La Lettre de JeuxOnLine - Octobre 2018

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Comme quelques autres, l’industrie du jeu vidéo a cette particularité d’être à la fois une véritable industrie économique (qui brasse des milliards de dollars de chiffre d’affaires chaque année), mais aussi une industrie du divertissement qui s’adresse essentiellement à des passionnés. Sans surprise et sans que ce soit une nouveauté, nombreux sont ceux à rêver d’intégrer cette industrie pour pouvoir faire de leur loisir ou de leur passion un vrai métier qui s’inscrira dans une carrière professionnelle. Mais comme dans tous les secteurs des « métiers passions », comptant beaucoup d'appelés mais peu d'élus, les conditions de travail dans l’industrie du jeu ne sont pas toujours roses – celui qui ne s’en satisfait pas pourra être aisément remplacé.
L’actualité de ce mois de septembre 2018 l’a encore montré : le studio TellTale Games va fermer ses portes et 90% de ses 250 salariés ont été licenciés dans la journée. Ce n’est évidemment pas la première fois qu’un studio de développement fait faillite ou est contraint à une vague de licenciements (plus de 1000 salariés de l’industrie du jeu auraient perdu leur emploi cette année), mais les conditions de la fermeture à venir de TellTale ont abondamment fait réagir dans le microcosme vidéoludique, notamment du fait du traitement des (ex) salariés du studio. D’abord parce que l’annonce a été extrêmement brutale -- remercié dans la journée, selon les témoignages des concernés, et en tout cas suffisamment pour qu’un salarié ait été recruté, ait organisé son déménagement de plus de 700 km pour prendre son poste, avant d’apprendre la fermeture du studio une semaine plus tard et son licenciement. Et ensuite du fait de la gestion du studio par ses dirigeants : le modèle de jeux narratifs épisodiques sur lequel s’est appuyé le développeur s’est progressivement épuisé (c’est arrivé à d’autres), le studio s’est endetté (là aussi, d’autres y ont été confrontés), et pour (tenter de) se redresser, le studio imposait manifestement des cadences de travail très élevées (l’industrie du jeu en est coutumière). Mais le seul résultat aura été de vider totalement les caisses de la société, au point que les salariés licenciés ne toucheront aucune indemnité.

Au-delà du cas spécifique de TellTales (qui pourrait donner lieu à des poursuites dans la mesure où certains ex-salariés licenciés estiment que l’absence de préavis et d’indemnités serait illégale, même au regard du droit social américain qu’on sait pourtant très précaire), l’exemple ne peut sans doute pas être unanimement généralisé mais serait néanmoins révélateur d’un système plus global -- et le dernier exemple en date d’une longue liste de studios aux conditions de travail ou à la culture d’entreprise plus ou moins délétères (incluant des studios comme Riot Games alors même que le développeur se targuait, voici quelques années, d’être dans le top des entreprises où il fait bon travailler).

Dès lors, l’industrie du jeu peut-elle évoluer plus favorablement pour ses salariés ? Peut-être. Notamment parce qu’une industrie qui fait moins rêver est moins attractive et doit faire davantage d’efforts pour attirer les talents.
Et à rebours des idées reçues, l’Asie montre peut-être l’exemple. On le sait, longtemps, les studios de développement sud-coréens ou chinois ont adopté des conditions de travail particulièrement sévères à l’égard de leurs salariés -- des durées et amplitudes horaires très élevées, des heures supplémentaires parfois non payées ou encore la pratique du crunch, ces périodes durant lesquelles les cadences de travail sont augmentées significativement pour tenir les délais de lancement d’un jeu. Depuis l’élection du président Moon Jae-in en Corée du Sud, plusieurs mesures sociales ont été adoptées (notamment pour plafonner la durée hebdomadaire de travail à 52 heures effectives), et au cours de ce mois de septembre, les salariés de l’industrie sud-coréenne du jeu se mobilisaient en créant les premiers syndicats de la profession, notamment pour lutter contre l’annualisation des rémunérations qui conduisent à ne pas payer les heures supplémentaires et encore moins à associer les salariés aux (bons) résultats de la société. Un premier syndicat a ainsi été créé chez Nexon et 300 salariés y ont adhérés derechef, et un second a rapidement suivi chez SmileGate.
On ignore encore quel poids réel auront ces syndicats au sein des studios de développement sud-coréens dans le cadre des négociations salariales à venir, mais on retiendra néanmoins que si le déclencheur a d’abord été sociétal (l’opinion publique s’est indignée des conditions de travail dans l’industrie du jeu suite à la mort d’un jeune développeur pour cause de surmenage), avant d’être repris par les pouvoirs publics (le législateur sud-coréen a voté de nouvelles lois sociales), ce sont aujourd’hui les salariés eux-mêmes qui se mobilisent pour améliorer leurs conditions de travail. L’Asie est souvent pionnière dans l’industrie du jeu. On pourra assister à des mouvements similaires aussi en Occident, a fortiori dans des pays où la culture syndicale est forte.

