Test de Gordian Quest - Un Deckbuilder complet et réussi

En quête de combats

Rien ne va plus dans la région de Westmire. Les pillards volent tout ce qu’ils peuvent, les monstres pullulent dans la région et une mystérieuse secte tente de réveiller un mal ancien. C’est dans ces circonstances idéales pour un mercenaire que vous débarquez une ville, bien décidé à combattre tout ce qui vous tombera sous la main avec l’aide de tous ceux qui seront prêts à vous prêter main forte. Bon, je ne vais pas vous mentir, le scénario n’est pas le premier truc que je retiendrai de Gordian Quest tant le mode scénarisé du jeu est surtout un prétexte à vous introduire aux différents personnages jouables. En effet, en plus de ce mode campagne, Gordian Quest propose un mode baptisé « Royaumes » pour des parties plus rapide au fonctionnement très rogue-lite : une carte, plusieurs chemins possibles, vous avancez de nœuds en nœuds sans pouvoir revenir en arrière. Enfin, Gordian Quest intègre un mode JcJ nommé « Passe d’armes ».

Sac de nœuds

En mode campagne, vous débutez la partie en choisissant votre héros parmi la dizaine de classes disponibles, les autres personnages vous rejoignant au fur et à mesure de la progression dans le scénario pour finalement former une équipe de maximum 3 personnages. Vous êtes ensuite lâché dans un village qui fait office de hub central. Ce hub est la seule différence majeure entre le mode campagne et le mode royaume. Que ce soit une ville ou un simple camp, c’est l’endroit où vous repassez entre chacune de vos expéditions vers l’extérieur, pour vous reposer ou soigner les blessés. C’est également dans ce hub que l’on trouve les marchands qui vous vendent tant de l’équipement que des provisions pour la route. Et c’est enfin là que vous trouvez les artisans qui peuvent vous donner les moyens d’améliorer votre matériel : enchantement chez Wynne, ajout d’un emplacement de runes chez Barnaby ou recyclage de vos encombrants chez le forgeron. C’est également là que vous trouvez un hall de guilde qui vous permet de changer la composition de votre équipe. À ce sujet, on note avec plaisir que tous les personnages gagnent de l’expérience, qu’ils soient ou non dans votre équipe.

Il sera pourtant vite l’heure de sortir de ce havre de sécurité pour se confronter au monde extérieur. La carte du monde se présente sous la forme d’un ensemble de points (ou nœuds) reliés entre eux. Votre groupe se déplace de nœud en nœud et vous ne pouvez pas en atteindre un sans avoir résolu le précédent. Car chaque nœud contient une activité : explorations (des nœuds où vous pouvez gagner des récompenses en évitant des monstres), des zones de repos, des donjons (qui sont eux-mêmes des ensembles de nœuds à parcourir mais avec la particularité de devoir être terminés pour pouvoir sortir) ou encore des évènements textuels qui vous proposeront un choix, parfois bénéfique, parfois handicapant. Mais bien sûr, un grand nombre de nœuds seront dédiés aux combats.

Garder la ligne !

En combat, Gordian Quest ne bouleverse pas les bases des deckbuilders. Votre équipe occupe le côté gauche du terrain, l’adversaire occupe le côté droit et chacun reste chez lui. Chaque personnage (allié comme ennemi) attaque à son tour, selon un principe d’initiative individuelle, en utilisant des cartes présentes dans votre main et issues de votre deck personnel. Comme c’est devenu une habitude également, les actions de l’adversaire vous sont annoncées dès le début du tour, vous laissant libre de choisir comment y répondre. Toutefois, le terrain sur lequel prend place les combats apporte une dimension tactique en donnant de l’importance au placement de vos personnages.

En effet, loin du classique face à face sur une seule ligne, les combats de Gordian Quest prennent place sur une grille découpée en 3 voies et 6 lignes. Ce qui change pas mal de choses. D’abord, vos attaques ont une portée limitée, tant concernant les voies (vous ne pouvez attaquer que dans votre voie ou dans les voies contiguës) que concernant les lignes. Point intéressant, le même principe s’applique aux attaques adverses et on comprend rapidement qu’il est plus efficace d’éviter une attaque en se déplaçant hors de portée que d’essayer de la bloquer avec des cartes défensives. Pour en profiter, on peut utiliser des points de stratégie, une ressource que l’on obtient durant les combats et qui nous donne accès à des cartes spéciales, comme un déplacement, dont le coût est indépendant de vos points d’action. Encore mieux, plus vous avancez dans le jeu, plus vous tombez sur des terrains spéciaux, encombrés d'obstacles qui gênent les deux camps dans leurs manœuvres. Bref,  le système est déjà sympathique de base, et je ne vous ai encore rien dit sur l’évolution des personnages.

