La Commission d'enrichissement de la langue française adapte les anglicismes du jeu vidéo

Le monde du jeu vidéo compte de nombreux anglicismes plus ou moins abscons. Pour une meilleure compréhension des textes officiels, la Commission d'enrichissement de la langue française propose des équivalents francophones aux anglicismes du jeu vidéo.

Journal officiel

Pour des raisons multiples, le vocabulaire du jeu vidéo compte pléthore d’anglicismes, tantôt passés dans le langage courant des joueurs, tantôt restant un brin abscons – ainsi, les systèmes de « matchmaking » forment des équipes de « pro-gamers » dans des tournois « d’esport », sur des « games as a service » payants ou « free-to-play », intégrant des « season pass » quand bien même ils sont encore en « early access ».

Un vocabulaire qui parle à la plupart des joueurs, mais qui, selon le ministère de la culture dont dépend la Commission d’enrichissement de la langue française, peut néanmoins se révéler « une barrière pour la diffusion et la compréhension par les non-pratiquants ». Raison pour laquelle la Commission s’est attelée à trouver des équivalents en français aux termes anglophones qui pullulent dans le monde du jeu vidéo, en recommandant leur usage aux administrations dans la rédaction de leurs textes juridiques ou institutionnels – la liste complète est publiée au Journal officiel.

Ainsi, on ne dira plus pro-gamer mais « joueur ou joueuse professionnel(le) » ou e-sport mais « jeu vidéo de compétition », on remplacera avantageusement early access par « accès anticipé », free-to-play par « jeu en accès gratuit », pay-to-win par « payer pour gagner » ou social game par « jeu social en ligne ». Et certaines propositions se révèlent plutôt judicieuses, comme matchmaking remplacé par « appariement de joueurs ».

Comme souvent, certaines traductions sonnent néanmoins un peu moins bien à l’oreille : cloud gaming devient ainsi « jeu vidéo en nuage » et streamer, « joueur animateur ou joueuse animatrice en direct » ou encore retro gaming traduit « rétrojeu vidéo ».
Plus embêtant, certaines locutions anglophones semblent avoir été mal comprises par les membres de la Commission, comme game as a service (GaaS) qui est traduit « jeu vidéo à la demande », laissant penser qu’un « jeu service » n’est pas un titre dont le contenu évolue régulièrement au gré de son exploitation dans le temps, mais un jeu intégré à une offre commerciale à abonnement ou à l’usage. De même, si la traduction de season pass est correcte (passe saisonnier), la définition qu’en propose la Commission est plus discutable : « Droit d'accès à un jeu, à un ensemble de jeux ainsi qu'à leurs contenus téléchargeables additionnels, ouvert pour une durée prédéterminée de l'ordre de quelques mois ». La définition ne semble pas appréhender que seuls certains contenus d’un jeu puissent être débloqués via le « passe saisonnier », et semble plutôt faire référence à l’équivalent d’un « game pass ».

Gageons que les définitions et traductions de ces anglicismes s’affineront avec le temps, au gré de la démocratisation des pratiques vidéo ludiques. Reste à déterminer si les pratiquants (et non pratiquants) s’approprieront ces traductions des anglicismes du jeu vidéo, dans leurs échanges au quotidien.

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