Rentrée chargée
La rentrée est souvent synonyme de nombreux éléments négatifs : fin des vacances, reprise des cours, augmentation de la charge de travail… Néanmoins, cette année, elle est surtout synonyme du début de l’une des périodes les plus chargées en termes de jeux vidéo depuis… très longtemps.

L’explication de cette surcharge a un nom : Red Dead 3 (ou Red Dead Redemption 2 pour les services marketing de Take-Two). Le jeu étant prévu pour le 26 octobre, les habituels jeux de fin d’année doivent soit prendre de l’avance, soit attendre davantage. Résultat, le planning est très chargé dès septembre.

En effet, on avait l’habitude que septembre soit le mois des jeux de sport et de course, mais deux invités de marque se sont ajoutés cette fois-ci : Marvel’s Spider-Man et Shadow of the Tomb Raider. Deux jeux au succès contrasté, rappelant leur situation très différente : Shadow of the Tomb Raider clôt la trilogie initiée lors du reboot de 2013 tandis que Spider-Man est le début d’une nouvelle ère pour Marvel… à laquelle participera activement Square Enix, éditeur de Tomb Raider.

Néanmoins, si ces deux mastodontes ont capté l’attention médiatique, il ne s’agissait pas des seuls jeux sortant ce mois-ci. En effet, de nombreux jeux plus modestes ont essayé de prendre de l’avance sur les sorties de fin d’année. On pense notamment à Dragon Quest XI, enfin disponible sous nos contrées (sur PlayStation 4 et sur Steam ; la version Switch attendra).

Cependant, c’est loin d’être terminé. Jusqu’en mars prochain, un océan de nouvelles sorties attend les joueurs, avec des jeux issus de genres très variés et souvent hautement qualitatifs. Si vous prévoyez de partir en vacances dans les prochains mois, assurez-vous de partir avec votre support de jeu privilégié, car sinon vous risquez de ne pas réussir à suivre le rythme.

Tests, tests, tests !
Bon témoin de ces nombreuses sorties, la section JV vous a proposé 21 tests ce mois-ci :
- Moto GP 18 par Dilmax.
- PES 2019 par Hachim0n.
- We Happy Few par Alandring.
- Planet Alpha par Grim.
- Sword Legacy Omen par Glaystal.
- Marvel’s Spider-Man par Dunta.
- Shadow of the Tomb Raider par Glaystal.
- Madden NFL 19 par Seiei.
- Senran Kagura Reflexions par Myrhdin.
- Taglewood par Malison.
- Two Point Hospital par Dilmax.
- Monster Hunter World (version PC) par Seiei.
- God Wars : The Complete Legend par Myrhdin.
- Seers Isle par Zekkangel.
- The Gardens Between par Grim.
- NHL 19 par Myrhdin.
- Valkyria Chronicles 4 par Glaystal.
- Forza Horizon 4 par Dunta.
- The Council (aperçu de l’épisode 4) par Alandring.
- The Messenger par Oulanbator.
- 428 : Shibuya Scramble par Myrhdin.

Plus deux sélections de jeux :
- Coups de cœurs de la Gamescom 2019 – liste compilée par Seiei.
- Zoom sur les indés de l’EGX Berlin par Myrhdin.
Cela vous intéresse ? De nouveaux jeux sont très régulièrement proposés sur le fil dédié.