Test de SEASON: A letter to the future – Pas juste un road-trip à vélo

Depuis que nous l'avions découvert, le magnifique SEASON ne cessait d'intriguer. Initialement prévu pour automne dernier, le jeu sort finalement en cette fin janvier. Enfourchons donc notre bicyclette et partons à la découverte du monde qui s'offre à nous.

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Chaque saison a son histoire

Estelle aurait pu vivre sa vie tranquillement dans son petit village. Personne n’est parti explorer le monde depuis plus d’une génération après tout. Mais lorsque le rêve d’un ami annonce la fin de la saison, la fin de l’époque dans laquelle elle vit, Estelle décide qu’il est temps pour elle de quitter sa maison pour explorer ce monde inconnu. Elle enfourche donc son vélo et, équipée d’un appareil photo et d’un magnétophone, part à l’aventure avec en tête l’idée de découvrir et d’archiver ce monde. Un voyage qui la conduira dans une vallée voisine sur le point d’être submergée par les eaux dont pourrait émerger une nouvelle saison.

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La (pas si) grande boucle

SEASON emprunte la forme d’un road-trip contemplatif dans lequel le joueur puisera ce qu’il souhaite découvrir. L’aventure revêt donc une forme assez simple : à chaque nouvel endroit découvert par Estelle correspond une page du journal de voyage qui ne la quitte jamais. C’est là qu’elle recueille les différents éléments qu’elle souhaite transmettre aux générations futures. Des éléments qui peuvent prendre des formes variées : enregistrements audio, photographies, textes ou dessins mais aussi objets découverts sur place. Une fois une jauge d’accomplissement remplie, Estelle pourra émettre une conclusion sur la zone visitée, ce qui débloquera de nouvelles décorations qui pourront encore enrichir la page. Chaque élément que vous glisserez sur une page peut-être redimensionné ou incliné, ajouté ou supprimé au gré de vos découvertes.

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Il est bon de noter que le jeu n’impose pratiquement rien au joueur. Celui-ci n’est pas plus obligé de remplir la page qu’il ne l’est de le faire avec des éléments importants. Si, en visitant une ferme, vous décidez que la page sera remplie de photos de vaches, c’est totalement valide pour le jeu. J’appelle d’ailleurs la protagoniste Estelle depuis le début de ce test, mais elle n’est, je pense, jamais nommée par le jeu. Son journal de voyage est avant tout celui du joueur et c’est lui qui choisit le message qu’il souhaite transmettre, dans la forme comme dans le fond. Seuls quelques cas échappent à cette règle générale. Quelques pages se montrent ainsi plus dirigistes en nous posant une question à laquelle nous devrions répondre. Ces pages spéciales nous indiquent quels genres d’éléments sont nécessaires pour les terminer. Mais, de nouveau, la complétion n’est pas obligatoire, elle est juste là pour vous guider dans la compréhension du monde dans lequel vous évoluez.

Exemple de page "imposée"
Exemple de page "imposée"

Au rythme des saisons

C’est là que se trouve à mon sens la plus grande réussite de SEASON. Puisqu’il n’a pas d’impératifs, le joueur reste libre d’explorer le monde au rythme qui lui convient. C’est surtout vrai dans la vallée de Tieng, qui est l’endroit où vous passez le plus de temps. On se laisse donc porter, au gré des chemins que l’on croise, des rencontres que l’on fait et des questions que l’on se pose sur les évènements sur le point de se produire. Ça fonctionne très bien, d’autant qu’il se dégage de SEASON une ambiance particulière difficile à retranscrire. Le jeu s’interroge ainsi beaucoup sur les souvenirs et sur la marque qu’ils laissent sur le présent et le futur. Une thématique intéressante pour peu qu’on soit ouvert à la réflexion qu’elle propose. Attention par contre, le début du jeu n’est peut-être pas la meilleure illustration des qualités du titre. Ne vous forcez pas à compléter une page du livre dès qu’elle est disponible, dans un réflexe très « jeu vidéo ». SEASON est un jeu qui se consomme à son rythme.

