PayPal veut définir sa ligne de conduite pour le financement participatif

Face à l'émergence du modèle crowdfunding ou financement participatif, le service de paiement en ligne PayPal cherche la position à adopter pour limiter sa prise de risque.

Le financement participatif, porté par les plateformes Kickstarter, IndieGoGo ou Ulule par exemple, est un phénomène relativement nouveau ayant permis de donner, le domaine du jeu vidéo mais pas seulement, une nouvelle impulsion à la créativité et aux indépendants. Le phénomène a déjà ses vedettes avec la console Ouya et ses plus de huit millions de dollars récoltés ou Star Citizen, le projet de simulation spatiale de Chris Roberts, lancé sur Kickstarter avant de récolter directement des fonds auprès des joueurs. En parallèle, de nombreux projets bien plus modestes ont pu se lancer grâce à ce modèle de financement. En se passant des éditeurs pour financer leurs projets, les développeurs se retrouvent face à face avec ses utilisateurs qu'ils vont tâcher d'impliquer dans le développement du titre - une nouveauté initiée notamment grâce ce modèle économique.

Mais le financement participatif pose également question et engendre déjà son lot de polémiques. Le cas de la console Ouya en est un bon exemple. La qualité finale du produit n'est pas forcément à la hauteur des attentes et le programme de financement d'exclusivités pour la console interpelle une partie des joueurs ayant financés le projet. Le financement participatif est ainsi basé sur la concrétisation d'une promesse. On finance un projet et non pas un produit fini. C'est la subtilité qui permet de laisser libre court à la créativité mais qui, tôt ou tard, doit nécessairement se confronter à la réalité. C'est le coeur du problème rencontré par PayPal, jouant l'intermédiaire entre les développeurs et les joueurs.

Sans même considérer les cas d'abus de confiance ou de potentielles arnaques qu'on croise parfois, le développement d'un jeu vidéo soulève suffisamment de difficultés pour ne pas toujours arriver à son terme ou au résultat final espéré. En dehors des attentes déçues, c'est aussi son argent qui s'envole, tout sauf virtuellement. Le premier réflexe pour beaucoup est alors de demander un remboursement, PayPal se retrouvant alors en première ligne. Le principe de PayPal étant de sécuriser les transactions, le service de paiement engage sa responsabilité dans un produit par définition non finalisé et non garanti. C'est la contradiction que PayPal ne veut pas assumer à l'heure actuelle.

Pour se prémunir de ce genre de situations, PayPal a alors pris l'initiative de bloquer une partie des sommes recueillies par certains projets tels que Yatagarusa Attack on Cataclysm, un jeu de combat signé par d'anciens de SNK. Bloquer la moité des fonds récoltés, dans l'optique de les rendre à la concrétisation du projet, était le moyen pour PayPal de s'assurer que le projet irait forcément à terme et avoir des fonds en cas de demandes de remboursement. Faille du plan, bloquer la moitié des fonds voulait aussi dire ne pas donner les moyens aux développeurs de financer le projet, sans compter la levée de bouclier des joueurs. Dans le cas de ce projet, PayPal est ainsi revenu sur sa position. Face à la mauvaise presse suite à plusieurs blocages similaires, le service de financement s'est fendu d'un communiqué sur son blog officiel, annonçant travailler sur une ligne de conduite à adopter quant au financement participatif, en conjuguant créativité et sécurité pour les projets (PayPal entend notamment examiner chaque projet au cas par cas pour en évaluer le risque et la fiabilité).

Même si l'on peut pointer du doigt l'attitude de PayPal qui a peut-être dépassé son rôle, la problématique relance aussi le débat de la place du financement participatif dans l'industrie du jeu vidéo. On peut laisser rêver les développeurs et les joueurs, mais à quel prix ?

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