Brian Birmingham quitte Blizzard en protestation contre le système d'évaluations de ses équipes

Après 17 ans passés chez Blizzard, Brian Birmingham quitte le studio, en protestation contre l'application du système de Stack Ranking consistant à infliger des évaluations négatives aux membres de son équipe. 

Brian Birmingham

L’actualité de ces derniers mois a mis en lumière la culture d’entreprise délétère manifestement en vigueur au sein d’au moins certains départements du studio Blizzard. Nouvel exemple de cette culture révélé aujourd’hui par Bloomberg : Brian Birmingham (ingénieur technique chez Blizzard depuis 2006 ayant travaillé sur nombre de jeux du studio) confirme son départ de Blizzard, en protestation contre les pratiques managériales que lui imposait sa direction.

Le Stack Ranking en question, jusqu'à la démission

Bloomberg se fait l’écho d’un email interne de Brian Birmingham (mais que l’intéressé dit ne pas avoir transmis au site d’information) faisant état de consignes de sa direction l’obligeant à noter ses subordonnés. Les évaluations professionnelles sont évidemment une pratique courante, mais au sein d'Activision Blizzard, l’ingénieur avait manifestement obligation d’infliger un certain quota d'évaluations négatives (à au moins 5% de ses subordonnés). En d'autres termes, des salariés efficaces doivent être sous évalués quand ils évoluent dans une équipe performante. On parle de système de Stack Ranking, déterminant notamment le niveau des primes des salariés, ainsi que les chances d'avancement ou risques de licenciements.

Selon les cadres de l’entreprise, la pratique aurait vocation à identifier les maillons faibles à faire progresser et à motiver les salariés, qui redoubleraient d’effort pour ne pas être parmi les plus mal notés. À l’inverse, Brian Birmingham était manifestement mal à l’aise avec ce système d’évaluations négatives et le jugeait surtout inefficace. C’est qu’il indiquait dans son mail : « ce type de pratiques encouragent la compétition entre les employés, le sabotage du travail des autres, la volonté de certains d’intégrer des équipes sous performantes pour apparaitre plus performant soi-même, et au final, érode la confiance et détruit la créativité ».
En conséquence, Brian Birmingham ne souhaitait pas appliquer cette politique d’évaluations négatives. L’ingénieur en fait part au service des ressources humaines, a évoqué son souhait de quitter l’entreprise si cette politique était maintenue (ou au contraire de rester si elle était abolie) et manifestement, le service de ressources humaines a pris acte de cette démission. Toujours dans son courrier, il indique : « si cette pratique peut être abandonnée, peut-être que mon Blizzard pourra être sauvé, et dans ces conditions, j’adorerais continuer à travailler ici ; si cette pratique ne peut pas être abandonnée, alors le Blizzard Entertainment où je veux travailler n’existe plus et dans ce cas, il faudra que je trouve un autre lieu où travailler ».

Une culture toxique instillée par Activision Blizzard

Sur les réseaux sociaux, Brian Birmingham indique qu’il n’avait pas l’intention de rendre l’affaire publique et précise ne pas être la source anonyme de Bloomberg ayant révélé l’affaire. Pour autant, maintenant que son acte est public, il apporte des précisions de contexte : selon Brian Birmingham, cette pratique d’évaluations négatives aurait été imposée par le siège d’Activision Blizzard (la maison-mère de Blizzard Entertainment) et réellement mise en pratique en 2021 – alors même que nombre de cadres de Blizzard Entertainment rechignaient manifestement à l’adopter. L’ingénieur indique avoir pensé que les révélations sur la culture d’entreprise délétère de groupe (en 2021 et 2022) aurait permis d’abolir cette pratique. Ce n’est manifestement pas le cas. Ne voulant pas « participer à une pratique qui laisse Activision Blizzard voler l’argent qui revient à des salariés méritants », il a donc décidé de quitter Blizzard.

Toujours sur les réseaux sociaux, Brian Birmingham précise néanmoins toujours jouer aux jeux de Blizzard (il n’appelle pas au boycotte), et indique avoir du respect pour ses anciens collègues.

À titre indicatif, Microsoft avait mis en place une politique d’évaluations similaires. À l’usage, la firme avait néanmoins constaté qu’elle encourageait surtout le sabotage de projets en interne entre salariés et la rétention d’informations de la part de salariés craignant de voir leur évaluation baisser. En 2013, Microsoft renonçait donc au Stack Ranking dans ses services, et indiquait dorénavant privilégier des méthodes d'évaluation plus qualitatives et moins subjectives. 

Réactions (60)

Afficher sur le forum