Des rencontres
Des rencontres
et des moments à partager
et des moments à partager

J’ai parcouru des paysages que je voyais pour la première fois

Pour ne rien gâter, le jeu profite d’une réalisation graphique très particulière. Comme pour souligner que l’on ne voit pas assez la beauté du quotidien, ce sont les décors du village de départ qui m’ont paru les moins réussis. Dès qu’on en sort par contre, c’est souvent un plaisir pour les yeux, entre ce bois sombre éclairé par la lumière de multiples lampions accrochés aux branches ou cet étrange champ de fleurs. Un plaisir que l’on voudrait explorer un peu plus librement, sans heurter régulièrement les murs qui balisent tout ça et qui se montrent souvent frustrants (en plus de faire perdre le nord à la caméra).

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On remarquera également que le design des quelques personnages que l’on rencontre est très particulier. Le jeu ne cherche pas le réalisme et préfère une apparence très stylisée, qui accentue les proportions de certains. Ce rendu fonctionne pourtant très bien, et je me suis senti connecté à ces personnages, grâce à leurs histoires et aux souvenirs qu’ils portent en eux. On peut d’ailleurs remarquer que la protagoniste du jeu ne parle pas durant les séquences où elle échange avec les habitants alors qu’elle est doublée durant le reste du jeu. Comme si, de nouveau, le jeu voulait souligner que c’est le joueur qui communique au travers de ces choix de dialogue, et pas Estelle.

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Se mettre des bâtons dans les roues

Au-delà des murs qui entrave un peu notre liberté, la maniabilité du vélo avec lequel nous circulons est un autre élément qui peut se montrer frustrant. Le jeu a prévu deux modes de contrôle et même en utilisant le mode simplifié (le mode normal vous demande d'utiliser les gâchettes pour pédaler), voire Estelle mettre pieds à terre au moindre obstacle est assez lassant. N'espérez toutefois pas vous en passer, les déplacements sont assez lents pour qu’il soit bienvenu de pouvoir accélérer un peu le mouvement. Toujours dans le domaine des petits défauts, j’aurais vraiment voulu une option pour modérer ou même supprimer l’effet de distorsion de l’image qui accompagne certains éléments du jeu. Vous en avez un exemple en image dans ce test, et le résultat est encore plus insupportable en mouvement.

Un effet dont je me passerais volontiers
Un effet dont je me passerais volontiers

Je terminerai ce test sur un dernier point. Fait assez rare pour un jeu de ce genre, SEASON bénéficie d’un doublage francophone intégral, qui s’ajoute à la plus habituelle traduction des textes et au sous-titrage des dialogues. Honte à moi, je dois pourtant avouer avoir préféré les voix anglaises, qui me semblaient plus en accord avec l’image sonore que j’avais du personnage que j’incarnais. Ou peut-être étais-je simplement habitué à la voix que j’avais entendue lors des bandes annonces ou lors de la démo. Toujours est-il que je ne suis jamais entré dans la version française du jeu.

Alors, que faut-il penser de SEASON ?

J’ai adoré. Je n’avais qu’une envie à la fin du jeu et c’était de m’allonger dans l’herbe et de fermer les yeux pour écouter les conseils du père d’Estelle. SEASON a été un beau voyage, à parcourir à votre propre rythme. J’ai ainsi mis pratiquement 9 heures pour le finir, ce qui me semble être une bonne durée pour ce que le jeu propose.

Test réalisé par Grim sur PC à l'aide d'une version fournie par le développeur

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Plateformes PlayStation 4, PlayStation 5, Windows
Genres Aventure, contemporain

Sortie 31 janvier 2023 (PlayStation 5)
31 janvier 2023 (PlayStation 4)
31 janvier 2023 (Windows)

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