Quel avenir pour le financement participatif (crowdfunding) ?

Le financement participatif connait une forte croissance, notamment dans l'industrie du jeu (l'un des principaux moteurs de ce modèle économique), alors qu'on promet des « rémunérations » de plus en plus variées aux « investisseurs ».

Depuis maintenant plusieurs mois, les joueurs ont appris à découvrir Kickstarter, cette plateforme de financements participatifs qui invite une masse d'internautes à soutenir un projet financièrement dans le but qu'il se concrétise (c'est sur la base de ce modèle que des jeux comme Star Citizen ou Shroud of the Avatar ont réuni leur coût de développement en s'affranchissant des éditeurs traditionnels).
Mais le financement participatif ne se limite évidemment pas à KickStarter. De plus en plus de plateformes spécialisées investissent le secteur et le nombre de projets financés par des particuliers augmente tout autant. C'est du moins ce que tend à démontrer la dernière étude en date de l'institut Massolution - et même si le groupe prêche évidemment pour sa paroisse (Massolution est notamment spécialisé dans le crowdfunding), l'étude évoque des pistes qui interrogent sur l'avenir de ce mode de financement.

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Selon le cabinet et après étude de l'activité de 308 plateformes spécialisées dans le financement participatif, en 2012, un million de campagnes auraient menées avec succès, levant 2,67 milliards de dollars (encore très majoritairement en Occident) et la tendance irait croissante (le cabinet estime que 5,1 milliards de dollars devraient être collectés en 2013, dont 72% sur le continent nord-américain). Mais au-delà des chiffres et des projections, Massolution distingue surtout les différents types de campagnes et notamment les promesses faites aux investisseurs.

Aujourd'hui, la plupart des campagnes de levées de fonds enregistrées (650 000) continuent de prendre la forme de donations. Et on le comprend aisément, la pratique est courante aux Etats-Unis (territoire où le financement participatif est encore le plus actif) et notamment dans le cadre de causes humanitaires (très largement financées par des acteurs privés outre-Atlantique). Toujours aux Etats-Unis, les prêts participatifs (une masse d'investisseurs est sollicitée, puis remboursée quand le projet est mené à bien) s'avèrent aussi particulièrement populaires (on en a dénombré plus de 250 000 l'année dernière), notamment sur le continent nord-américain où l'esprit d'entreprise est valorisé.
Mais parmi les nouveaux secteurs de croissance du financement participatif, on retrouve notamment l'industrie du jeu vidéo (notamment sur KickStarter où 83 millions de dollars ont été récoltés l'année dernière pour réaliser des jeux). Ici, les joueurs ont appris à connaitre les campagnes basés sur des récompenses : en échange de fonds pour concrétiser un projet, les investisseurs (joueurs) ont la promesse d'obtenir une copie du jeu, des goodies plus ou moins exclusifs, etc. Et selon Massolution, le modèle connait une croissance forte dans le secteur parce que l'industrie du jeu s'y prête particulièrement : par définition, les campagnes ont une vocation très sociale et les publics cibles sont déjà utilisateurs de réseaux sociaux et adeptes des nouvelles technologies, sont déjà habitués à dépenser en ligne, sont généralement passionnés et prêts à s'investir alors que les développeurs se montrent prêts à les associer aux processus de développement de produits financés. Autant de critères expliquant que le jeu est aujourd'hui l'un des principaux moteurs de croissances du financement participatif.
Dans le lot, Massolution identifie aussi un autre vecteur de croissance : l'equity based crowndfunding, ce mode de financement qui sollicite le plus grand nombre mais rémunère les investisseurs au travers d'une participation au sein de l'entreprise financée. Quelque 116 millions de dollars ont été levés l'année dernière sur cette promesse et le chiffre devrait atteindre 166 millions en 2013. Une tendance qui fait dire à Carl Esposti, CEO de Massolution, qu'on assiste ici à une « révolution financière ».

Chacun jugera du bien-fondé (ou non) de la tendance et des risques qu'elle porte intrinsèquement pour les « petits investisseurs », mais on constate manifestement une évolution des modèles de financement au moins dans l'industrie du jeu. Et alors que tous les créateurs qui sollicitent les joueurs leur promettent un droit de regard sur le processus et l'orientation du développement, il pourrait sembler cohérent de transcrire juridiquement cette promesse au travers de prises de participations effectives au sein des studios. Rendez-vous dans quelques années pour déterminer sur les hardcore gamers de demains seront aussi les plus gros actionnaires de l'industrie vidéo ludique.

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