La Lettre de JeuxOnLine - Octobre 2019

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À tort ou à raison, on considère communément aujourd’hui que l’âge d’or du MMORPG est révolu. Chacun jugera à l’aune de ses propres critères de références, mais sans doute peut-on convenir qu’en effet, est révolu le temps où le MMO faisait figure de phénomène de société et de phénomène social ; où chaque studio d’envergure se devait d’avoir au moins au MMO dans son catalogue ; où plusieurs nouveaux blockbusters massivement multijoueurs sortaient chaque année; où le MMO était considéré comme une poule aux oeufs d’or ; où d’aucuns ambitionnaient de s’imposer comme le prochain « WOW Killer » et on pourrait multiplier les exemples.
Et aujourd’hui, on peut donc faire le constat que le marché du MMO a évolué : la dimension sociale des MMORPG a progressivement cédé du terrain à des réseaux « sociaux » bien plus accessibles au grand public ; le multijoueur et le jeu en ligne s’imposent progressivement comme une norme, mais de façon moins contraignante et persistante que dans les MMO ; et les studios déclament moins ouvertement leur flamme au MMO (même quand un jeu remplit les critères de définition du genre, il n’est pas rare que le jeu soit plus simplement qualifié de jeu en ligne, multijoueur, en monde ouvert...).

L’âge d’or du MMO serait donc passé et les nouveaux titres sont plutôt rares. Faut-il en déduire qu’il n’y a plus de marché pour le jeu massivement multijoueur. Sans doute pas. Les MMO tendent manifestement plutôt à réendosser leur juste rôle historique : immerger durablement les joueurs dans des mondes évolutifs, en s’inscrivant dans un temps long. Plus concrètement, dans un marché moins frénétique qu’il n’a été, les MMO actuellement en exploitation parviennent plus aisément à fidéliser leurs joueurs pour les embarquer dans de longues expériences ludiques, chacun avec leurs propres atouts et à destination de publics bien ciblés -- en vrac, Final Fantasy XIV Online, The Elder Scrolls Online, Black Desert Online ou même Dofus parviennent fort bien à fidéliser leurs joueurs, même après bien des années d’exploitation ; idem pour Lord of the Rings Online qui s’apprête à accueillir une nouvelle extension ; Guild Wars 2 peut toujours compter sur une base de joueurs (relativement) fidèles...
Et au cours de cette rentrée 2019, on constate aussi que des MMO qu’on croyait trop vieux se révèlent capables de raviver la flamme des premiers jours. Evidemment, depuis fin août, World of Warcraft Classic a remis World of Warcraft et le MMORPG sur le devant de la scène (au moins médiatiquement). Dans le même esprit, Ankama imagine un Dofus Retro, reprenant le MMORPG tel qu’il était voici quelques années. De son côté, le groupe allemand gamigo entend offrir une seconde jeunesse à ArcheAge, avec ArcheAge Unchained, une version alternative du MMORPG reposant sur un autre modèle économique (buy-to-play, cette fois) et qui profitera d’un nouveau lancement -- et l’engouement des joueurs dépassent manifestement les espérances du studio (le lancement d’ArcheAge Unchained a été repoussé de quelques semaines pour permettre à l’exploitant de peaufiner sa sortie et de mieux répondre aux attentes).
Et parallèlement, l’actualité du MMO de cette rentrée est aussi marquée par le lancement occidental d’Astellia. Un nouveau MMO, cette fois, mais force est d’admettre que l’engouement des joueurs est moins flagrant. On n’évoquera pas ici les qualités ou défauts intrinsèques du titre (le MMO est signé par le studio Barunson qui a un vrai savoir-faire en la matière depuis de longues années, le titre revendique une base très classique mais aussi quelques innovations), mais les joueurs semblent déjà l’avoir condamné -- du moins si l’on en croit les choix économiques de l’exploitant, qui baisse déjà assez significativement ses tarifs, à peine le jeu lancé (le prix des packs de fondateurs a été diminué le jour même de la sortie et le jeu peut être testé pour moins de 10 euros si l’on consent à s’abonner). Si l’engouement avait été fort, on imagine que ces offres n’auraient pas été proposées avant quelques mois.

En d’autres termes, là où les MMO historiques perdurent et où les rééditions d’anciens MMO suscitent un solide engouement chez les joueurs, les nouveaux jeux massivement multijoueurs qui sortent ou s’annoncent sont manifestement boudés. Qu’en déduire ? En partant du principe que les développeurs d’aujourd’hui ne sont pas fondamentalement plus mauvais que ceux d’hier, peut-être faut-il simplement admettre que la demande de renouvellement de MMO est juste infiniment plus lente que celle de la plupart des autres genres vidéo ludiques. Par définition, les MMO sont régulièrement mis à jour et les ajouts de contenus d’un MMO sont souvent bien plus significatifs que dans bon nombre d’autres jeux. Et ces ajouts sont à même de rassasier les amateurs de jeux massivement multijoueurs, qui n’éprouvent pas le besoin d’aller voir ailleurs -- ou qui passent de l’un à l’autre de ces quelques MMO en exploitation pour y retrouver leurs personnages historiques, au gré du déploiement des extensions et mises à jour.
Finalement, le MMO tel qu’on le connait aujourd’hui est peut-être arrivé à maturité, le marché propose peut-être une offre suffisante et le renouvellement du genre attend peut-être les prochaines innovations technologiques -- par exemple du développement des IA qui permettront de générer des mondes réellement vivants et évolutifs, ou encore du cloud gaming dont les serveurs externalisés pourront permettre l’exploitation de MMO « super-massifs » dans des univers réellement persistants. Reste à déterminer si les concepteurs de MMO sauront exploiter ces technologies en terme de gameplay et si les joueurs accepteront de leur donneront une chance, malgré l’offre existante.

• Concours de Skin
• Concours de Housing

• Classement général de l'événement
• Réponses aux 16 questions / énigmes de la grille proposée
• Informations sur les joueurs qui participent à la phase de départage + statistiques

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