Test de Tiny Tina's Wonderlands - le jeu de rôles avec des gros sabots

Personnage secondaire ô combien apprécié des fans de Borderlands pour sa personnalité déglinguée et son enthousiasme communicatif, Tiny Tina avait déjà eu les honneurs d'avoir son propre DLC dans Borderlands 2, Tiny Tina et la Forteresse du Dragon. Son accueil plus que positif a décidé Gearbox à proposer à Tina son propre spin-off avec ce Tiny Tina's Wonderlands.

Rêves de Seigneurs Dragons

Des combats de routine lors d'affrontements-donjons
Des combats de routine lors d'affrontements-donjons
Dans l'univers déjà déjanté des Borderlands, Tiny Tina faisait figure de proue en poussant les potards de la folie comme sur un ampli qui va jusqu'à 11. Et dans le DLC sus-nommé, son imagination sans limites nous plaçait dans l'univers de jeux de rôles Bunkers et Brutasses (Bunkers and Badasses en VO), sorte de LSDonjons & Dragons avec des flingues et bazookas. Étalon du Cul, le poney en diamant créé par l'ancien antagoniste Beau Jack, y tenait le rôle de la princesse à délivrer pour rétablir l'ordre de la lumière et de l'obscurité sur le monde ; et en tant que DLC, il était complètement intégré au gameplay de Borderlands 2, avec une durée de vie très respectable et une mini-campagne tenant du défouloir jubilatoire. C'est après deux autres titres de la série principale que les bons créatifs de Gearbox ont décidé de faire revenir cet univers au premier plan en offrant à Tiny Tina son spin-off officiel rien qu'à elle, où elle sera à nouveau la maîtresse du bunker, mais cette fois de A à Y. Pas Z ? Non, pas tout à fait... Car très vite, dans la petite partie, on réalise qu'il y a un gros grain de sable sur les rails de la campagne, un grain suffisamment gros pour la faire dérailler très vite - déjà qu'elle n'avait pas besoin de ça pour partir en vrille...

Et ça ne vient pas des participants à la partie : outre Tina, on est (virtuellement) accompagné de Valentine, beau gosse un peu con et bien motivé par  une bonne partie de Bunkers et Brutasses, et Frette, un robot ancienne employée de bureau devenue copilote de Valentine suite à un épisode malencontreux de combustion de son ancien patron. Les deux ont échoué leur vaisseau près de la planque de Tina et font une pause en attendant de reprendre les réparations avec une bonne petite partie en compagnie de vous, "la Bleusaille". Non, autour de la table, ça va bien, l'ambiance est bonne, les gâteaux apéro sont de sortie, les bouteilles décapsulées, les feuilles de persos tâchées... Non, ce grain de sable, c'est le méchant de sa campagne lui-même : le Seigneur Dragon. Ça commençait pourtant bien...

L'appel de Cthuloot

Des quêtes au pif sur la carte du monde
Des quêtes au pif sur la carte du monde
C'est la tradition chez Gearbox, à chaque nouveau titre ses nouvelles classes de personnages pour ne pas sombrer dans la routine ; on a cette fois le choix entre : le frappaclysmique avec son lourd marteau doué dans les effets de feu et d'électricité accompagné d'un petit wyverne diablement efficace (et choix de votre serviteur) ; le trucidopathe, combattant sournois privilégiant la furtivité et les coups critiques (à la Zéro) ; le Brr-Zerker, combattant de corps-à-corps axé sur la glace ; le Sème-la-Mort qui sacrifie de sa propre santé pour frapper ses ennemis avec la magie noire ; le Défouromage spécialiste des sorts de façon assez évidente, capable d'équiper deux sorts et les enchaîner ultra rapidement ; et enfin le Sporôdeur, spécialiste des attaques à distances avec son arc éthéré et affublé d'un familier champignon. Six classes pour un gameplay assez varié, avec une subtilité bienvenue tout droit héritée de D&D : au cours du jeu, il sera possible de choisir une classe secondaire et donc de dépenser des points de compétences dans deux arbres pour combiner des pouvoirs et mêmes des familiers ! Notons cependant qu'on ne peut équiper qu'une seule compétence d'action, chaque classe en ayant elle-même deux possibles, mais qu'on peut en changer à tout moment.

