Un bref aperçu du futur... vers le casual MMO ?

Corollaire de ce qui précède, le « casual game » est souvent considéré comme le parent pauvre de la sphère vidéo ludique. Ils sont conçus avec peu de moyens, par de petits studios ou parallèlement à d'autres projets plus sérieux et ambitieux... Pour autant, on s'aperçoit que le jeu occasionnel tel qu'on le connaît aujourd'hui répond à une attente forte des joueurs - dixit l'ISFE, l'Interactive Software Federation of Europe qui chapeaute les systèmes PEGI et PEGI Online servant à la classification des jeux vidéo en Europe.
A en croire l'étude annuelle de l'organisme qui examine les usages vidéo ludiques des européens, en 2008, les joueurs d'Europe sont adeptes du jeu occasionnel (du fun immédiat), jouent majoritairement en ligne (pour 64% d'entre eux et jusqu'à 70% des plus jeunes) et recherchent à la fois une « expérience sociale et des défis ».

Entre casual AAA et MMO casual

Cette attente ne laisse manifestement pas les mastodontes du secteur indifférents. Faisant écho aux propos de Servan Keondjian évoqués plus haut quant à la démocratisation de la 3D et des graphismes « High-End » dans les contenus en ligne, on prédit l'émergence de « casual games AAA », avec un triple A en référence à ces blockbusters au succès commercial assuré (ou presque) et pour lesquels on attend une forte rentabilité.
Bien loin des « petits jeux », les grands éditeurs commencent à annoncer des jeux occasionnels à gros budgets. On le constate chez Abandon Entertainment, un géant des médias à la télévision et au cinéma, quand Freaky Creatures est dévoilé. De même chez Disney Online qui n'hésite plus à exploiter des licences d'envergure dans ses causal games (avec Cars, par exemple, inspiré du film d'animation de Pixar). Idem chez Nickelodeon, le géant du divertissement pour les plus jeunes aux Etats-Unis, qui après plusieurs centaines de casual games simplistes sur son portail, annonce la sortie prochaine de Avatar Legends of the Arena en grande pompe. Un jeu qui se veut occasionnel (jouable depuis un navigateur Web) mais qui repose sur une licence forte (le dessin animé Avatar: the last Airbender qu'on verra l'année prochaine au cinéma), qui bénéficiera d'un lancement mondial et dans une dizaine de langues, fort de graphismes en full 3D grâce au moteur graphique Unity. Le même moteur est utilisé par Cartoon Network pour FusionFall qui, lui aussi, met en scène des personnages célèbres de dessins animés dans un jeu en ligne occasionnel entièrement en 3D. Et on pourrait multiplier les exemples.

Un engouement qui s'explique notamment par la popularité croissante des « nouveaux médias » (Internet) au détriment de leurs homologues plus traditionnels (télévision et cinéma) chez les plus jeunes. Selon l'EIAA fin 2007, les 15-25 ans consacrent en moyenne 15 heures par semaine à Internet contre 13 heures à la télévision et la tendance s'accentue. 40% des internautes délaissent aujourd'hui la télévision au profit d'activités en ligne.
Pour ne pas voir leur audience s'éroder auprès de leur coeur de cible, les chaînes « jeunesses » précitées (Nickelodeon, Cartoon Network et les autres) investissent le jeu en ligne. Et y mettent les moyens, via de nouveaux moteurs graphiques.

Tout comme le Near de Qube Software ou le Lively de Google, le moteur Unity apparaît comme un moteur 3D pour navigateurs Web. Une plateforme traditionnellement modeste, mais qui n'empêche pas d'afficher des zones en streaming (assurant une vision longue portée, qui n'a rien à envier aux MMORPG) ou une gestion des effets d'ombres et de lumière en temps réel... Un moteur qui a su séduire Funcom pour son prochain « titre occasionnel massivement multijoueur » sur navigateur Web, non encore annoncé. Après Anarchy Online et Age of Conan, deux blockbusters pour « core gamers » et qui nécessitaient une configuration particulièrement musclée, le développeur norvégien opte à son tour pour le jeu occasionnel, mais avec les moyens du MMO. Peut-être faut-il y voir les prémices d'une nouvelle tendance.

La GDC Paris, fin juin dernier, a mis en lumière quelques unes des dernières évolutions technologiques. Les moteurs graphiques générant une « 3D High-End » ne sont plus l'apanage des plateformes les plus puissantes. Ils investissent le Web et s'avèrent fonctionnels sur de simples navigateurs Internet.
Dans le même temps, la combinaison de la démocratisation d'Internet et du développement technologique permet manifestement l'émergence d'une nouvelle génération de jeux en ligne occasionnels, faciles à prendre en main, accessibles, immédiatement fun et s'adressant surtout au grand public, sans pour autant sacrifier l'esthétique ou la richesse traditionnelle du MMO... De quoi envisager, à terme, le MMOG du futur sur navigateur Web ?

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