Prise en main de Grand Ages: Medieval sur PS4

Disponible depuis quelques jours dans sa version PS4, Grand Ages: Medieval fut l'occasion de tester un jeu d'un genre bien trop rare sur console, sans doute en raison de la grande difficulté technique à adapter les nombreux contrôles du PC à la manette. L'alchimie marche-t-elle pour le dernier né de Kalypso ? Adau l'a pris en main pour vous et partage ses impressions.

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Tiens ? Un jeu de stratégie en temps réel disponible sur PS4 ? Ça n'arrive pas tous les jours. Il y avait donc de quoi piquer à vif ma curiosité. Que nous réserve donc Grand Ages: Medieval sur PlayStation 4 ? Digne fer de lance du genre 4X en temps réel sur console, ou bien simple tentative d'un éditeur de toucher le maximum de clients potentiels ? Et puis d'abord, qu'en est-il du jeu lui-même ?

Je suis très friand du genre stratégie 4X, et c'est donc avec un grand plaisir que je me lance dans ce test, en démarrant avec beaucoup de curiosité et d'envie Grand Ages: Medieval. Pendant le premier chargement du jeu, je me demande comment les développeurs de Gaming Minds ont réussi à remplacer les contrôles d'un genre très axé sur le couple clavier / souris vers un contrôle à la manette. Et malheureusement, ça commence mal. En effet, les touches du pad directionnel ne sont pas utilisées pour naviguer dans les menus du jeu, à l'inverse de ce que propose la totalité des jeux. A la place, il faudra donc se servir du joystick de gauche, configuration pas vraiment naturelle pour un joueur console comme moi.

Après tout, ce n'est qu'un détail, et ce serait mal vu de s'y attarder. Je lance donc directement une nouvelle partie. Deux modes sont proposés : un mode campagne et un mode bac-à-sable. Le mode campagne diffère peu du mode bac-à-sable, mais il est néanmoins très utile pour guider le joueur dans ce jeu qui semble au premier abord très complet. A l'inverse, le mode bac-à-sable, pour lequel de nombreux réglages sont proposés (difficulté, colonie de départ, finances disponibles, etc.) plonge directement le joueur dans le jeu sans aucune aide ou objectif particulier.

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Je lance donc le mode campagne. La cinématique d'introduction est jolie, mais manque cruellement de personnalité. A la fin de celle-ci, lorsque la zone de jeu s'affiche, on peut se rendre compte que c'est tout l'aspect graphique du jeu qui manque d'originalité et de personnalité. Oui, c'est beau, en tout cas suffisamment pour ce genre de jeu, mais sans plus. Surtout, ça manque de direction artistique reconnaissable. Bon, tant pis. De toutes façons, les graphismes ne font pas un jeu…

Dans un jeu de stratégie, qui plus est de type 4X, il existe toujours une certaine courbe d'apprentissage, plus ou moins longue et plus ou moins élevée en fonction de la profondeur du jeu et de ses mécaniques. Quand la découverte est un plaisir, ça ne pose généralement aucun problème. Malheureusement, dans Grand Ages: Medieval sur PS4, cette découverte est totalement gâchée par les contrôles à la manette, et devient donc une plaie.

Beaucoup de jeux ont réussi à mettre en place des interfaces accessibles aussi bien à la manette qu'aux claviers/souris, je pense particulièrement à XCOM:EU. D'ailleurs, ces interfaces sont quelques fois décriées par les joueurs PC. Dans Grand Ages: Medieval, l'interface a clairement été pensée d'abord pour PC pour ensuite être adaptée tant bien que mal à la manette. Cela donne des solutions un peu bancales, comme l'utilisation de la gâchette L2 pour passer en mode souris dans les différents menus et fenêtres. Le point d'orgue étant la sélection et le contrôle des unités militaires, où il est demandé au joueur de savoir jongler à la fois entre les deux joystick et la croix directionnelle, cette dernière permettant de donner des ordres aux unités. L'interface finit par se dompter au bout d'environ 4-5 heures de jeu. Cependant, rien ne reste naturel, et rien ne semble efficace.

Et voilà. Il faut maintenant apprendre les bases du jeu avec ce lourd handicap. Et malgré la campagne qui essaie de me présenter les bases, je suis vite perdu. En fait, tout est brouillon et tout est présenté sommairement. Le jeu propose un guide exhaustif, mais son apparence triste et monotone ne donne pas vraiment envie de se plonger dedans avec envie. En comparaison, les civilopedia de la série Civilization sont beaucoup plus attirants et captivants, tout en étant bien plus denses et complets.

Mais on ne peut pas dire qu'on aime les 4X et se plaindre de l'apprentissage des mécaniques d'un jeu. Non, alors il faut se forcer un peu.

Au fur et à mesure des mésaventures avec l'interface manette, j'assimile vite le fonctionnement : gestion de la production, échange commerciaux entre nos colonies et les colonies étrangères... Rien n'est vraiment très compliqué en fait, à l'image de l'arbre des recherches, loin d'être dense et vaste: 3 arbres d'une petite vingtaine d'améliorations. Ce qui semblait être au premier abord un 4X compliqué possède finalement des bases simple.

