Dix millions de dollars de réparation pour les (ex) salariées de Riot Games

Depuis plus d'un an, Riot fait face à des accusations de sexisme et discriminations à l'encontre de ses salariées. Le litige va manifestement se régler de façon amiable : le studio va faire évoluer ses pratiques et abonde un fond de 10 millions de dollars visant à réparer les préjudices subis. 

Longtemps, le studio Riot Games a eu la réputation d’être un studio où il faisait bon travailler (le studio se classait par exemple à la treizième place du Top 100 des meilleurs employeurs du magazine Fortune en 2015). En août de l’année dernière, Kotaku publiait néanmoins une enquête révélant une culture d’entreprise sexiste chez Riot à l’égard des salariées du studio.
Des allégations renforcées quelques mois plus tard, en novembre 2018, quand deux ex-salariées du studio engageaient des poursuites contre leur employeur, contestant leur licenciement qu’elles estimaient abusif. Elles dénonçaient surtout des pratiques discriminatoires (un non-respect du California Equal Pay Act, la loi californienne sur l’égalité salariale entre homme et femme) et des cas de harcèlements au sein du studio, donnant lieu à des « représailles » à l’encontre des salariées contestant ces pratiques, allant de « l’absence de promotion ou d’augmentation », à « des réaffectations assorties de responsabilités moindres, des pertes d’avantages, voire des suspensions et des licenciements ».

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En réaction, Riot promettait de prendre des mesures pour faire évoluer sa culture d’entreprise, en s’engageant à recruter davantage de femmes à des postes à responsabilité et à combler les écarts salariaux. Mais dans le même temps, le studio tentait manifestement d’imposer un « arbitrage forcé » aux salariées contestataires, afin d’éviter des poursuites (cette clause qui était de plus en plus souvent intégrée aux contrats de travail dans l’industrie américaine des nouvelles technologies, qui interdisait à un salarié d’engager des poursuites judiciaires contre son employeur – l’adoption récente d’une nouvelle législation interdit néanmoins aux entreprises d’imposer le recours à un arbitrage dans les contrats de travail qui seront signés à partir du 1er janvier 2020). En réaction, une partie des salariées de Riot se mettait en grève et au printemps, le différend était finalement entendu par les juridictions californiennes – prenant la forme d’une action collective dénonçant les écarts de salaires entre homme et femme.

Aujourd’hui, si l’on en croit le LA Times qui se fait l’écho des derniers développements de l’affaire, Riot et les plaignantes auraient trouvé un accord amiable : le studio abondera un fond de réparation à hauteur de 10 millions de dollars, qui seront répartis entre le millier de salariées du studio ayant été en poste entre novembre 2014 et la date de l’accord (les sommes individuelles seront calculées en fonction de l’ancienneté et des types de contrats). Parallèlement, le studio doit mettre également en place un programme devant faciliter les signalements des cas de harcèlement et de discrimination, incluant un examen plus attentif des pratiques salariales, de promotion et de recrutement, notamment via la nomination d’un groupe d’employés chargés d’examiner les progrès du studio en la matière.
Si l’accord doit encore être validé par les tribunaux californiens, le studio « se félicite d’avoir conclu un accord qui règle intégralement l’action collective » et y voit « une étape importante (...) qui démontre (son) engagement en faveur de valeurs qui font de Riot un environnement accueillant pour tous les meilleurs talents de l’industrie ». De quoi en (re)faire de Riot une entreprise où il fait bon travailler ?

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