Test de Xuan-Yuan Sword VII - En quête de renaissance

Disponible depuis fin 2020 sur PC (Steam), Xuan Yuan Sword VII débarque ces jours-ci sur console. Septième épisode canonique d'une série de jeux vidéo née à Taiwan au début des années 1990, le titre développé par DOMO Studio et Softstar tente de présenter la saga en Occident après avoir connu un succès phénoménal à Taiwan et en Chine. À tel point que les adaptations (romans, série télé, série animée...) et les spin-off sont nombreux. En se dévoilant enfin dans nos contrées, Xuan-Yuan Sword VII apparaît comme un A-RPG aux influences multiples, venant souvent des RPG occidentaux.

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L'imaginaire d'une lointaine contrée

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Puisque c'est une question que beaucoup risquent de se poser en voyant le titre affublé d'un "7", ce nouvel épisode de la saga principale Xuan-Yuan Sword n'exige aucune connaissance sur son univers. Très différent de ses prédécesseurs, le jeu fait entrer la saga dans une nouvelle ère en puisant dans d'autres inspirations. Les précédents épisodes étaient essentiellement des jeux de rôle PC, avec des influences venues du Japon et ses RPG au tour par tour. Notamment l'épisode Xuan-Yuan Sword : The Gate of Firmament, qui a bénéficié d'une sortie très discrète sur Steam en 2016 en version anglaise. Cependant, ce septième épisode (qui est en réalité le 13ème, en comptant les spin-off) regarde ailleurs, d'abord en passant à de l'action-RPG avec des combats en temps réel, mais aussi avec une structure (tant narrative que sa carte) qui rappelle d'autres titres, notamment le faux-monde ouvert d'un The Witcher 2, qui semble avoir beaucoup inspiré les créateurs du jeu quand il s'agissait de voir ce qui pourrait permettre à la saga de franchir une nouvelle étape. Néanmoins, ce serait réducteur d'en rester à cette comparaison, puisque Xuan-Yuan Sword VII développe sa propre mythologie et une histoire prenante, avec des personnages sympathiques au caractère qui se dévoile doucement, jusqu'à devenir (et de manière inattendue) plutôt touchants. Le jeu propose une histoire dense, parsemée de bonnes idées, dans un lore généreux que l'on se plaît à découvrir. Point de rupture avec ses prédécesseurs qui s'adressaient à un public déjà acquis à sa cause, Xuan-Yuan Sword VII fait table rase du passé pour conquérir un nouveau public, sans pour autant renier des origines qu'il affirme fièrement avec un univers forcément emprunt de la mythologie ou de l'histoire chinoise, avec ses guerriers, ses royaumes et ses monstres que notre héros chasse autant qu'il le peut. 

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Le titre offre de vrais grands moments, profitant d'une histoire qui alterne entre des moments épiques et des scènes plus intimes, dans une véritable quête de renaissance pour un héros, Taishi Zhao, qui tente de trouver un sens à la guerre personnelle qu'il mène pour sauver sa sœur, assassinée, mais dont la forme physique peut être restaurée selon les dires d'une curieuse divinité qui s'offre à lui. Une histoire rondement bien menée, bien que la narration reste en dents de scie avec quelques moments de flottement et une mise en scène parfois ratée. On sent tout de même l'investissement conséquent mis dans le jeu, puisque les personnages sont incarnés en performance capture par des acteurs et actrices, ce qui permet de crédibiliser certaines scènes qui pèchent malgré tout sur leur mise en scène. Néanmoins, l'écriture est souvent de bonne facture, avec un récit qui ne s'écarte jamais de son objectif et qui reste plutôt clair du début à la fin, y compris pour des personnes qui ne connaissent pas grand chose au lore de Xuan-Yuan Sword ou à la mythologie que la saga raconte à sa manière. Notons, d'ailleurs, que le jeu profite d'une traduction française plutôt correcte, malgré quelques fautes et soucis techniques, notamment une poignée de lignes de sous-titres qui ne se sont jamais affichées. Plus que la traduction elle-même, il faut saluer la volonté de la proposer pour un titre qui se jette à l'inconnu, vers un public français qui n'a probablement jamais entendu parler de cette vieille saga née à Taiwan au début des années 1990.

