Chronique du joueur itinérant - Dans une boucle temporelle sur The Legend of Zelda : Majora's Mask

Nintendo (re)propose The Legend of Zelda : Majora's Mask sur ses consoles portables Nintendo 3DS et 2DS, épisode résolument à part parmi la licence phare d'aventure et d'action du constructeur japonais.
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Genèse

Lancé en 2000 sur la console Nintendo 64, The Legend of Zelda : Majora's Mask fait suite à l'épisode Ocarina of Time qui avait à l'époque fait entrer la série dans une nouvelle dimension avec le passage à la 3D. Quelques années plus tard et toujours dans la lignée de son illustre prédécesseur, Majora's Mask fait l'objet d'un remake sur les consoles portables 3DS pour une nouvelle forme de 3D et gagnant en profondeur avec des graphismes affinés.

Si Majora's Mask se place chronologiquement comme une suite directe d'Ocarina of Time avec quelques références communes, la construction du jeu par rapport aux autres épisodes le place, encore aujourd'hui, résolument à part parmi la licence The Legend of Zelda. Le rythme de cet épisode permet de créer une ambiance unique, où le temps qui passe est toute une histoire.

La petite histoire

Joueur d'ocarina et sauveur de princesse, je comptais partir dans une nouvelle quête personnelle afin de me ressourcer après une tournée triomphante aux quatre coins d'Hyrule. Un mauvais tour sous la forme d'un lutin masqué plus tard, je me retrouve embarqué dans un nouveau monde sous l'apparence branchée, mais fortement déroutante, d'un mojo. Sans avoir le temps de me remettre de mes émotions, je me retrouve poursuivi par un terrier écossais m'obligeant à prendre mes courtes jambes à mon cou.

J'entends vaguement parler d'une fée au nord de la ville, qui manque de pot a été dispersée par le même lutin masqué, c'est reparti pour un tour afin de recoller les morceaux. Une fois reconstituée, cette dernière m'oriente vers l'observatoire pour mieux scruter la suite de l'histoire. L'accès m'est évidemment refusé, me forçant à me lier d'amitié avec des jeunes du coin pour entrer dans leur clan et m'ouvrir un accès secret. Dire qu'il y a seulement quelques semaines, je sauvais le monde en boutant hors d'Hyrule l'invocation démoniaque de Ganon ici aux abonnés absents, et me voila en train de jouer à cache-cache avec des morveux.

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Sans néanmoins trop me renfrogner face à cette rétrogradation en tant qu'héros légendaire, je débusque donc des gosses à travers la ville pour enfin parvenir jusqu'à l'observatoire après avoir eu le bon compte. J'y scrute l'horizon à la recherche de mon lutin, que je découvre perché sur la plus haute tour de la ville en train d'exposer sciemment son fessier pour me provoquer.

La moutarde continue de monter et je me précipite vers les lieux, une nouvelle fois fermés jusqu'au troisième jour à minuit, moment marquant le début du carnaval. Je réalise alors que le temps qui s'écoule depuis mon arrivée va bien au-delà du classique cycle alternant sans fin les journées et les nuits. Il est donc temps de poser provisoirement mes armes -- et ma console -- pour laisser les minutes s'égrener inexorablement sur fond d'aboiements du terrible terrier écossais et d'autres chahuts de la ville.

Les cloches sonnent et l'heure du règlement de compte est enfin venue. Après explications, il s'avère que les forces maléfiques en présence provoquent l'atterrissage forcé de la lune sur le monde, pour un résultat présumé cataclysmique. La fin du monde est donc imminente, plus précisément dans les cinq minutes qui vont conclure Majora's Mask, fin de l'histoire.

La petite histoire (en boucle)

Joueur d'ocarina et sauveur de princesse, je comptais partir dans une nouvelle aventure mais la fin du monde m'a obligé à remonter dans le temps sur trois jours. Cette boucle temporelle sera la mesure de mes péripéties sur Majora's Mask, m'obligeant à chaque fois à revenir à mon point de départ si je ne trouve pas le moyen d'empêcher la chute de la lune. Le sourire provocateur de l'astre qui s'affiche toujours au plus prêt au fil des heures va imposer une pression croissante, qui sera d'autant plus terrible quand je peinerai à terminer mon long et laborieux fil des événements.

Lune

Chaque boucle temporelle sera néanmoins l'occasion de tenir des rendez-vous et de compléter certaines histoires découvertes au fil des rencontres. Chaque personnage va ainsi distiller des informations, pour un monde à connaitre sur le bout des doigts durant ces trois fameux jours. Petites entorses aux lois régissant le monde pour des raisons ludiques, je conserverai une partie de mon équipement et les masques récoltés au fil de mes exploits, alors que l'ensemble des accomplissements seront annulés mais soigneusement répertoriés dans un journal. Un donjon restera ainsi validé, même si le boss devra être de nouveau terrassé pour que les effets bénéfiques soient appliqués à l'environnement.

Évoqués dans le titre de mon aventure et plus particulier le problématique Majora, les masques seront un autre point d'intérêt essentiel pour parvenir à mes fins. Les pouvoirs enfermés dans ces masques me permettront d'obtenir des capacités liées, plus ou moins indispensables pour la suite. Aux oreilles de lapin pour courir plus vite se complèteront les nageoires zora pour écumer le fond des eaux. Les masques permettent au passage de varier le gameplay, même si certains combats ou certaines phases vont manquer de rythme à force de devoir porter ou non un masque.

Quand suffisamment d'éléments seront réunis et un certain nombre de boucles temporelles écoulées, j'aurai enfin l'opportunité d'aller botter le cul au lutin masqué dans un final dantesque à la mesure d'une aventure originale et rafraichissante, qui permettra afin de prolonger l'histoire jusqu'à sa fin.

Mojo

Conclusion

Malgré plusieurs remaniements pour renforcer son accessibilité notamment au niveau des sauvegardes, The Legend of Zelda : Majora's Mask 3D conserve une dimension unique résolument old school, pour une aventure calibrée et unique. De nombreuses quêtes secondaires viendront compléter en parallèle l'histoire principale et ses multiples boucles temporelles. Les joueurs qui prendront leur temps et se prépareront de multiples raccourcis seront récompensés par une certaine facilité sur le final, à l'image d'une épée un poil trop puissante que l'on peut récupérer définitivement en gérant savamment les trois jours de jeu.

Si Majora's Mask peut se révéler parfois un peu déstabilisant dans sa construction, cet épisode cache sous ses masques de nombreuses idées originales et intéressantes, demandant au joueur de l'écumer à plusieurs reprises dans ses moindres recoins, quitte à devoir recommencer certains passages déjà complétés dans une précédente boucle temporelle avec une pointe de frustration. Mais au-delà de toutes ces (més)aventures, la conclusion est juste définitivement à la hauteur et bien plus perchée que de nombreuses productions récentes.

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