Test de Etherborn - Un jeu sens dessus dessous

Si donner un nom à des concepts en réduit la portée, Etherborn se résume-t-il à un autre puzzle game moyen ou est-il plus que cela ? Vous avez trois heures pour apporter une réponse plus convaincante que celle du jeu d'Altered Matter.

C'est la Voix qui te parle

Dans Etherborn, le joueur incarne un être nouvellement né dans un monde étrange. Un corps translucide dépourvu de voix qui est guidé par une voix dépourvue de corps et dont le discours ressemble aux débuts d'un exposé de philo sur le thème des limites qu'imposent les mots à notre perception de la réalité et comment le langage devient un fardeau pour nos choix. Je ne vous cache pas que le rapport avec le jeu lui-même est plutôt obscur, bien que pour progresser dans les niveaux d'Etherborn, il vous faudra oublier un instant les règles que vous connaissez et acceptez habituellement. En effet, le jeu joue beaucoup avec la gravité et fait tout pour vous faire perdre vos repères.

Où suis-je ? Où vais-je ?
Où suis-je ? Où vais-je ?

Classique à première vue

Les développeurs d'Altered Matter décrivent leur titre comme un mélange élégant de puzzles, d'exploration et de compréhension de structures à la gravité changeante. Ce n'est pas faux, mais il faut apporter quelques précisions. Le but du jeu est de parcourir des niveaux plus ou moins longs et plus ou moins tordus pour arriver à la sortie. À l'intérieur de ces niveaux, on trouve des globes de lumières qui servent à alimenter des mécanismes allant de la simple apparition d'un pont à celle d'une portion entière du niveau. L'essentiel des puzzles consistent donc à trouver le moyen d'atteindre ces globes lumineux pour les amener aux plaques d'alimentation des mécanismes. On peut d'ailleurs regretter que le jeu peine à apporter d'autres mécaniques de gameplay dans ses niveaux, à l'exception de colonnes sortant du sol lorsque le joueur s'approche et se rétractant lorsqu'il s'en éloigne.

Etherborn 9
Etherborn 7

Sentir le sol sous ses pieds

Si le principe de base reste donc relativement classique, Etherborn tente tout de même d'innover dans son gameplay. On l'a dit, le jeu joue avec la gravité, mais de manière plus subtile qu'un passage en gravité zéro. Pour résumer, la gravité du jeu permet au personnage de se tenir perpendiculairement à la surface située sous ses pieds. Imaginez que vous pouvez tenir sur chaque face d'un cube pour peu que vos pieds soient dirigés vers la face en question pour comprendre le principe. Cela implique deux choses. La première, c'est qu'on peut tomber vers le haut s'il n'y a plus de surface sous ses pieds et la seconde, c'est que marcher sur une surface courbe est la seule manière de modifier la direction dans laquelle la gravité opère. Ça a l'air compliqué à l'écrit, mais je vous rassure : on comprend assez vite le principe en jeu même si votre cerveau aura parfois un peu de mal à en appréhender la logique.

Etherborn 4

Le monde à l'envers

Il faut dire que la compréhension des mondes du jeu n'est pas facilitée par la caméra. Celle-ci est automatique et ne laisse que peu de possibilités de contrôle au joueur ; à peine pourrez-vous la déplacer un peu vers la gauche ou vers la droite. Certes, ce choix contribue à désorienter un peu plus le joueur, mais c'est souvent aux dépends de la lisibilité des énigmes. Dans un jeu où il est fréquent de devoir faire des détours ou de se laisser tomber pour trouver la courbe qui nous permet d'être sur le bon plan pour récupérer un globe, c'est un point qui peut rapidement se révéler frustrant. Et on ne parle même pas des quelques cas où la caméra se positionne face au personnage, réduisant encore la visibilité de certains chemins. Dommage que tous les niveaux n'aient pas profité du même traitement que le quatrième dont la gestion des couleurs aide beaucoup à la compréhension des différents chemins possibles.

Etherborn 8
Etherborn 3

Réflexion interrompue

Sérieux ?
Sérieux ?

La durée de vie est également un problème, puisqu'avec seulement cinq niveaux au programme, le jeu se boucle en environ trois heures. Difficile de ne pas se dire que l'arbre qui fait office de hub central est dès lors inutilement grand ou qu'il y a eu des coupes en route. Toujours est-il que terminer le jeu vous ouvre l'accès à un mode "New Game+" qui vous propose de refaire les mêmes niveaux, mais cette fois les globes y sont plus difficiles d'accès. Ou planqués, invisibles, derrière un élément du décor, ce qui ajoute encore aux griefs déjà formulés sur la caméra du jeu. Ceci dit, si les niveaux sont peu nombreux, on sent que les développeurs ont voulu leur donner une identité visuelle propre. Le résultat est plus ou moins réussi, surtout en raison de choix de couleurs pas toujours très inspirés. Certains niveaux sont ainsi bien trop fluo pour le confort des yeux, surtout sur grand écran. D'autres niveaux sont par contre de belles réussites esthétiques. Pour terminer sur une bonne note, on saluera la musique d'ambiance, calme et reposante, parfaitement raccord avec le thème du jeu.

Etherborn 5
Etherborn 6

Épilogue

Je me retrouve dans un état d'esprit assez partagé au moment de conclure ce test. Je dois saluer l'originalité du principe de jeu. L'idée qui régit la gravité est bonne et force vraiment le joueur à réfléchir et à observer son environnement autrement. Malheureusement, un bon concept ne suffit pas à garantir un bon jeu et Etherborn souffre un peu trop des problèmes de caméra et du manque de lisibilité qui en découle. Dommage aussi que le jeu soit si court. On a finalement l'impression que les développeurs tenaient un concept intéressant, mais qu'ils n'ont pas réussi à l'enrichir suffisamment pour permettre au jeu de passer la barre.

Test réalisé par Grim sur PC à l'aide d'une version fournie par le développeur.

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Plateformes Windows
Genres Indépendant, plateformes, puzzle, fantasy

Sortie 18 juillet 2019 (Windows)

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