Test de Dakar Desert Rally - La bonne orientation

Le Dakar a tenté quelques excursions dans le jeu vidéo au fil des années, sans jamais vraiment trouver la bonne formule. Il y a quelques années, c'est Dakar 18 qui manquait le coche à cause de sensations de conduite pas vraiment là. Mais aussi à cause d'un gameplay pas encore au point sur toute la partie orientation d'une compétition symbolisée par la nécessité pour les pilotes de trouver leur chemin dans d'immenses déserts. Quatre ans plus tard, Saber Porto retente le coup avec Dakar Desert Rally, et disons-le : c'est une bonne surprise.

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À la hauteur de l'épreuve

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Le Dakar existe au travers d'une histoire à part, celle d'un rallye-raid au destin sulfureux, entre les événements tragiques qui y ont eu lieu et la délocalisation au fil des années loin du continent Africain, d'abord en Amérique du Sud puis désormais en Arabie Saoudite. Pourtant, c'est une épreuve qui continue de fasciner parce qu'il a un statut à part des autres rallye-raid, tant pour son envergure que pour les spécificités d'une épreuve réputée terriblement difficile. Le rallye-raid a pour essence une forme de liberté dans son déroulement, chaque concurrent ayant un roadbook lui indiquant les différents points d'étape (coordonnées GPS notamment) à passer avant de rejoindre l'arrivée, avec ce que cela implique d'équipages qui se paument, de voitures et camions bloqués dans les dunes et de soucis mécaniques qu'il faut tenter de régler soi-même pour arriver au bout dans le temps imparti. Autant d'éléments que Saber Porto tente d'incorporer dans un jeu qui prend à contrepied ce que l'on voit habituellement en matière vidéoludique, la vitesse et le fait de dépasser physiquement ses concurrents n'étant pas nécessairement l'élément central de la course. Et pour compléter le Dakar, le jeu nous donne accès à plusieurs types de véhicules : moto, voiture, camion, quad et buggy, chacun avec ses propres spécificités. La moto ou le quad par exemple sont de véritables aventures solitaires, avec ces véhicules puissants, agiles, mais aussi fragiles, tandis que le camion pousse à trouver des chemins alternatifs afin de ne pas se retrouver basculé sur le côté, alors que la voiture se caractérise essentiellement par sa vitesse et le fait, comme le camion, d'avoir un copilote qui nous donne des indications sur la route à suivre. Une fois le véhicule choisi, selon nos affinités, nous voilà plongés dans l'enfer du Dakar : le jeu nous emmène sur une carte qui symbolise le nord-ouest de l'Arabie Saoudite, où les panoramas sont variés, entre montagnes et collines, désert, bord de mer et même un peu de neige. Une trentaine d'étapes tirées du Dakar de ces trois dernières années permettent donc de mettre à l'épreuve à la fois nos compétences de pilotes, mais aussi notre sens de l'orientation.

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Car si Dakar Desert Rally propose un mode "sport" assez conventionnel où chaque point d'étape est balisé, permettant de se concentrer à 100% sur la conduite et le fait d'aller plus vite que les concurrents, c'est dans son mode "professionnel" que le jeu révèle tout son intérêt. En effet, dans ce mode, le fameux roadbook du Dakar nous est remis, consultable soit dans le menu soit en bas à droite de l'écran, où des indices sont distillés pour nous orienter vers le prochain point d'étape. Il s'agit d'orientations GPS, de quelques notes (présence d'arbres ou rochers, de rivière...) ou même de consignes type "suivre le chemin" quand on doit suivre un chemin déjà visible. Terriblement grisant, ce mode permet de se mettre dans la peau d'un concurrent du Dakar, perdu au milieu du désert, se demandant constamment si nous sommes sur le bon chemin en tentant de rejoindre l'arrivée de l'étape le plus vite possible sans manquer aucun point d'étape (ou "waypoint"). La navigation est une telle réussite que le plaisir est immédiat, même s'il y a un léger temps d'adaptation pour comprendre la manière de lire le roadbook, obligeant constamment à être vigilant à la fois sur l'environnement et sur les indices offerts, puisque tout point d'étape manqué est immédiatement sanctionné. Sanction de temps dans un premier temps, puis élimination en cas de deuxième étape manquée. De la même manière, c'est sur le roadbook que sont indiquées certaines obligations, comme le fait de respecter une vitesse maximale (en général 90 km/h) dans les zones habitées, au risque de se voir infliger une pénalité de temps. Un mode simulation, en outre, est disponible à partir du niveau 25 (soit après une dizaine d'heures), celui-ci réduisant encore plus les informations d'orientation et augmente le niveau des adversaires.

