Le dessous des cartes : HearthStone victime de rumeurs malveillantes en Chine ?

HearthStone est jouable en bêta (semi) publique en Chine, mais fait l'objet de rumeurs de fermeture pour raison juridique. Selon NetEase, les rumeurs seraient alimentées par des agences de Black PR, en vogue en Chine, commanditées par la concurrence.

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Pour l'industrie du jeu en ligne, la Chine est un territoire attractif (générant à lui seul la moitié du chiffre d'affaires mondial du jeu en ligne, forte de ses plus de 500 millions d'internautes). Pour autant, on sait aussi que ce même territoire chinois est compliqué à pénétrer : le protectionnisme politique y est très présent, tout comme la concurrence commerciale qui connait manifestement peu de limite. Dernier exemple insolite en date (rapporté par QQ Games) concernant HearthStone, le jeu de cartes à collectionner de Blizzard.
Comme en Occident, HearthStone est actuellement jouable en bêta-test en Chine (une bêta semi ouverte manifestement déjà très populaire) et déjà traduit en mandarin. Dans le cadre des tests, NetEase (l'exploitant local d'HearthStone) fermait récemment la boutique du jeu, officiellement le temps de l'optimiser. Pour autant, très rapidement, la rumeur se répand largement : les mécanismes d'acquisition de cartes liés à la boutique d'HearthStone seraient assimilés à un jeu de hasard (associé aux jeux d'argent interdits en Chine) et HearthStone serait donc condamné fermer ses portes en attendant une refonte.
La rumeur prend une telle ampleur que NetEase se sent obligé de réagir officiellement et dément le risque de fermeture. Le représentant de l'éditeur, Zhang Dong, rappelle que de nombreux jeux de cartes à collectionner sont déjà exploités légalement en Chine et qu'HearthStone a officiellement obtenu le visa du ministère de la culture chinois (obligatoire avant de lancer un jeu en ligne en Chine).

Mais alors que la rumeur persiste, NetEase va plus loin et s'interroge sur l'origine de la rumeur. Selon NetEase, elle serait orchestrée par la concurrence et des agences de « Black PR », de plus en plus actives en Chine (des agences de relations publiques spécialisées dans le marketing viral - se faisant donc passer pour des consommateurs vantant les mérites d'un produit - mais aussi dans le dénigrement malveillant de la concurrence).
Et le phénomène semble prendre une certaine ampleur en Chine. Selon TechinAsia, l'été dernier et après plusieurs mois d'investigation, les autorités chinoises arrêtaient 27 dirigeants de la « plus grande société de communication chinoise en ligne » (dixit le slogan de la société elle-même), affirmant travailler « avec les plus grands groupes de presse chinois ». En fait une société sans locaux fixes mais manifestement omniprésente en ligne et notamment sur les réseaux sociaux locaux (animant par exemple des centaines de comptes sur Sina Wiebo, le Twitter local, et comptant « plus de 220 millions d'abonnés ») et comptant sur l'appui de « salariés corrompus » de grands groupes de l'industrie du web chinois pour collecter des données et les exploiter. De quoi développer une multitude de relais visant à promouvoir ou dénigrer clients ou concurrents, évidemment contre espèces sonnantes et trébuchantes (Shui Jun Shi Wan, la société dans le collimateur des autorités chinoises, aurait généré un profit d'un million de RMB, environ 150 000 euros, en l'espace de quelques mois).

NetEase et HearthStone sont-ils effectivement la cible de telles sociétés de « Black PR » (on ignore le nom des éventuels commanditaires) ou Zhang Dong a-t-il trouvé là un bouc-émissaire efficace pour contrer des interrogations légitimes ? On l'ignore, mais au vu de l'écho de l'affaire dans les médias chinois, on prend au moins la mesure de l'engouement suscité par HearthStone aussi en Chine - et on imagine que les jeux de cartes à collectionner devraient rapidement se multiplier dans l'ex-Empire du Milieu.

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