Bobby Kotick entend redorer l'image d'Activision Blizzard – et donne des gages personnels

Parallèlement aux poursuites judiciaires qui visent Activision Blizzard, le groupe entend aussi redorer son image. Le groupe initie cinq axes de réforme – et Bobby Kotick renonce à sa rémunération tant qu'elles ne seront pas concrétisées. 

On le sait, depuis juillet dernier, Activision Blizzard fait face à des accusations de harcèlements sexuels et de discriminations, dont le groupe doit répondre devant la justice californienne, mais aussi devant ses actionnaires (dans le cadre d’une action de groupe) et devant ses salariés (via leur syndicat), mais manifestement aussi devant l’opinion publique. À l’heure où les « jugements » sont aussi rendus sur les réseaux sociaux, l’image d’Activision Blizzard est écornée et Bobby Kotick (le patron d’Activision Blizzard) entend manifestement redorer cette image – et le fait savoir par voie de communiqué.

Bobby Kotick

Dans une lettre ouverte, Bobby Kotick réaffirme son intention de faire d’Activision Blizzard un modèle au sein de l’industrie du jeu en termes de conditions de travail : une société où chacun serait traité « avec respect et dignité » et où « la véritable excellence est issue de la diversité des points de vue, des expressions et des talents ».
Mais comment concrètement devenir ce modèle d’entreprise ? Bobby Kotick liste cinq axes ayant vocation à être mis en place au sein de son groupe.

  • D’abord une « tolérance zéro » à l’égard du harcèlement : tous les signalements donneront lieu à une enquête et les comportements jugés déplacés au sein de l’entreprise « à l’encontre de n’importe quelle catégorie d’individus légalement protégés » entraineront un licenciement immédiat, sans avertissement ;
  • Ensuite, le groupe entend augmenter la diversité de ses effectifs : Activision Blizzard compte actuellement 23% de salariées et le groupe voudrait augmenter ce chiffre à environ 50%, et entend investir 250 millions de dollars pour accélérer le processus ; et parallèlement Activision Blizzard compte déjà 30% de personnel issu de la diversité et là encore, 250 millions supplémentaires seront investis sur dix ans pour développer les « opportunités dans le secteur du jeu et des technologies à destination des minorités qui y sont sous-représentées » ;
  • Activision Blizzard met également un terme à son système d’arbitrage obligatoire dans les cas de plaintes pour harcèlement sexuel et discrimination. En d’autres termes, les salariés sont dorénavant libres d’aller en justice pour trancher un différend, si les intéressés ne souhaitent transiger ;
  • Le groupe milite aussi pour davantage de transparence dans l’égalité salariale : d’après Activision Blizzard, en 2020, les femmes étaient sensiblement mieux payées que les hommes à poste équivalent ; des bilans annuels sur le sujet seront publiés chaque année ;
  • Enfin, toutes ces initiatives feront l’objet d’évaluations régulières afin de vérifier leur mise en œuvre au sein du groupe dans le cadre de bilans trimestriels, et la qualité des conditions de travail sera aussi détaillée dans le bilan annuel adressé aux actionnaires du groupe.

Et comme pour donner un gage de son investissement, Bobby Kotick précise que tant que ces chantiers seront en cours, sa rémunération sera réduite au minimum légal en vigueur en Californie (soit une rémunération de 62 500 dollars par an) et qu’il renonce à l’ensemble de ces bonus, tant que le Conseil du groupe n’aura pas estimé que les objectifs listés ci-dessus sont atteints. À chacun ensuite de déterminer si les initiatives de Bobby Kotick sont de nature à restaurer l'image d'Activision Blizzard – en attendant que la justice californienne se prononce sur une base plus juridique, cette fois.

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