« Ce sont les graphismes qui déterminent le gameplay »

On dit que les graphismes ne font pas l'intérêt d'un jeu vidéo. Pour Cevat Yerli (Crytek), ce sont pourtant les graphismes qui détermine le gameplay et la capacité d'immersion du joueur dans un univers.

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C'est une question récurrente en matière de jeu vidéo : quelle est la réelle importance des graphismes dans l'intérêt d'un jeu ? Le site x360 Magazine a posé la question à Cevat Yerli (à la tête de Crytek et donc à l'origine du CryEngine générant les graphismes de nombre de jeux depuis plusieurs années), qui affiche des idées très arrêtées sur la question.

« Les gens disent que les graphismes ne comptent pas, mais jouez à Crysis et dites mois qu'ils n'importent pas. Il en a toujours été ainsi, les graphismes déterminent le gameplay. Dans Crysis 3, c'est notamment lié à l'herbe et à la végétation, la gestion physique de l'herbe et son interaction, son ondulation dans le vent. Vous pouvez y lire quand l'IA d'un ennemi vous approche, simplement en observant le mouvement de l'herbe.
Les graphismes, qu'il s'agisse des éclairages et des ombres, vous plonge dans un certain contexte émotionnel et détermine l'immersion. Et l'immersion est réellement le principal aspect qui peut nous aider à vous plonger dans l'univers de jeu. Plus les graphismes sont bons, plus la gestion physique est bonne, meilleure est la conception sonore, les réalisations techniques et la direction artistique et plus les choses paraissent spectaculaires et stylisés, et vaut pour 60% de la valeur du jeu. »
Pong

Evidemment, Cevat Yerli prêche pour sa paroisse, a fortiori à l'heure où les nouvelles générations de consoles (toujours plus puissantes) et de moteurs graphiques (affichant des rendus toujours plus impressionnants) sont sur le point d'être commercialisés. Pour autant, son discours répond manifestement à une réalité pragmatique (la qualité graphique est un facteur de vente évident et si des graphismes de qualité ne suffisent pas à faire un bon jeu, des graphismes décevants peuvent s'avérer rédhibitoires et condamner un titre ayant de réelle qualité ludique).
Mais au-delà du constat, la problématique est sans doute symptomatique d'une tendance. La quasi-totalité des arts traditionnels (peinture, sculpture) ont d'abord visé des objectifs de réalisme pour évoluer ensuite vers l'abstrait afin de susciter une émotion chez le spectateur (l'art aujourd'hui ne se contente pas de « montrer », mais entend « rendre visible »). Le jeu vidéo suit une tendance inverse : les tous premiers jeux affichaient des graphismes très schématiques (les carrés blancs d'un Pong symbolisant une partie de tennis) et ambitionne aujourd'hui de devenir de plus en plus photoréaliste... mais sans forcément réellement s'interroger sur l'émotion suscitée chez le joueur.
Si les graphismes contribuent sans doute à l'immersion du joueur, sont-ils suffisants à susciter chez lui une émotion ou à faire travailler son imagination ?

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