeu génèrent les trois-quarts du chiffre d’affaires de cette même industrie et pèse pour les quatre-cinquièmes de sa valorisation mondiale. En d’autres termes, une très large majorité de l’industrie du jeu est aujourd’hui dominée par une dizaine de grands acteurs, laissant le(s) reste(s) à de petits studios (indépendants) et conduisant progressivement à une disparition des studios de taille intermédiaire (rachetés par de grands groupes et fusionnés à leurs activités).
Et on en perçoit aisément les conséquences : certes une puissance économique et une solidité accrues de ces grands groupes du fait de leur poids financier, mais aussi une homogénéisation croissante de la production vidéo ludique (ces quelques grands acteurs exploitent leurs quelques grandes licences, laissant peu de place à la diversité).
Digi-Capital souligne néanmoins que traditionnellement, l’industrie du jeu fonctionne par cycle (une année active, suivie de deux plus calmes). On sera donc curieux d’étudier les tendances de 2019... après déjà des années 2017 et 2018 particulièrement denses sur un plan économique.

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