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Et c'est d'autant plus grisant que les panoramas sont gigantesques, le nord ouest de l'Arabie Saoudite étant un mélange de désert avec ses dunes, de collines et de montagnes, mais aussi d'oasis : cela offre quelques passages merveilleux visuellement avec un vrai sentiment de s'y perdre. Et ce même si l'on pourrait reprocher au jeu de ne pas suffisamment insister sur le caractère solitaire du Dakar, car l'on finit souvent par retomber sur nos pattes, sans complètement avoir le sentiment d'être entièrement isolé au milieu de nulle part. De la même manière, on aurait aimé que le jeu propose plus de modes, puisqu'il faut se contenter d'un mode carrière où l'on dispute la trentaine d'étapes avec les véhicules souhaités et d'un mode en ligne où s'enchaînent des courses similaires. On aurait aimé par exemple un mode coopératif plus renforcé, notamment en camion ou en voiture, où le copilote joue un vrai rôle sur l'orientation. De la même manière, il manque à ce jour la possibilité d'explorer la carte librement et le fait de créer ses propres étapes avec un roadbook personnalisé, des éléments promis par le studio pour une future mise à jour. En outre, il faut noter que le jeu met de côté toute la partie dépannage et réparation des véhicules en cours d'étape : si Dakar 18 permettait de sortir du véhicule pour le dépanner ou d'utiliser des pelles pour aider un véhicule à dégager des roues couvertes de sables au dessus d'une dune, Dakar Desert Rally se concentre avant tout sur la course.

Des sensations, enfin !

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Son aîné décevait tout particulièrement à cause de son gameplay, avec ces véhicules pénibles à conduire malgré les bonnes idées déjà esquissées à l'époque en matière d'orientation. Le studio a donc semble-t-il largement bossé son sujet puisque enfin, les sensations de conduite sont là. Et ce avec des véhicules plus nerveux, mais aussi plus lourds, on ressent par exemple toute la difficulté à négocier une dune avec un camion, tant pour la franchir que pour éviter de se retourner, tandis que l'impression de vitesse est parfois effrayante avec les motos (surtout quand on fonce entre les rochers). C'est, à mon sens, en camion que le jeu est le plus appréciable, tant le camion allie la technicité de la conduite à la difficulté de se faire un chemin au travers de certains passages d'étape où il faut aborder la route de la meilleure manière pour éviter de s'embourber ou de se retourner. On peut regretter toutefois que les motos, bien qu'agréables à jouer compte tenu de leur vitesse et leur agilité, souffrent d'une physique parfois douteuse, notamment dans les virages où l'on a tendance à faire demi-tour sans le vouloir à cause d'une glisse extrêmement importante, même quand le terrain ne s'y prête pas. Cette trop grande sensibilité dans la direction pousse constamment à l'erreur, obligeant bien souvent à négocier des virages en ralentissant considérablement, même lorsque la topographie de la zone, complètement découverte, se prête parfaitement à rouler le plus vite possible.

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C'est, en outre, une vraie réussite visuelle. D'abord pour les panoramas évoqués plus tôt, mais aussi pour le cycle jour/nuit et les variations météorologiques en pleine étape qui bouleversent autant l'ambiance que les difficultés rencontrées en course (tracer à vivre allure au milieu d'arbres quand on voit rien à plus de 10 mètres devant soi, c'est stressant). On sent, certes, quelques limitations techniques pour un jeu qui n'est pas à la hauteur des cadors de la simulation automobile, mais il y a un tel travail fait sur la direction artistique, qui valorise la variété des environnements, et la beauté des effets de lumière qu'on se plaît à explorer les dunes et montagnes qui composent le désert saoudien. Souvent spectaculaire visuellement, le jeu insiste en plus dessus en proposant une caméra "cinématique" qui, si on le souhaite, permet de jouer avec une vue du dessus, depuis l'hélicoptère qui filme l'épreuve, permettant d'apprécier les différents environnements. Si ce mode est assez peu jouable dans certaines zones escarpées, il nous arrive de l'activer dans les zones les plus désertiques pour apprécier l'envergure du désert. Pourtant, la carte n'est pas si grande, certaines zones se répètent et on recroise souvent les mêmes points d'étape, mais ça fonctionne dans l'ensemble plutôt bien et l'illusion de grandeur est bien présente. Malheureusement, le jeu souffre de sévères ralentissements en mode "performance", passant de 60 à 45 images par seconde quand l'écran est plus chargé (pluie, présence d'un autre véhicule...). 

Conclusion

On y allait sans trop de convictions en passant y trouver des défauts similaires à son aîné Dakar 18, mais cet nouvel opus nous a fait mentir. Très efficace sur la course d'orientation et l'utilisation du roadbook, le jeu propose quelque chose d'assez unique dans la simulation automobile, avec un sentiment de liberté plutôt intéressant qui prouve qu'il y a une vraie carte à jouer pour le rallye-raid en jeux vidéo. Même pour les personnes qui ne sont pas fans de course automobile, il peut y avoir un vrai intérêt là à se jeter sur un jeu qui met notre sens de l'orientation à l'épreuve, et notre capacité à suivre des indices parfois obscurs sur un roadbook qui aide autant qu'il peut parfois frustrer. Certes, il manque encore quelques modes qu'on espère voir arriver dans une prochaine mise à jour, comme cela a été promis par le studio. Mais Dakar Desert Rally dépasse si bien son concept initial, en proposant enfin un gameplay grisant et des panoramas spectaculaires, qu'on a encore du mal à le lâcher après de nombreuses heures de jeu. 

Test réalisé par Hachim0n sur PlayStation 5 à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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