Par contre, au niveau inventaire et équipement, aucune réelle nouveauté : une arme pour le corps-à-corps, jusqu'à quatre armes à feu, un set armure-bouclier-amulette et deux emplacements d'anneaux (en fin de partie pour le second). Les grenades des Borderlands sont, elles, remplacées par les sorts pour des effets élémentaires identiques (feu, glace, électrique, poison), la "magie noire" désignant les effets de vol de vie. Les catégories des armes et leurs icônes ne sont même pas adaptées au monde alors que leur design l'est, comme les arbalètes sous la catégorie des pistolets... L'imagination de Tina a ses limites, évidemment ; c'est aussi pour ça qu'on retrouvera les bonnes vieilles trois machines d'achat / vente de matos, qui seront d'ailleurs le seul point de commerce du jeu. Enfin bref, dans l'ensemble, l'interface et le gameplay ne changent quasiment pas, pour le meilleur ou pour le pire selon les goûts de chacun - en tout cas les habitués de la série principale ne seront pas dépaysés.

Plateau verata nektu

Une nouveauté qui fait par contre son entrée, l'apparition de la carte du monde sous la forme d'un très grand jeu de plateau / diorama à parcourir avec ses ptites jambes de personnage en SD. L'intention est bonne et plutôt maline dans l'idée, ça forme une sorte de grand hub connectant les divers endroits du monde et offre quelques quêtes ici et là pour glaner quelques xp, mais le résultat est assez mitigé : ce n'est pas très beau, c'est très vide et c'est surtout là pour faire apparaître des "donjons" à explorer en plus de quêtes très secondaires. Les donjons sont simplement des sortes d'arènes fermées de combat d'un ou deux rounds, pour la plupart assez inutiles sauf pour monter en xp et récupérer toujours plus de loot, et surtout très vite expédiés ; quelques rares donjons offrent des combats de boss bienvenus pour rompre la monotonie, mais c'est bien tout leur seul intérêt. Pareil pour la très grande majorité des quêtes secondaires qui ne servent qu'à ouvrir des passages tout aussi secondaires ou accéder à des dés à récupérer tout au long du jeu permettant d'augmenter la baraka au loot. Mais parmi elles, on en trouve une ou deux, assez quelconques, qui ouvrent pourtant carrément de nouveaux lieux à explorer, comme un certain haricot par exemple... Lieux qui ne sont pas du tout traversés par la quête principale, alors ouvrez l’œil !

Une grande carte - jeu de plateau à arpenter laborieusement...
Une grande carte - jeu de plateau à arpenter laborieusement...
...avec des défis et quêtes à remplir pour des bonus permanents
...avec des défis et quêtes à remplir pour des bonus permanents

À part ça, les déplacements sont lents, on se tape des rencontres aléatoires toujours sous la forme d'arènes pénibles et on n'a qu'une hâte, c'est de courir vers la destination suivante. Les plus zélés exécuteront des quêtes formidables comme taper trois blocs de pierre pour le portrait d'une influenceuse, récupérer des minerais pour un forgeron, mais encore plus passionnant, faire et refaire des donjons pour récupérer des objets. C'est ce genre d'aller-retour qui est l'un des plus gros points noirs des Borderlands et Tiny Tina's Wonderlands ne déroge hélas pas à la règle dans ce carcan dont les jeux de la licence ont bien du mal à se dépêtrer : les incessantes quêtes Fedex "va récupérer 10 dents" "ah non va en récupérer 20" "oh tiens va en récupérer 50 en fait" "la même chose mais avec du minerai" "la même chose mais avec des branches d'arbre" etc, etc. Alors oui, on le sait, on doit parcourir encore et encore les mêmes territoires, on devrait être habitués depuis le temps, mais pourtant on aimerait bien avoir "plus que ça". Caramba, encore raté !

