Historique des MMOG #6 - A la même époque en France

Rédigé par Caepolla et Uther, illustré par Favos
le 27 avril 2004

 

Ensuite, le jeu se joue sur le réseau des réseaux (Internet) : chaque serveur peut accueillir jusqu'à 150 joueurs en simultané, pouvant s'affronter (le jeu est déjà axé sur le PvP[15]). Enfin, le monde comprend cinq villes et 60 régions à explorer. Il s'agit donc du premier jeu de rôle Online avec une interface graphique en 3D.

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Pourtant, on ne peut pas vraiment dire que le succès est au rendez-vous : le jeu va subir de plein fouet la concurrence d'Ultima Online qui sort peu après. Ce dernier est plus vaste, plus réussi et surtout moins cher à jouer.

 

2.3. A la même époque, en France

Dans le même temps, des projets d'univers virtuels persistants novateurs voient le jour en France. Alors que la plupart des projets américains se base sur des univers féeriques et fantastiques, les frères Alain et Frédéric le Diberder[16] seront à l'origine du Deuxième Monde, une modélisation réaliste de Paris, entièrement en trois dimensions.

Alain le Diberder, entretien accordé à Web-3D.fr
« L'idée est née à la fin 1993. [...] Nous venions de sortir "Qui a peur des jeux vidéo ?" et nous réfléchissions aux jeux vidéo du futur. Notre piste était de combiner les aspects communautaires en ligne des MUD américains (Multi-User Dungeons), qui restaient très austères mais passionnants, et les nouveaux jeux en gestation, dans la lignée d'Alone in The Dark, en "vraie" 3D.
[...] Le projet a été accepté immédiatement et lancé à l'automne 94. »

illustrationSoutenu à l'époque par Canal Plus (se voulant à la pointe de l'innovation multimédia) et développé par les studios de la société grenobloise Cryo, le Deuxième Monde a compté jusqu'à 20 000 utilisateurs plus ou moins réguliers et ambitionnait de former les premières communautés virtuelles francophones. Mais peut-être trop avant-gardiste pour l'époque (en 1997, le nombre d'internautes français se limite à quelques dizaines de milliers d'individus), le Deuxième Monde ne trouve pas le modèle économique susceptible d'assurer sa pérennité et aboutit au divorce entre Canal Plus et Cryo.

Le studio grenoblois tentera le lancement d'un nouvel univers virtuel baptisé Venise (une modélisation de la ville italienne sous la Renaissance), suivi de Mankind[17], un projet de gigantesque univers spatial persistant se voulant stratégique et économique... mais comme pour le Deuxième Monde, Venise ne trouvera pas son public et Mankind sera un échec du fait des carences techniques du programme.

 

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15 PvP ou Player versus Player : le mécanisme de jeu n'est pas uniquement coopératif, les joueurs s'affronter les uns avec les autres.

16 Après avoir été conseiller au cabinet du Ministre de la Culture de la Communication Jack Lang (1989-1991) et conseiller pour les programmes et la recherche du Président de France Télévision, Alain le Diberder entre chez Canal Plus au poste de Directeur des nouveaux programmes en 1994.
Frédéric le Diberder travaille chez Cap Gemini depuis 1987. Il est entre autre responsable du projet INFOROUTE (infrastructure Internet, paiement sécurisé, etc.), puis entre chez Canal Plus en tant que Directeur de la recherche et développement des activités On-Line en 1997.

17 Site officiel de Mankind : http://www.mankind.net/