Disney Infinity, un budget de 100 millions et un enjeu de poids pour Disney

La stratégie de Disney en matière de jeux vidéo n'a pas toujours été couronnée de succès. Disney Infinity, attendu le 22 août prochain, entend renverser la tendance mais Disney tente sa chance (presque) quitte ou double.

Toy Box
Université des monstres

Force est de constater que les initiatives de Disney dans l'industrie du jeu vidéo n'ont pas toujours été couronnées de succès. Disney Interactive, qui chapeaute les activités vidéo ludiques, online et mobiles du groupe, accusait encore 58 millions de dollars de pertes au deuxième trimestre 2013 (pour un total de 1,41 milliards de pertes depuis sa fondation en 2008), et alimente régulièrement les gazettes pour ses acquisitions à grands frais souvent suivies de vagues de licenciements et de fermetures de studios. On se souvient par exemple que Disney s'est ainsi offert le Club Penguin pour 350 millions de dollars (inspirant les mondes virtuels reposant sur les licences Cars et Fairies, qui ont rapidement fermé leurs portes) ou Playdom en 2010 pour 563 millions de dollars et qui depuis a perdu la moitié de ses joueurs sur les réseaux sociaux, mais aussi les colossales licences Marvel (déjà largement exploitées sous toutes ses formes) et plus récemment Star Wars sur laquelle Disney fonde de grands espoirs.
Une stratégie en demi-teinte souvent fondée, selon le WallStreet Journal, sur la volonté de suivre les modes vidéo ludiques (le jeu social, le jeu mobile), mais souvent tardivement, à grands frais et avec plus ou moins de succès.

Dans ce contexte, le 22 août prochain, le groupe Disney lancera Disney Infinity sur la quasi-totalité des plateformes disponibles et le « jeu créatif » conçu par les studios Avalanche pourrait changer la donne. Certes Disney Infinity puise aussi son inspiration chez la concurrence - la série des Skylanders d'Activision Blizzard ayant déjà généré un chiffre d'affaires de plus d'un milliard et demi de dollars, mêlant habilement jeu vidéo et figurines à collectionner. Dans Disney Infinity, elles sont inspirées des grandes licences du groupe (de Pirates des Caraïbes à Monstres et Compagnies en passant par les Indestructibles, Cars ou les personnages de Toys Storie) et comme son homologue, le jeu s'appuie donc sur des figurines à acheter à l'unité, qui s'animent dans le jeu et débloquent de nouveaux contenus permettant de faire évoluer le jeu durablement.
Mais Disney Interactive intègre surtout un « coffre à jouets » (sa Toy Box) qui justifie le caractère « infini » du titre et invite le joueur à façonner son propre univers, façon sandbox, en y intégrant ses propres composantes ludiques (des mini-jeux, des circuits de courses automobiles, etc.) pour les partager en ligne avec d'autres joueurs. Un projet ambitieux, qui aurait coûté la bagatelle de 100 millions de dollars selon « une source proche du dossier » relayée par le WallStreet Journal, et qui fait figure d'enjeu de poids pour Disney.

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Robert Iger, directeur exécutif de Disney, fonde manifestement de grands espoirs dans le projet (« s'il fonctionne bien, ça ira très bien pour l'ensemble du département à l'avenir »), comptant notamment sur la vente régulière de figurines. Elles sont en effet particulièrement appréciées des revendeurs de jouets qui leur accordent donc une bonne place dans leurs rayonnages car, comme tous les « objets de collection », elles se vendent toutes l'année et non uniquement lors des fêtes de fin d'année comme nombre d'autres jouets. Mais a contrario, Robert Iger reconnait aussi qu'un échec de Disney Infinity pourrait avoir des conséquences pour l'ensemble du groupe, conduisant Disney à « réévaluer [sa] stratégie en matière de jeux vidéo » à l'avenir. Et pour mettre toutes les chances de son côté, certains autres projets du groupe (comme le jeu Iron Man) ont déjà été mis en pause pour que Disney Infinity bénéficie de toutes les ressources nécessaires.
Aujourd'hui, les premiers échos relatifs au jeu s'avèrent plutôt positifs, tant de la critique que les jeunes joueurs l'ayant testé dans le cadre de salons. Tous saluent notamment la puissance créatrice de la Toy Box. Pour autant, au-delà de qualités intrinsèques, le jeu a évidemment aussi un coût et non des moindres (60 euros pour le jeu et sa base, 25 euros pour un pack de décors ou de personnages supplémentaires) qui pourraient rebuter les parents.

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