Vers une pénalisation des jeux vidéo violents en Allemagne ?

Dans le sillage de la France et des Etats-Unis, l'Allemagne pourrait durcir sa politique de régulation des jeux vidéo les plus violents, autorisant des poursuites pénales contre les développeurs, mais aussi contre les joueurs...

A l'heure où la France envisage de légiférer sur le contenu des jeux vidéo violents (notamment via l'article 17 de la loi de lutte contre la délinquance) et où les Etats-Unis renforcent les mesures de contrôle de ces mêmes jeux, l'Allemagne pourrait leur emboîter le pas.

On s'en souvient, en novembre dernier, un jeune allemand de 18 ans s'était rendu dans son ancien collège, armé d'une arme à feu, et y avait blessé 11 étudiants avant de se donner la mort. Adepte de jeux vidéo (notamment de FPS), le forcené a convaincu Gunther Beckstein, ministre de l'Intérieur de Bavière, d'amender un projet de loi visant à interdire les jeux vidéo les plus violents.
Aux termes des amendements, les développeurs, producteurs et distributeurs de jeux contenant « des scènes de violence cruelles et inhumaines » encourraient un an d'emprisonnement. La peine serait doublée si en plus d'être spectateur, le joueur était amené à « participer » virtuellement aux scènes en question. Et pour aller plus loin, la simple détention de ce type de jeux pourrait conduire les joueurs à se voir infliger amendes et peine de prison « d'une durée maximum d'un an ».
En Allemagne, les jeux vidéo pourraient se voir appliquer le même régime que les drogues.

Notamment du fait de son histoire, on sait l'Allemagne très stricte dans le contrôle de la violence. Mais s'il devait être adopté, on peut s'interroger sur les conséquences d'un tel projet de loi au-delà des frontières germaniques.
A compter du 1er janvier 2007, l'Allemagne accédera à la présidence du Conseil de l'Union Européenne. Or, l'UE finance pour moitié le système PEGI (et prochainement PEGI Online actuellement en cours d'étude), qui classe et régule la production vidéo ludique en Europe... sauf en Allemagne qui le juge trop laxiste.
Alors que Franco Frattini, vice-Président italien de la Commission Européenne, vient d'envoyer une lettre ouverte aux ministres de l'Intérieur européens pour les « alerter sur les dangers du jeu vidéo » et où le système PEGI doit défendre à l'échelle européenne, sa légitimité et la pérennité de son action depuis 1993, on peut se demander si les auteurs de jeux vidéo pourront encore faire preuve de « créativité » dans les mois et années à venir sans risquer la censure.

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