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Enfin, la narration passe aussi par des quêtes secondaires multiples que l'on trouve au cours de notre voyage. Puisque Xuan-Yuan Sword VII, à la manière de bon nombre de RPG, pousse notre héros et sa sœur, ainsi qu'une vieille connaissance rencontrée en cours de route, à traverser les montagnes d'une région en proie aux violences d'une milice et de monstres. Un voyage au cours duquel ce beau monde est amené à traverser plusieurs villages, qui offrent d'ailleurs pour certains des ambiances radicalement différentes et un nouvel angle de vue sur le monde raconté, des villages où l'on rencontre des habitants qui nous prennent inévitablement pour le coursier ou l'homme à tout faire. Une structure classique, mais qui a le mérite de permettre d'accéder à des quêtes secondaires qui, parfois, développent un peu plus le lore de Xuan-Yuan Sword VII, ou qui parfois sont franchement oubliables. Une irrégularité dans les qualités des quêtes, qui sont heureusement souvent rattrapées par quelques bons mots au cours des dialogues et de bonnes occasions de découvrir des personnages atypiques. L'une d'entre elles, notamment, qui nous accompagne tout au long de l'aventure en incitant à jouer à un mini-jeu sur table, se termine de manière très émouvante.

Une aventure désarmée

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Au-delà de sa narration, Xuan-Yuan Sword VII offre un système de combat nerveux, qui a de l'énergie à revendre, avec un impact des coups plutôt réussi. S'éloignant du tour par tour de son prédécesseur, le titre offre un système assez similaire à la plupart des simili-RPG et jeux d'action aventure modernes : coup simple, coup fort, parade et esquive, associé à une ou deux touches de plus pour les compétences spéciales, et nous voilà lancés dans un jeu qui sait mettre en valeur ses combats. Très plaisant les premières heures, le jeu peine toutefois à se renouveler sur la durée à cause d'un nombre très restreint de combos et de compétences, à tel point que les combats se répètent vite. Le bestiaire a toutefois le mérite de proposer suffisamment d'archétypes d'ennemis différents pour inciter à utiliser tous les moyens à disposition pour s'en défaire, d'autant plus que la difficulté peut parfois être plutôt relevée à cause de boss qui constituent souvent de sacrés murs de difficulté. On regrette quand même que cette difficulté, au-delà de la puissance d'impact des boss, se traduise aussi et surtout par des ennemis qui sont des sacs de points de vie à n'en plus finir, à l'image de l'ultime boss du jeu. Notons tout de même que le jeu propose suffisamment de modes de difficulté pour proposer des niveaux d'exigence très différents. Malheureusement, le bestiaire, bien que diversifié sur ses caractéristiques et l'approche nécessaire pour abattre les ennemis, reste assez petit puisqu'on découvre la quasi-totalité du bestiaire une fois arrivé à la moitié du jeu, le reste se répétant à l'infini, à une ou deux exceptions près.

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La progression des personnages, quant à elle, est au départ plutôt classique. Un système de niveau est attaché au personnage principal, les compagnons étant intégralement gérés par le jeu, avec des statistiques augmentées à chaque passage de niveau de manière automatique. Là où Xuan-Yuan Sword VII fait preuve d'originalité, c'est sur ses compétences passives qui se développent via des "âmes" à récupérer sur les ennemis, à acheter ou à fusionner dans un outil d'alchimie pour obtenir divers bonus. Le système est assez archaïque, mais surtout mal expliqué, il faut mettre les mains dedans pour finir par en comprendre l'intérêt et découvrir que c'est un passage presque obligé pour avoir un nouveau gain de résistance et de puissance. Côté compétences actives, le jeu est plutôt chiche avec une poignée d'entre elles qui peuvent donner un avantage au combat et qui s'explique aussi par la volonté d'avoir un jeu vif et dynamique dans ses combats avec au plus quatre ou cinq touches utiles. Un choix qui permet certes aux combats de ne pas trop s'éparpiller, mais qui fait souffrir d'une répétitivité au jeu au fil des heures puisqu'il manque cruellement de magies et compétences, les ennemis n'ayant pas de faiblesses particulière et s'abordant tous de la même manière, à l'exception de leurs patterns d'attaque et de leurs boucliers. Si la série doit faire un effort pour un éventuel nouvel épisode, ce sera sûrement là-dessus, afin d'éviter le sentiment de tourner en rond sur les trois ou quatre dernières heures (sur la quinzaine nécessaire pour en voir le bout) où le jeu ne nous fait plus rien découvrir de nouveau côté combats.

