Battlefield 3, théâtre de guerre juridique

Au nom de l'immersion, les développeurs de jeux misent souvent sur le réalisme. Au point d'utiliser des modèles d'hélicoptères réels dans Battlefield 3, mais au risque que l'avionneur s'en émeuve. EA invoque la liberté d'expression.

Battlefield 3

Nombre de créateurs de jeux (notamment en ligne) s'attachent à immerger les joueurs dans un univers vidéo ludique et pour nombre d'entre eux, à tort ou à raison, l'immersion passe par une quête de réalisme. Peut-être un peu trop, parfois, si l'on en croit les juristes du groupe Textron d'une part et d'Electronic Arts d'autre part.

Selon le blog Kotaku qui se fait l'écho de l'insolite affaire, le groupe Textron (avionneur spécialisé notamment dans la fabrication d'hélicoptères et de drones militaires) aurait enjoint Electronic Arts en décembre dernier de modifier Battlefield 3, pour supprimer du jeu de guerre les représentations fidèles de trois hélicoptères fabriqués par sa filiale Bell (les véhicules visibles dans la « simulation de combat militaire à la première personne » d'EA s'inspirent en effet d'engins de guerre bien réels, dont les marques sont évidemment protégées).
Les juristes des deux groupes recherchent manifestement une solution amiable depuis quelques semaines et faute d'accord, ceux d'Electronic Arts prennent les devants et viennent de déposer un recours devant les juridictions californiennes. Objectifs de la man½uvre : qu'au nom du Premier amendement (posant le principe de liberté d'expression, fondateur aux Etats-Unis), les juges autorisent le développeur à représenter les engins de Textron dans son jeu, quand bien même l'avionneur n'aurait pas accordé préalablement sa bénédiction.

Et la démarche est cohérente puisque la Cour Suprême américaine confirmait en juin dernier que le jeu vidéo (en tant que produit culturel) profite aux Etats-Unis des mêmes libertés de ton et de contenu que le cinéma, la littérature ou la musique.
Pour l'anecdote, on se souvient aussi qu'en décembre dernier, la Croix Rouge revendiquait une approche très réaliste des « jeux de guerre » en matière de droit international humanitaire, enjoignant les développeurs à mieux intégrer les principes de la convention de Genève dans les FPS (militant pour la suppression de scénarios visant à éliminer des personnages non armés ou obligeant le joueur à avoir recours à la torture)... Aux juges, aujourd'hui, de confirmer ou non la tendance.

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