Blizzard prend position contre les mesures anti-immigrations de Donald Trump

Voici quelques jours, l'administration Trump prenait un décret visant à bloquer l'immigration issue de certains pays vers les États-Unis. La mesure fait débat, l'industrie du jeu se mobilise et malgré la réserve habituelle de Blizzard, Mike Morhaime prend position.

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On le sait, tout juste quelques jours après sa prise de fonction à la présidence des Etats-Unis, Donald Trump signait un décret à effet immédiat et pour une période de 90 jours, visant à interdire l'entrée sur le territoire américain de tout ressortissant venant d'Iran, d'Iraq, de Lybie, de Somalie, du Soudan de Syrie ou du Yémen, et peu importe que les concernés aient ou non obtenu légalement un visa d'entrée aux Etats-Unis. Outre-Atlantique, la mesure fait évidemment débat au sein de la population (les uns soutenant la mise en application d'une mesure sécuritaire que le candidat Trump avait annoncée durant sa campagne, les autres dénonçant un acte arbitraire « anti-musulman » passant outre les procédures légales en vigueur aux Etats-Unis), jusqu'à toucher aussi l'industrie du jeu.
Depuis quelques jours, l'ESA, le syndicat des éditeurs de jeux vidéo aux Etats-Unis, dénonce une mesure susceptible de fragiliser l'industrie américaine du jeu (l'industrie vidéo ludique étant traditionnellement très cosmopolite, l'immigration est jugée « vitale » à son bon fonctionnement) ; les organisateurs de la GDC San Francisco, qui accueille chaque année des professionnels de jeu venant du monde entier, se disent « horrifiés » par les mesures prises ; et de plus en plus de studios américains expriment leur désapprobation de la mesure de l'administration Trump et surtout leur soutiens aux salariés concernés. Et aujourd'hui, Blizzard se joint au mouvement.
Ainsi, dans un e-mail adressé à ses salariés, mais néanmoins publié par VentureBeat, le président Mike Morhaime s'adresse aux salariés de Blizzard et les assure du soutien du groupe face à la mesure anti-immigration.

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Plusieurs d'entre vous sont venus me trouver à propos du récent décret visant à bannir les réfugiés et à bloquer l'accès au territoire américain aux citoyens d'Iran, d'Iraq, de Lybie, de Somalie, du Soudan, de Syrie et du Yémen. Je partage l'inquiétude que nombre d'entre vous et d'une partie de l'industrie a exprimé.

Le décret touche directement un petit nombre de nos salariés et leur famille, et les soutenir est une priorité pour nous. Nos équipes de juriste et des relations humaines sont en relation avec ceux concernés, pour les aiguiller et leur apporter toute l'assistance juridique dont ils pourraient avoir besoin. Si vous avez besoin de parler de ces problématiques, n'hésitez pas à prendre contact avec votre responsable RH. Nous suivrons la situation et au fur et à mesure de ses nouveaux développements, nous continuerons à mobiliser les ressources et le support nécessaires.

Le décret prend résolument le contre-pied des valeurs sur lesquelles notre société est fondée. Nous sommes, et serons toujours, une société qui milite pour l'intégration, la diversité et le fait de traiter autrui avec respect. Ce sont ces fondations qui font que notre société, mais aussi l'Amérique, est grande [en référence au slogan de campagne de Donald Trump, qui entend oeuvrer pour restaurer la grandeur de l'Amérique], et c'est la raison pour laquelle je suis si troublé par ces actions. Peu importe d'où vous venez et vos croyances religieuses, notre force se trouve dans la diversité.
Comme toujours, si vous avez la moindre question, n'hésitez pas à me contacter directement.
Mike.

Évidemment, au sein d'une industrie qu'on sait très majoritairement libérale, le propos peut prendre des allures de postures. Pour autant, la prise de position du président de Blizzard n'est peut-être pas si anodine qu'il y parait de prime abord, tant on sait le studio frileux quant aux questions politiques -- aux États-Unis, il n'est pas rare que les studios soutiennent financièrement des candidats politiques, Blizzard est néanmoins l'un des rares à soutenir à la fois des candidats démocrates et républicains. Pour que Mike Morhaime sorte de sa réserve habituelle, c'est sans doute que la mesure choque profondément au sein de son groupe et de ses équipes.

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