Facebook investit massivement en Europe pour développer son « métavers »

Facebook annonce la création de 10 000 emplois en Europe au cours des cinq prochaines années pour y concevoir son métavers et des expériences de réalité augmentée. Le réseau social explique ce choix par l'attractivité technique et politique de l'Europe.

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L’été dernier, Mark Zuckerberg esquissait l’avenir qu’il entrevoit pour Facebook : faire de son réseau social un « métavers », un univers virtuel susceptible d’accueillir les interactions des cohortes d’utilisateurs de Facebook décliné à la fois sur écran et en réalité virtuelle – le projet s’inscrit dans la continuité de l’acquisition du constructeur de casque 3D Oculus et en guise de démonstration, Facebook dévoilait l’équivalent d’un système de réunion virtuelle modélisé en 3D.

On le sait, notamment suite aux périodes de confinement partout dans le monde, la notion de « métavers » est dans l’air du temps : on ne compte plus les projets « sociaux » de mondes virtuels ayant vocation à accueillir des interactions ludiques, des utilisateurs avides d’échanges, des manifestations culturelles (comme des concerts en ligne) ou espaces de travail à distance. Et si les bases technologiques existent déjà, les usages restent encore très timides – pour de nombreuses raisons, notamment parce que le monde rêvé des GAFAM n’est pas forcément celui des utilisateurs et que les casques 3D restent encore une technologie de niche.

Toujours est-il que Facebook entend manifestement faire la démonstration que son « métavers » est un projet concret de long terme et pas qu’une simple ambition farfelue : le groupe annonce donc le recrutement de 10 000 salariés « hautement qualifiés » en Europe au cours des cinq prochaines années pour créer son univers virtuel et ses expériences en réalité augmentée, et pour « construire une présence de long terme en Europe ».
Des créations de poste sont ainsi attendues en France (où Facebook a déjà implanté son laboratoire de recherche en intelligence artificielle), mais aussi en Allemagne (le réseau social y a financé la Technical University de Munich), en Irlande (en plus de son Reality Labs de Cork), ou encore en Italie, au Pays-Bas, en Pologne et en Espagne.

Un choix européen que le groupe présente comme un « vote de confiance en faveur de la force de l’industrie de la tech européenne » et que le groupe explique autant par son important volume d’utilisateurs sur le vieux continent que par la qualité des formations en Europe (des « formations universitaires de premier ordre »).
Mais comme aucun des choix de Facebook n’est jamais totalement innocent, le réseau social vante aussi (naïvement, ou pas) « la politique de pointe européenne en matière de liberté d’expression, de respect de la vie privée et de transparence » – alors même que les pratiques de Facebook dans ces mêmes secteurs sont régulièrement questionnés par les régulateurs européens et que la Commission européenne enquête sur un éventuel abus de position dominante du réseau social. On sait que les lobbyistes des GAFAM sont très actifs au sein des instances européennes. La promesse d’investissements massifs et de créations d’emplois en Europe pourraient être considérés, tantôt comme un signe d’engagements, tantôt comme une tentative de peser sur les prochaines décisions européennes.

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