Historique des MMOG #3 - Les jeux de rôle

Rédigé par Uther, illustré par Favos
le 27 avril 2004

 

Loin d'être isolé, ce même mécanisme sera repris dans le cadre de nombreux jeux de plateau, comme le "Mansion of Happiness[8]" de Anne W. Abbot (1843) ou le "Landlord's Game" (littéralement, le "Jeu du propriétaire") de Lizzie J. Magee en 1904. En 1934, Charles B. Darrow s'inspirera de ces jeux pour développer le célèbre "Monopoly" présent aujourd'hui dans la plupart des foyers.

Dans l'ensemble de ces cas, non seulement le joueur est personnifié sur le plateau de jeu par ce que l'on pourra nommer un avatar destiné à évoluer dans un l'environnement ludique, mais les mécanismes de jeu répondent à la culture du lieu et de l'époque qui les vit naître.

 

1.3. Le jeu de rôle

Au début des années 70, on applique les principes du Wargame (un environnement réaliste) et du jeu de plateau (la représentation symbolique du joueur évolue et progresse avec le temps) pour former le jeu de rôle que nous connaissons actuellement. En 1972, Dave Arneson et Gary Gygax créent le premier système de règles du célèbre "Dungeons and Dragons[9]".

illustrationBien que totalement imaginaire et fantastique (inspiré de la "Terre du Milieu" imaginée par J.R.R. Tolkien dans la célèbre saga, "le Seigneur de Anneaux"), l'environnement de jeu de "Dungeons and Dragons" est concret et susceptible d'être appréhendé matériellement par le joueur. Le jeu n'en devient que plus immersif et les joueurs peuvent interagir dans l'espace de jeu. En outre, le système de règles particulièrement détaillé de "Dungeons an Dragons" prévoit très précisément les mécanismes de progression des personnages. Le personnage est évalué par un niveau dont dépendent ses capacités. Il est pourvu d'une série de dons innés (lors de la création) puis les utilise pour développer des compétences nouvelles, acquérir des biens (le personnage est donc doté d'un patrimoine) ou entretenir sa réputation (qui dépend des actions "en société", du personnage).

Avec "Dongeons and Dragons", Dave Arneson et Gary Gygax ont repoussé les limites de la notion de personnalisation du joueur, qui évolue par l'entremise de son personnage dans un univers totalement immatériel et imaginaire, mais régis par un corps de règles physiques précises auxquelles il ne peut déroger. Le joueur façonne son personnage à son image et devient véritablement acteur du monde dans lequel il évolue.

On notera par ailleurs que le jeu de rôle ne vise pas un affrontement entre les joueurs. Au contraire, la partie se compose d'un scénario préparé par le "maître de jeu", dont le rôle est d'imposer une série d'obstacles au groupe de joueurs, oeuvrant de concert pour les surmonter. L'objectif principal est alors d'utiliser au mieux et de façon complémentaire, les compétences propres de chaque personnage.

Dans ce contexte où les jeux se veulent toujours plus concrets, détaillés et immersifs pour le joueur, la fin des années 70 voit la démocratisation de l'informatique et des réseaux numériques.

 

______________

8 Mansion of Happiness (ou le "Manoir du Bonheur") développé par la W&SB Ives Company est considéré comme le premier jeu de plateau moderne.

9 Les manuels de "Dungeons and Dragons" 1ère édition, était sous-titrés "Règles pour Campagnes de Wargames Médiévales Fantastiques, à jouer sur table avec figurines" (traduction libre de "Rules for Fantastic Medieval Wargames Campaigns Playable with Paper and Pencil and Miniature Figures"). La référence aux Wargames est revendiquée par les auteurs.