Par contre, ce que j'attendais du jeu, outre l'humour inhérent des Borderlands, c'était une vraie galerie de PNJs comme on y avait été habitués, entre les anciens héros de l'Arche, Moxxi, Marcus et autres ; mille fois hélas, à part les boss de la quête principale, il n'y en a vraiment aucun qui m'a accroché : soit ils étaient assez bateaux comme Mike le Paladin, soit ils étaient déjà connus (avec quelques têtes de Borderlands qui viennent en guest), soit ils sont carrément insipides, et je pense spécifiquement à tous les PNJs de la ville de Sabot Ardent. Et les compagnons "IRL" autour de la table font des commentaires marrants pendant la partie, mais ils ne sont même pas présents physiquement dans le jeu ! L'immersion est censée être poussée, surtout avec le jeu de plateau / carte du monde, mais au final c'est vraiment juste "soi contre le monde".

In Nomine c'est Tina

Pourtant, tout n'est pas sombre non plus. "LA" marque de fabrique des jeux Borderlands, à savoir les bazillion guns, est présente (voire un peu trop) : du loot en veux-tu en voilà, du butin qui peut tomber avec n'importe quel monstre et j'ai même eu l'impression de ramasser plus souvent du loot bleu voire violet que du blanc ou vert, souvent... L'effet de la baraka peut-être (dénichez des dés partout où vous pouvez, c'est banco) et en fin de jeu n'importe quel mob peut même drop du légendaire sur un malentendu. Il sera bien évidemment indispensable d'augmenter aussi vite que possible la taille de son sac à dos pour stocker tout le bordel !

Les rangs mythiques au endgame
Les rangs mythiques au endgame
Les aires de jeu sont assez vastes et variées et le bestiaire de taille assez respectable (même si on tourne souvent autour des mêmes mobs). On sent bien la patte Gearbox dans l'humour apporté aux missions et aux dialogues et on a beaucoup moins de pipi-caca que dans Borderlands 3 (ce qui est pour moi plutôt appréciable). Même si parfois ça parle beaucoup, mais alors beaucoup (trop ?)... La quête principale est bien fichue avec une trame néanmoins assez convenue et pourtant quelques moments "wtf" qui font toujours recette dans la série et on rentre bien dans le délire de Tina qui est plus qu'extatique d'avoir trouvé des partenaires de jeu à Bunkers et Brutasses.

Et quand y en a plus, y en a encore : le niveau est limité à 40 donc comptez bien vos points de compétences et d'attributs (même s'il sera toujours possible de réinitialiser tout voire de changer de classe secondaire). Au-delà, on entre dans le domaine des rangs mythiques et il s'agit juste de dépenser des points dans des classes mythiques à tour de rôle avec un système assez compliqué à expliquer en quelques mots. Il restera à voir si les DLC à venir dans le pass saisonnier déjà annoncé depuis belle lurette monteront ce cap du niveau 40 ou si on sera cantonné à crever les plafonds des rangs mythiques. Aussi, en post-fin de jeu, il est possible de choisir d'affronter des arènes de combats en s'imposant des malus (ou en récupérant des bonus en sacrifiant des points) pour gagner encore et toujours plus de loot...

Foire-Hammer 40 builds

Tiny Tina's Wonderlands est ni plus ni moins ce qu'on peut attendre d'un Borderlands un peu castré : toujours autant d'affrontements grandioses et de loot en pagaille, toujours autant d'arènes pour taper des monstres et gagner du loot, toujours autant de quêtes fedex pour taper des monstres et gagner du loot, toujours autant d'humour... Mais avec certaines facilités comme ces donjons qui font très remplissage, moins d'éléments vraiment marquants dans l'histoire comme l'introduction de personnages secondaires charismatiques manquant cruellement au jeu et une carte du monde autant intéressante dans l'idée que laborieuse à parcourir. En tout cas, si vous êtes client des Borderlands et que vous n'en avez pas raté un seul, il y a peu de chances que vous passiez à côté de celui-ci. Et puis on l'aime bien la p'tite Tina, pas vrai ?

Gloire à la reine !
Gloire à la reine !

Test réalisé par Bardiel Wyld sur PC à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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