Un « pic historique » (en trompe-l'œil) pour le marché du jeu vidéo en France en 2023

En 2023, l'industrie du jeu vidéo a enregistré un « pic historique » en France (+9,9% en un an). Un résultat qui s'explique néanmoins par un rattrapage à la suite de la crise sanitaire, qui augure une « normalisation » en 2024. 

Chaque année, le Syndicat des éditeurs de logiciels de loisir (le SELL) publie son Essentiel du jeu vidéo, longue étude qui rend compte de l’activité de l’industrie vidéo ludique française et l’édition 2024 qui vient de paraitre fait état d’un « pic historique » en 2023 dans l’Hexagone : en termes chiffrés, l’industrie française du jeu vidéo a enregistré un chiffre d’affaires annuels de 6,1 milliards, soit une progression de 9,9% par rapport à 2022, et qui permet au secteur du jeu vidéo français de renouer avec les résultats enregistrés pendant la crise sanitaire.

Une croissance portée par le rattrapage des ventes de consoles

Plus spécifiquement, cette croissance trouve manifestement son origine dans le dynamisme de « l’écosystème console », en progression de 24,1% en un an (3,15 milliards d’euros). Parallèlement, le marché mobile est aussi en croissance de 4,8% (1,48 milliards d’euros) quand le marché PC est en recul de 8,5% (1,43 milliards d’euros).

Chiffre d'affaires 2023 de l'industrie du jeu vidéo en France (SELL)

Au-delà du satisfecit des chiffres, James Rebours (le président du SELL) souligne néanmoins qu’il faut « savoir lire » cette croissance. En d’autres termes, elle s’explique principalement par l’engouement des joueurs français pour les consoles de salon. Elles ont longtemps été difficiles à trouver du fait des pénuries de composants. Les joueurs se sont manifestement rattrapés en 2023 et la croissance du secteur est principalement porté par le chiffre d’affaires du hardware, en progression de 72% en 2023 (et +18% pour les accessoires). 

Même phénomène en matière de jeux : de nombreux projets ont été retardés pendant la crise sanitaire et plusieurs très gros titres, très attendus ont été lancés l’année dernière, dopant d’autant les ventes – on peut penser au dernier Zelda: Tears of the Kingdom, au titres EA Sports ou à Hogwarts Legacy, ou encore à Diablo IV ou au dernier Call of Duty (pour les ventes sur PC). Les joueurs français ont ainsi dépensé 1,5 milliards d’euros dans l’achat de jeux complets (principalement dématérialisé), 1,98 milliards dans des DLC, auxquels s’ajoutent 161 millions dans les abonnements et autres offres de services.

Mais des résultats en trompe-l'œil

Pour autant, si le chiffre d’affaires est à la fête, on le sait, l’industrie du jeu vidéo connait une période « difficile en matière d’emplois », dixit James Rebours. Le secteur fait face actuellement des milliers de suppressions d’emplois dans le monde et, le patron du SELL s’attend donc à « une possible normalisation en 2024 » – les joueurs équipés de consoles n’en rachèteront pas d’autres avant la prochaine génération et les retards de sorties des mastodontes du jeu vidéo ont été rattrapés. Par ailleurs, les résultats exceptionnels de ces colosses vidéo ludiques masquent aussi les difficultés des titres plus modestes, qui ont subi de plein fouet leur concurrence, sur un marché de plus en plus encombré (le secteur n’a jamais enregistré tant de sorties qu’actuellement).

Si le jeu vidéo est traditionnellement un secteur qui profite plutôt des périodes de crise (quand on renonce aux sorties et qu’on reste davantage chez soi), on constate néanmoins déjà des coupes significatives chez les joueurs français, notamment dans les abonnements PlayStation Plus, Xbox Game Pass ou Nintendo Online (à hauteur de -46%). Gageons que les arbitrages financiers des joueurs pèseront dans les résultats de l’industrie du jeu en 2024.

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