Jay Wilson : « Blizzard intégré au sein d'Activision, c'était un peu la grenouille dans la casserole d'eau bouillante »

Quelles ont été les conséquences de la fusion entre Activision et Blizzard ? Selon Jay Wilson, elles ont été très progressives mais très concrètes sur les choix de modèles économiques appliqués aux jeux de Blizzard. 

Campus Blizzard

Le studio Blizzard a beaucoup évolué au cours de son histoire (le studio a fait l’objet de plusieurs acquisitions, a été fusionné plusieurs fois avec d’autres développeurs), mais la plus significative et la plus lourde de conséquences est sans doute son intégration au groupe Activision en 2008 pour former Activision Blizzard. C’est du moins l’opinion de Jay Wilson qui intervenait récemment dans le cadre de la Retro Gaming Expo de Portland aux côtés de l’ingénieur du son Matt Uelmen et du producteur Matt Householder – dans le cadre d'une conférence ayant fait l'objet d'une captation, ci-dessous.

Dans le cadre de la conférence, ils étaient tous les trois invités à dresser une rétrospective de la licence Diablo (Jay Wilson a été l’un des principaux designers de Diablo 3), mais dans le cadre d’un jeu de questions / réponses avec le public, le trio a aussi été interrogé sur les conséquences du rapprochement entre Activision et Blizzard. Et selon Jay Wilson, « l’effet d’Activision sur Blizzard a été similaire à celui de la grenouille plongé dans la casserole d’eau bouillante » : « au départ, on ne ressent rien, puis plus tard les modèles économiques ont changé progressivement pour de plus en plus de produits, et ça va de plus en plus loin... les nouveaux projets qui devaient faire de plus en plus d’argent, avec une pression énorme pour produire plus ».
Jay Wilson donne l’exemple de Heroes of the Storm : « ils étaient matraqués pendant les réunions avec Activision, qui ne parlait que de résultats nets, de comment en tirer davantage... Au départ, Diablo 3 n’a pas trop été affecté parce que le modèle premium était très solidement ancré ».

Si Diablo 3 a conservé son modèle économique à base de boîtes de jeu, son « hôtel des ventes en argent réel » (finalement abandonné sous la pression des joueurs) reste dans les mémoires. Et selon Jay Wilson, avant son départ du studio, les équipes de Blizzard et d’Activision posaient déjà les bases de Diablo Immortal : « ils parlaient d’Immortal, qui n’avait pas encore été lancé à l’époque, mais c’était l’affaire d’Activision Blizzard et ils voulaient vraiment un Diablo free-to-play... mais pas moi ». À cette époque, Jay Wilson avait déjà tourné la page de la licence Diablo (suite à un burnout causé par le harcèlement des joueurs) et travaillait alors que le Project Titan qui deviendra Overwatch.

Toujours selon Jay Wilson, la pression d’Activision sur Blizzard a conduit de nombreux cadres historiques du studio à quitter Blizzard. Selon le designer, à l’époque, les équipes de Blizzard voyaient comme des « white hats », les « gentils de l’histoire qui ne monétisaient que ce qui était raisonnable de monétiser ». Il poursuit : « Activision a joué un rôle important sur tous ces modèles économiques et à mon avis, de nombreux cadres qui ont quitté le studio à ce moment-là l’ont fait parce qu’ils étaient frustrés avec tout ça ; et je ne pense pas qu’ils aient fait de meilleurs jeux pour autant ». Et de conclure : la vision initiale des équipes de Blizzard était « en contradiction directe avec les idées d’Activision ».

On ne refait pas l’histoire et Blizzard aurait peut-être suivi les tendances de l’industrie, avec ou sans Activision. Toujours est-il que Jay Wilson apporte un regard « de l’intérieur » sur les évolutions qu’on a pu constater ces dernières années chez Activision Blizzard. Le groupe Activision Blizzard devrait faire l'objet d'une nouvelle acquisition dans les mois à venir, cette fois par le groupe Microsoft. On sera sans doute curieux de découvrir, dans les années à venir, comment cette nouvelle maison-mère influencera le développeur et ses équipes. 

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