J'ai enfin vu le docu Game Over et bien que je rejoigne quelques uns des reproches faits ici, je ne comprends pas la vindicte.
C'est un documentaire, pas un reportage. Si vous ne percevez pas la différence, ce n'est pas forcément de votre faute, il y a de plus en plus de reportages qui se font appeler "docus", c'est dommage. Un documentaire, c'est quoi ? C'est un film d'auteur, avec un sujet et un angle d'attaque d'auteur.
Ici on a un auteur qui a voulu parler de sujets qui touchent au jeu vidéo, on peut critiquer l'angle d'attaque, on peut ne pas trop comprendre le rapport entre des goldfarmers, des cosplayeuses japs, thatgamecompany et une guildeuse, mais c'est un choix du réalisateur. Et je trouve que c'est bien traité. Bien monté. Je n'ai pas vu les 50 minutes passer...
Vous assumez comme quelque chose d'évident que le réalisateur, le sociologue ou la psy ne sont pas des gamers. Il est vrai que l'on ne les voit pas jouer. Mais je sais que ce sont des joueurs avant tout. Qu'ils ont fait de ce sujet leur métier car ils sont passionnés par ce média.
C'est un film qui ne s'adresse peut-être pas à une grosse tranche de la population de JoL qui a moins de 25 ans et ne s'est jamais vraiment posé la question du "Pourquoi je joue", mais perso je me la suis posée tout de suite après la fin de mes études. Pourquoi je joue, pourquoi je continue à jouer, pourquoi j'aime me retrouver isolée du monde exterieur avec le casque sur les oreilles, même sans son dedans... C'est un sujet qui, en tant que trentenaire, mère de famille, joueuse et passionnée m'interesse beaucoup.
Ce que je reproche au film c'est un peu son titre (manichéen, négatif, plutôt mal fichu au vu des sujets dedans, mais connaissant plutôt très bien les méandres de la production documentaire sur Arte, on a rarement voix au chapitre sur les titres...), un peu son fil décousu (le rapport entre les sujets m'a un peu échappé), un peu l'emploi du terme "avatar" qui est employé par tout le monde... sauf les joueurs... Mais franchement, globalement, j'ai passé un bon moment devant un bon film.
Le sujet des addictions, le sujet des économies parallèles, le sujet de la personnification, le sujet du jeu émotionnel... franchement, c'est plutôt classe de pouvoir en parler sans sensationnalisme, comme des sujets ... normaux. A la télé.
En vous lisant, je m'attendais encore à un brûlot à côté de la plaque.
Je me retrouve avec un film sur un média tout juste sorti d'une adolescence turbulente (j'ai adoré les mots de J.Chen là dessus).
Produire un film sur le sujet aujourd'hui est une gageure. Croyez moi sur parole. J'ai essayé avec une réalisatrice de films documentaires de monter un projet de docu sur le sujet (plus vaste, il est vrai) des nerds pendant un an pour Arte, franchement, c'est pas facile du tout. Et du coup, voir ça, fait peut-être un peu avancer le schmilblick.
Certains d'entre vous vivez sur votre petit nuage où tout le monde joue aux MOBAS, où tout le monde a conscience de ses limites de jeu, vous avez l'impression de connaître ce média par coeur, alors que je pense que même les gens qui ont fait de l'étude de ce milieu leur métier commencent tout juste à avoir assez de recul pour comprendre ce que l'on fait, là aujourd'hui, avec tous ces écrans devant les yeux.
Oui, les jeux vidéos ont été des accélérateurs de l'adaptation de tous aux nouvelles technologies (c'est le docu qui le dit), c'est par des jeux que nos gamins apprendront à se servir de notre TV connectée, de la souris, des tablettes. C'est à cause du jeu vidéo qu'on se retrouve à débattre de tout et n'importe quoi sur JoL.
Sans doute que c'est super évident pour les 16/22 ans qui sont nés avec ça...
Pour moi c'est super important. De transmettre, de ne pas cliver, de soutenir ce genre de regards. Ouais, c'est pas un film de geek. C'est un film de gamer qui, arrivé à un certain âge se pose des questions sur sa passion.
Et il le fait avec classe.
Merci à lui
Siam
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