Sur fond de conflit social, Activision Blizzard titularise 1100 testeurs à plein-temps

Activision Blizzard offre des emplois à plein-temps à 1100 de ses testeurs précaires. L'offre survient néanmoins alors que les testeurs de la filiale Raven Software sont en grève et militent pour la création d'un syndicat de testeurs. 

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Parmi les nombreux métiers de l’industrie du jeu, les testeurs des départements d’assurance qualité (QA) sont rarement les mieux lotis : bien souvent, ces emplois sont précaires, les studios faisant appel à des intérimaires dans le cadre de missions ponctuelles (des tests intensifs pendant quelques semaines avant le lancement d’un jeu ou la sortie d’une mise à jour d’envergure, par exemple).
Par voie de communiqué, Activision Blizzard annonce néanmoins son intention de titulariser 1100 de ces testeurs intérimaires pour leur offrir un emploi à plein-temps au sein de ses effectifs à partir du 1er juillet prochain. Dès ce 17 avril, les testeurs du groupe profiteront en outre d'une augmentation de salaire (le salaire minimum revalorisé de 20 dollars mensuels), en plus des avantages sociaux accordés aux salariés du groupe.

Au-delà l’annonce, cette vague d’embauches s’inscrit néanmoins dans un contexte social tendu au sein du groupe. En décembre dernier, Activision Blizzard avait déjà offert des emplois à plein-temps à 500 de ses testeurs... mais en avait aussi licenciés une douzaine au sein de sa filiale Raven Software – un studio du groupe qui travaille notamment sur la licence Call of Duty. Des licenciements qui avaient suscité un certain émoi, à la fois du fait de l’inégalité de traitement entre les testeurs des différents studios du groupe et du peu de considération pour ceux de Raven (certains concernés avaient par exemple déménagé à leur frais dans le Wisconsin pour rejoindre le studio avant d’être remerciés).

Depuis, les testeurs de Raven Software sont en grève et organisent régulièrement des débrayages, et militent surtout pour la création d’un syndicat au sein d’Activision Blizzard. Or on le sait, les syndicats américains sont très puissants, très redoutés par les dirigeants de sociétés et ceux d’Activision Blizzard se montrent très hostiles à la syndicalisation de leurs salariés – le groupe a par exemple organisé une campagne visant à démontrer que les syndicats ne sont pas à l’avantage des salariés et a refusé de reconnaitre la création du syndicat créé par les salariés de Raven (qui fait donc l’objet d’une procédure devant le National Labor Relations Board).

Dans ce contexte, les testeurs de Raven sont exclus de l’offre de recrutement initiée par Activision Blizzard. D’après la Game Workers Alliance, les embauches viseraient donc à diviser les salariés et étouffer dans l’œuf le risque de la création d’un grand syndicat réunissant l’ensemble des testeurs d’Activision Blizzard. D’après les cadres d’Activision, les salariés de Raven sont exclus de l’opération pour des raisons juridiques : le groupe s’appuie sur une décision de justice de 1964 qui interdirait à une société de proposer des avantages sociaux à des salariés partie prenante à un conflit social en cours (assimilé au fait d’acheter la paix sociale à défaut de régler le conflit social). Le studio nie donc officiellement tout lien entre les embauches et la volonté de création du syndicat. 
Pour mémoire, Activision Blizzard est actuellement en cours de rachat par Microsoft, dont les cadres ont déjà indiqué qu’ils ne s’opposeraient pas à la création d’un syndicat au sein du (nouveau) groupe.

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