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En effet, l'argent est amassé grâce aux échanges commerciaux effectués par les marchands, pour lesquels il suffit de définir une route en fonction des surplus et des besoins de chaque colonie. Ensuite, le marchand se débrouille et effectue les transactions automatiquement. Il est possible de reprendre la main sur un marchand pour effectuer quelques opérations particulières (amener du bois et des briques dans une nouvelle colonie par exemple, ou encore livrer des ressources rares dans une colonie alliée). Il n'y a pas besoin (ni la possibilité) de faire du micro-management pour chaque marchand; le mieux est encore de les laisser évoluer seuls dans le territoire.

La gestion des ressources est assez sommaire. Le jeu nous offre un tableau de tous les besoins de la population et de la production actuelle, à l'échelle d'une colonie ou de toute la zone contrôlée. Pour garantir un bon niveau de vie et de satisfaction, il faut s'assurer que tous les besoins de la population soient remplis. Ce n'est pas vraiment difficile avec un peu d'organisation et une certaine discipline. L'idée est essentiellement d'établir les routes commerciales qui permettent d'acheminer toutes les ressources dans toutes les colonies, sachant que chaque colonie ne peut produire que 5 ressources, et qu'il existe 20 ressources différentes.

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Les mécaniques du jeu sur les aspects militaires sont elles aussi assez sommaires: peu d'unités différentes, et la gestion stratégique des batailles est inexistante. Il est donc impossible de jouer un Napoléon en herbe et envoyant les piquiers au front et les cavaliers prendre de vitesse l'ennemi sur les flancs, le tout supportés par les archers en arrière ligne. Non, rien de tout ça. Le jeu ne demande qu'au joueur quelles unités doivent se déplacer, et vers où. En cas de rencontre avec un ennemi, le combat s'engage automatiquement. Ceux-ci peuvent durer quelques semaines, et le mieux à faire pendant ce temps reste encore de gérer la production et les routes commerciales, ou encore d'établir de nouvelles colonies.

L'utilisation de la manette et l'interface un peu brouillonne laisse présager un jeu complet, dense, profond et rempli de détails. Finalement, il n'en est rien. Au bout de 4-5 heures, il ne reste que peu de subtilité à découvrir.

Après cinq heures passées sur le mode campagne, voilà que celui-me demande d'acheminer des bijoux au delà de Constantinople. Oups, je n'ai pas débloqué dans l'arbre de compétence la poterie, indispensable pour créer ces fameux bijoux. J'avais préféré me concentrer sur la production de blé et l'optimisation des routes commerciales: la bouffe et l'argent d'abord. Il ne me reste plus qu'à étendre mon territoire pour débloquer quelques points de recherche.

Et c'est là qu'on se rend compte que la simplicité du jeu se transforme vite en ennui. Le jeu demande beaucoup de patience, des temps morts où il n'y a pas grand chose à faire ou à gérer en attendant, à part peut-être optimiser quelques routes commerciales. Je comprends l'idée: le joueur est amené à contrôler un territoire géant qui englobe toute l'Europe, l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, et il fallait trouver un bon équilibre pour que le gameplay n'inonde pas le joueur.

Je me rends compte que j'ai créé une vraie petite fourmilière. C'est un résultat gratifiant. A la place de jouer à un jeu de stratégie 4X avec des batailles épiques dès les premières heures de jeu, j'ai surtout joué à un jeu de gestion pour lequel j'ai du attendre 10 heures de jeu avant de me lancer dans mes première opérations militaires.

Grand Ages: Medieval est beaucoup plus proche d'un Anno où l'on se plait à faire évoluer sa population au fur et à mesure des recherches, des nouvelles technologies et des nouvelles ressources, et où l'aspect militaire est bien présent et important, mais n'arrive que bien plus tard dans la partie. Malheureusement, pour Grand Ages: Medieval, les batailles sont totalement automatiques. L'avantage est que la gestion de multiples fronts est totalement possible.

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Bon, devez-vous acheter le jeu sur PS4 ? Je ne vais pas tourner autour du pot: non. Les développeurs ont fait un réel effort pour porter leur jeu sur PS4 et son contrôle à la manette, mais le résultat final n'est malheureusement pas concluant. Et quitte à brancher un clavier/souris sur la PS4, autant y jouer sur PC.

Et donc sur PC, il vaut quoi ? Si on aime le genre 4X, Grand Ages: Medieval est un bon petit jeu du genre. Il s'apprend vite, les mécaniques sont simples et peuvent mettre à rude épreuve ceux qui adorent optimiser leur économie. Une partie dure suffisamment longtemps pour vraiment se sentir investi dedans. Mais globalement, il manque de profondeur, et les batailles, même les plus modestes, n'arrivent pas avant de nombreuses heures dans une partie.

Si vous avez aimez les Anno, Grand Ages: Medieval est fait pour vous, à la différence près que ce dernier est plus simple et plus accessible.

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Plateformes PlayStation 4, Windows
Genres Stratégie, médiéval

Sortie 25 septembre 2015 (PlayStation 4)
25 septembre 2015 (Windows)

Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.