Non informés des poursuites du DFEH, les actionnaires d'Activision Blizzard s'estiment trompés et initient une action de groupe

Depuis deux ans, le DFEH de Californie enquêtait sur les pratiques d'Activision Blizzard. Les actionnaires du groupe n'en ont pas été informés et ils s'estiment trompés. Ils initient donc une action de groupe contre le studio. 

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Le 22 juillet dernier, le Department of Fair Employment and Housing (DFEH) de Californie était à l’origine de poursuites engagées contre Activision Blizzard du fait des pratiques en vigueur au sein du groupe (le DFEH dénonce notamment des cas de harcèlements et discriminations). Dans la foulée de cette première affaire, Activision Blizzard va manifestement devoir faire face à une seconde action en justice, émanant cette fois d’une partie de ses actionnaires.

Certains des actionnaires d’Activision Blizzard estiment avoir été trompés et mal informés par le studio, et initient en conséquence une action de groupe. Plus concrètement, une société cotée en bourse a l’obligation légale d’informer ses actionnaires des événements de la vie de l’entreprise qui pourraient avoir des conséquences sur le cours de bourses – un rapport de gestion est publié au moins une fois par an.
Dans un souci de simplicité, ce rapport annuel peut faire l’impasse sur certaines informations. Les rapports d’Activision Blizzard précisent ainsi que les « réclamations, poursuites, enquêtes, audits et autres procédures courantes survenant dans le cours normal des affaires » n’ont pas à être détaillées dès lors qu’elles portent sur les « questions de travail et d'emploi » ou les « problématiques de conformité ». Et de préciser : « De l'avis de la direction, après consultation des conseillers juridiques, ces réclamations et poursuites de routine ne sont pas signifiantes et nous ne nous attendons pas à ce qu'elles aient un effet négatif important sur notre activité, notre situation financière, nos résultats d'exploitation ou nos liquidités ».

Sur la base de ces mentions, les actionnaires n’ont donc pas été informés de l’enquête de la DFEH. Or certains de ces actionnaires estiment néanmoins que cette enquête, longue de deux ans et qui débouche maintenant sur des poursuites, est particulièrement « signifiante » et qu’à ce titre, ils auraient donc dû être tenus informés – et on peut les comprendre, le groupe s’expose à une condamnation qui pourrait être assortie de lourds dommages et intérêt, fait face à une fronde de ses salariés et aux départs de plusieurs de ces cadres, et va manifestement devoir repenser ses méthodes de travail.

Selon les auteurs de l’action de groupe, le fait d’avoir « caché ces informations et trompé les actionnaires » a « gonflé artificiellement » le cours de bourse d’Activision Blizzard au cours des dernières années. En d’autres termes, les actionnaires estiment avoir acheté les titres d’Activision Blizzard a prix surévalué au regard de leur valeur réelle – alors que le cours de bourse est corrigé et s’oriente actuellement à la baisse (de l’ordre de -13% depuis les poursuites du DFEH).
En attendant que les tribunaux californiens se prononcent, on retiendra donc que le service juridique d’Activision Blizzard devra faire face aux deux affaires simultanément.

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Réactions (15)

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  • "Monsieur le Juge, on avait au préalable ajouté des personnages LGBT+ et des elfs Black Lives Matter pour la dernière extension de WoW, on ne peut pas dire que l'on cultive la culture sexiste et le white privilege dans cette entreprise...Ce ne sont pas des accusations recevables n'est-ce pas?"
    5/8/2021 à 12:56:46
  • C'est pas bon pour les affaires et pour l'image. On va avoir le droit à des retards supplémentaires pour les prochaines sorties.
    D'un autre côté pourquoi, l'état n'ouvre pas une enquête globalement sur l'ensemble des éditeurs de jeux au US. Afin d'être équitable et responsable. Si cette industrie qui souffre déjà de charge de travail importante sans garde fou. Au niveau des 'potentielles' dérives sexistes ou racistes, il serait bon de faire la lumière une bonne fois pour toute.
    5/8/2021 à 13:26:20
  • Les mêmes actionnaires qui se sont sucrés en bonus hallucinant pendant qu'ils avalisaient des centaines de licenciement sur les dernières années?

    ils font partie eux aussi du problème de management toxique du secteurs par leur propension à pressurer le citron sur le dos des employés mal payés, mal gérés et en situation de crunch afin de sortir des jeux en fonction des agendas financier, et non en fonction de la qualité finale du produit.