La générosité primant sur le reste

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Certes, visuellement, le jeu a quelques générations de retard. Les textures dans les décors ne sont pas très jolies à regarder de près, mais les personnages profitent d'une modélisation plus poussée et d'une performance capture qui leur donne plus de vie, traduisant l'ambition d'un jeu qui veut faire quelque chose de grandiose. Une envie qui se retrouve lorsque le jeu dévoile quelques panoramas, des moments de récompense visuelle où l'on est confronté à la découverte d'une nouvelle zone, souvent plutôt jolie, après une ascension ou une traversée d'une zone semée d'obstacles, après un donjon pénible ou une forêt infestée de monstres. On sent l'envie de dépasser les limitations techniques d'un jeu qui accuse son âge à peine sorti, en mettant en avant une envie, une ambition et une générosité qui lui fait beaucoup de bien. Cette générosité se traduit par un soin apporté aux couleurs des différentes zones qui renouvellent régulièrement l'aspect visuel du jeu à mesure que l'on s'enfonce dans une région montagneuse aux milles ambiances. Un renouvellement bienvenu pour un jeu qui, malgré cette diversité, parvient toujours à garder une forme de cohérence, comme si cette région était réelle et qu'elle formait un tout logique. Des montagnes enneigées à la forêt poisseuse, les plaines enchanteresses ou les rizières abandonnées, un village dévasté ou une forteresse assiégée, une ville commerçante entourée de remparts ou un village modeste au pied de la montagne, tant de zones qu'il est agréable de traverser et de parcourir, dans un jeu dense malgré la taille plutôt "petite" de sa carte, comparé aux ténors du genre.

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Toutefois, plus que les limitations visuelles, le jeu souffre de problèmes techniques sur consoles qui s'expliquent certainement par le fait que DOMO Studio n'avait jamais porté ses titres sur consoles. Originellement cantonné au jeu PC, le studio se tente cette fois-ci aux PlayStation 4 et Xbox One et le résultat est plutôt compliqué. Le jeu souffre en effet d'un stuttering omniprésent, de textures qui s'affichent tardivement et de clipping, à tel point que les animations parfois archaïques des monstres et personnages passent au second plan. Sans être une catastrophe complète, il est tout de même dommage que le jeu souffre de ce genre de choses malgré des graphismes qui n'ont pas grand chose d'impressionnant. Il est bon d'ailleurs de préciser que nous n'avons pas pu tester le jeu sur PlayStation 4, mais avons profité de la rétro-compatibilité sur PlayStation 5. Difficile de dire toutefois si le jeu profite de la puissance de la console ou si l'expérience est identique à la PS4.

Conclusion

Généreux sans tomber dans l'excès, Xuan Yuan Sword 7 trouve son rythme et offre une quinzaine d'heures tout ce qu'il y a de plus agréable. Série populaire en Chine, méconnue dans nos contrées, elle s'invite toutefois en multipliant les inspirations et références aux RPG occidentaux sans pour autant renier ses origines et son identité. S'il nous arrive de lever les sourcils face à quelques errements techniques et son apparence datée, il est difficile d'en tenir rigueur à cette œuvre surprenante dont la narration offre de très beaux moments, allant parfois convoquer des situations épiques, et d'autres plus intimes, plus touchantes, alimentés par une jolie bande originale. 

Test réalisé par Hachim0n sur PlayStation 5 (en rétro-compatibilité PlayStation 4) à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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Plateformes PlayStation 4, Windows, Xbox One
Genres Action-RPG, jeu de rôle (rpg), asie, chine impériale

Sortie 28 octobre 2020 (Windows)
30 septembre 2021 (PlayStation 4)
30 septembre 2021 (Xbox One)

Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.