Le Japon ne s'opposera pas à l'acquisition d'Activision Blizzard par Microsoft

L’Autorité de la concurrence japonaise ne s'opposera pas à l'acquisition d'Activision Blizzard par Microsoft, la part de marché de la Xbox au Japon étant réduite à portion congrue – à tel point que le Congrès américain s'interroge sur les pratiques de Sony.

Drapeau japonais

Début 2022, Microsoft initiait un processus d’acquisition d’Activision Blizzard pour la coquette somme d’un peu moins de 70 milliards de dollars. La fusion des deux géants du jeu vidéo peut-elle engendrer un mastodonte à même de déséquilibrer l’industrie vidéo ludique ? Les autorités anti-trust de plusieurs pays étudient la question depuis maintenant plusieurs mois et l’Autorité de la concurrence japonaise (la JFTC) vient de trancher : elle ne s’opposera pas à l’opération.

Dans un bref communiqué, la JFTC indique estimer que la fusion de Microsoft et d’Activision Blizzard n’aura pas de conséquence significative sur le marché vidéo ludique japonais. En conséquence, elle n’estime pas nécessaire de s’y opposer.

Et la décision n’est sans doute pas tout à fait une surprise : les parts de marché de Microsoft au Japon sont réduites à portion congrue. Selon Brad Smith (l’un des patrons de Microsoft dans le cadre d’une conférence de presse organisée le mois dernier), Sony et sa PlayStation détiendraient environ 96% des parts du marché du jeu vidéo au Japon, contre 4% pour Microsoft et sa Xbox – omettant donc d’y intégrer Nintendo qui domine le marché japonais du jeu vidéo avec la Switch, mais sur un segment un tantinet différent de celui de la PlayStation et de la Xbox.

Sony dans le collimateur du Congrès américain

Parallèlement, la FTC japonaise n’est pas la seule à constater la domination de Sony au Japon. Plusieurs élus à la fois démocrates et républicains du Congrès américain font le même constat, et viennent d’adresser une lettre (rapportée par Axios) à l’administration Biden visant à « attirer l’attention sur le déséquilibre du marché du jeu vidéo japonais, qui pourrait être le fruit de pratiques commerciales anti-concurrentielles susceptibles de violer l’esprit du U.S.-Japan Digital Trade Agreement » (un accord commercial passé entre le Japon et les Etats-Unis qui doit notamment garantir « un traitement non discriminatoire sur les produits numériques » échangés entre les deux pays).

Toujours selon les membres du Congrès, la PlayStation de Sony bénéficierait d’une position dominante grâce aux accords d’exclusivités signés par Sony portant sur des blockbusters vidéo ludiques japonais, de sorte que ces jeux ne soient pas disponibles sur Xbox. Selon les parlementaires, ces accords d’exclusivités seraient de nature à « violer les lois anti-trust japonaises », et le fait que le gouvernement japonais n’engage pas de poursuites contre Sony « apparait comme une barrière sérieuse aux exportations américaines, engendrant des conséquences réelles pour Microsoft et de nombreux développeurs et éditeurs de jeux américains qui vendent leur production mondialement mais voient leur chiffre d’affaires au Japon réduit du fait de ces pratiques ».

On ignore encore les suites que l’administration Biden pourrait donner à l’affaire, mais à l’heure où Sony mène un lobbying actif pour contrecarrer l’acquisition d’Activision Blizzard par Microsoft, le groupe américain estime « les tactiques anti-concurrentielles de Sony méritent d’être examinées » et qu’une « enquête complémentaire » serait « bienvenue ».

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