Krafton lève 2,8 milliards d'euros au terme d'une introduction en bourse chaotique

Krafton vient de procéder à son introduction en bourse et s'impose comme le premier groupe vidéo ludique en Corée du Sud (devant NCsoft). Pour autant, l'opération révèle aussi l'inquiétude des actionnaires et les craintes d'une survalorisation. 

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On l’évoquait récemment, de longue date, le groupe sud-coréen Krafton préparait son introduction en bourse en Corée du Sud (sur le KOSPI), et l’opération financière devait faire de Krafton l’un des groupes technologiques locaux parmi les mieux valorisés. L’introduction en bourse a eu lieu ce 10 août et si Krafton a levé l’équivalent de 2,87 milliards d’euros, c’est moins que prévu et le cours de l’action suscite des interrogations.

Pour mémoire, Krafton espérait lever 4 300 milliards de wons (de l’ordre 3,19 milliards d’euros), en émettant des actions vendues 498 000 won l’unité (un peu plus de 368€). Finalement, le groupe a dû de nouveau revoir ses prétentions à la baisse d’environ 10% et émettre ses actions à un prix de 448 500 wons (327€).
Mais surtout, en séance, l’action a rapidement plongé à 400 500 wons (292€), avant de remonter à 480 000 wons (350€), pour finalement se stabiliser en fin de séance à 454 000 wons, soit peu ou prou sa valeur d’émission. Et aujourd'hui, le cours est de nouveau à la baisse pour atteindre 406 000 wons (296€). Si l’opération est loin d’être un échec (Krafton s’impose maintenant comme le premier acteur de l’industrie du jeu en Corée avec une capitalisation boursière de 19,85 milliards, devançant ainsi NCsoft et sa capitalisation de « seulement » de 17,69 milliards), le cours de Krafton est volatile et l’action du groupe incite manifestement davantage à la spéculation qu’à la confiance des investisseurs.

Selon les analystes locaux, cette méfiance des investisseurs pourrait avoir plusieurs sources. D’abord le fait que Krafton ait misé sur une introduction en bourse massive (à hauteur de 40% de son capital) quand les groupes du secteur émettent généralement bien moins d’actions, rarement plus de 20%, afin de conserver un réel contrôle effectif de la gestion de leur société. Ensuite et à plus long terme, les performances financières de Krafton reposent largement sur le marché chinois (pour près de 60% de son chiffre d’affaires, via son partenaire local Tencent). Or les autorités chinoises multiplient les signes d’hostilité à l’égard du jeu en ligne (qualifié « d’opium spirituel » pour la jeunesse) et montrent des velléités de démanteler ses géants du numérique, parmi lesquels Tencent. Et Krafton pourrait en être une victime collatérale. Un double contexte qui suscite des interrogations pour l'avenir. 

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