    Saboter le développement de War 3 Reforged sur ordre de Kotick ça leur posent pas de problème hein (surtout quand maintenant on apprends que 2 jeu mobile Warcraft sont prévus...), mettre en place les micro-transaction pour des produit pas/mal fini ça les dérange pas non plus.
    La thune tombe.

    Les pauvres petits actionnaire qui sont en train de perdre un peu d'argent... Qu'ils ne s'inquiètent donc pas : les actions finiront par remonté encore plus haut qu'avant toute ces affaires de harcèlements!

    En attendant, Activision augmente sont emprise sur Blizzard, virent des fusibles et continue d'embaucher des conseillés venant de l'administration Bush et anti-droits des salariés...
    5/8/2021 à 13:36:50
  • Oh ? Même Bobby craint pour sa place ? Sortir JAB ne leur aura pas suffit ?
    5/8/2021 à 15:33:20
  • oof
    5/8/2021 à 17:42:54
  • 5/8/2021 à 19:42:42 (modifié le 5/8/2021 à 19:42:42)
  • Arrêtez de parler des actionnaires comme d'une entité abstraite. Vous avez surement pour beaucoup des actions Activision via vos assurances vie ou vos fonds communs.
    N'importe qui peut ouvrir un PEA ou un CTO et acheter des actions Blizzard hein.
    5/8/2021 à 22:35:35
  • Des actionnaires qui auraient vendu leurs actions à un cours qui oscillait à l’époque entre 65$ et 80$ il y a 2 ans, avant la crise COVID, s’ils avaient eu connaissance de l’enquête (DFEH). Autrement dit, aujourd’hui, rien que sur le cours, ils sont gagnants. Ce qui est inquiétant, c’est que la totalité des actionnaires pourraient se retourner contre leur propre société vu que l’événement porte sur 2 ans. Alors, allons-y gaiement et détruisons cette société qui a fait son mea-culpa en s’engageant dans une politique anti-sexiste et un exemple de futur bien-être.
    Le plus navrant, c’est de voir ces cabinets d’avocats américains qui se précipitent pour tenter à tout prix de convaincre des actionnaires parfois mal informés. Le cours n’est pas artificiellement gonflé. Quelle tristesse.
    6/8/2021 à 11:45:38
  • Citation de monpi :
    C'est pas bon pour les affaires et pour l'image. On va avoir le droit à des retards supplémentaires pour les prochaines sorties.
    D'un autre côté pourquoi, l'état n'ouvre pas une enquête globalement sur l'ensemble des éditeurs de jeux au US. Afin d'être équitable et responsable. Si cette industrie qui souffre déjà de charge de travail importante sans garde fou. Au niveau des 'potentielles' dérives sexistes ou racistes, il serait bon de faire la lumière une bonne fois pour toute.
    Parce que les Etats Unis sont un gouvernement fédéral constitué de 50 Etats qui ont tous leurs propres tribunaux et constitutions, et que la justice fédérale intervient rarement sauf en cas de litige important concernant deux personnes situées dans deux Etats différents.
    Ce genre d'enquête est déjà immensément complexe à réaliser dans un état centralisé comme la France, alors aux US n'en parlons même pas.
    6/8/2021 à 13:20:42
  • Il serait intéressant de faire une enquête sur le cabinet d’avocats qui pousse les actionnaires à poursuivre leur propre société. Notamment, d’éventuelles relations avec des fonds vendeurs profitant d’une situation de faiblesse. Ce cabinet qui prétexte que le cours a perdu quelques pourcentages du fait de ce qui a été reproché à la société, alors même que peut-être certains actionnaires ont contribué par leurs ventes récentes à cette baisse (Peut-être même aussi aidés par des fonds vendeurs).
    Quoiqu’il en soit, si cette affaire avait été révélée il y a deux ans, le cours aurait aussi baissé pour atteindre certainement les 65$ pour in fine se redresser et atteindre les 90 ou 100$ aujourd’hui. L’orage n’est que temporaire, à moins qu’il ne soit déjà terminé.
    Heureusement que tous les actionnaires ne sont pas aussi naïfs pour se faire plumer par des cabinets cupides. Sinon, tous ces actionnaires auraient ruiné leur propre société.
    6/8/2021 à 14:51:31 (modifié le 6/8/2021 à 14:51:31)