Les combats, c’est fait pour progresser

Chaque combat remporté vous rapporte en effet loot et expérience pour faire progresser votre personnage. Ces équipements que vous obtenez en récompense peuvent avoir des effets variés, allant du simple bonus à une de vos stats aux résistances à certains types de dégâts. Mais certains peuvent aussi ajouter une nouvelle carte à votre deck, comme une carte de soin ou encore un sort de missiles magiques. Ne vous attendez par contre pas à crouler sous le stuff légendaire ultra-puissant. Il y a bien de l’équipement légendaire, vous en recevrez à l’occasion, mais ça reste rare. De manière générale, l’équipement est le premier point qui rend vos personnages plus puissants grâce à l’amélioration de vos statistiques. Chaque carte de votre deck a en effet une couleur qui détermine de laquelle de vos statistiques elle tire avantage.

L’autre pan de l’évolution du personnage concerne bien sûr l’expérience et les gains de niveaux associés. Chaque gain de niveau vous donne un point de compétence à dépenser dans un arbre qui risque de vous sembler étrange. Présenté sous la forme d’un bloc carré, il semble bien petit en début de partie. En fait, tous les quelques points de compétences, vous débloquez un nouveau bloc que vous pouvez choisir et relier à votre arbre existant. Un choix important car, autre particularité de Gordian Quest, vos personnages construisent leur deck de cartes depuis trois ensembles de cartes différents, chaque ensemble ayant ses propres particularités. Le Ranger par exemple peut puiser dans un ensemble de cartes de Tireur d’élite qui le spécialise dans le combat à distance, dans un ensemble de Trappeur plutôt orienté sur les pièges ou encore dans un ensemble de Sentinelle dédié à la construction d’armes sur le terrain. Chaque bloc que vous choisissez est lié à l’un de ses ensembles et vous permet donc de débloquer des cartes de cet ensemble pour enrichir votre deck. C'est également dans ces blocs que vous trouvez les compétences permettant d'améliorer les cartes (en augmentant leurs statistiques brutes) ou encore de maîtriser une carte (ce qui lui ajoutera un effet spécial).

Riche mais…

Gordian Quest est un jeu auquel j’ai pris beaucoup de plaisir à jouer mais qui n’est pourtant pas exempt d’éléments moins réussis. Commençons par le plus évident : l’équilibrage de la difficulté. Certes, le jeu possède une base de rogue-lite et la mort fait partie du voyage, mais ça ne m’empêche pas d’être dubitatif devant certains choix. Le mode Royaume par exemple augmente la difficulté des affrontements tellement rapidement qu’il est impossible de suivre, et on se retrouve vite avec des écarts de 4-5 niveaux, même en prenant tous les nœuds de combats pour gagner un maximum d’expérience. On retrouve également ce problème dans la campagne, où je me suis retrouvé dès l’acte 2 avec des nœuds proposant des combats d’un niveau +10 par rapport à mon groupe. Ça pique un peu. Comme la montée en niveaux n'est pas des plus rapides, on se retrouve donc à multiplier les passages où on explore la carte dans le seul but de trouver des combats abordables pour monter en niveau.

Cet équilibrage à revoir m’amène à un autre point sur lequel le jeu m’a peu convaincu : sa manière d’introduire ses mécaniques au joueur. Rappelez-vous, je vous ai dit qu’il y avait 10 personnages disponibles pour votre groupe, chacun avec 3 ensembles de cartes et donc 3 philosophies de jeu distinctes.  Or, le jeu vous introduit très mal les mécaniques propres à chaque personnage, principalement pour ceux dont le gameplay est très orienté sur les statuts qu’ils appliquent aux ennemis. Cela rend la mise à niveau des compagnons que l’on récupère tard assez hasardeuse et m’a conduit à un classique du jeu de rôle en équipe : j’ai utilisé les compagnons obtenus au début pratiquement jusqu’à la fin.

Le point technique

Techniquement enfin, Gordian Quest livre une prestation très propre. Le jeu est disponible en français pour ses textes, et je n’ai pas noté de problème particulier de traduction. Visuellement, le jeu est plutôt réussi, comme vous pouvez le voir sur les images qui accompagnent ce texte. Je mettrais par contre la musique en retrait, celle-ci ne m’ayant pas marqué. Enfin, l’occupation disque échappe à l’inflation qui touche nombre de jeux récents avec un petit 3 Go sur le disque dur.

Conclusion

Gordian Quest est un jeu très sympathique malgré quelques défauts. Riche à en devenir un peu fouillis, c’est un jeu  qui ne révèle ses subtilités qu’avec le temps mais dans lequel le débutant pourra également trouver du plaisir.

Test réalisé par Grim sur PC à l'aide d'une version fournie par le développeur.