Test de Twin Mirror - Dontnod à son apogée

Après deux aperçus, nous avons enfin pu parcourir Twin Mirror jusqu'à sa conclusion. Autant le dire tout de suite : il s'agit probablement du meilleur jeu Dontnod paru à ce jour.

Précédemment dans Twin Mirror

J'ai déjà présenté le contexte de l'histoire lors du premier et du second aperçu que je vous avais proposés. Plutôt que de le faire une troisième fois, le voici, pour rappel :

Twin Mirror se déroule à Basswood, une ancienne ville minière. Le joueur incarne Sam Higgs, un journaliste ayant quitté la ville deux ans auparavant. Il avait deux bonnes raisons de le faire. Premièrement, il a connu une rupture douloureuse. Deuxièmement, il a écrit un article dénonçant les conditions de travail des mineurs, qui a eu pour conséquence la fermeture de la mine locale et donc une importante crise économique pour la ville.

Il est assez facile de s'identifier à Sam Higgs, car, à l'image de Max dans Life is Strange, il n'est pas parfait. C'est un homme blessé, qui a commis des erreurs, mais qui s'efforce de faire le bien, même s'il ne sait pas toujours comment s'y prendre. A-t-il eu raison d'écrire son article, en dépit des conséquences qu'il a eues sur la ville ? Sam est hanté par cette question et c'est ce qui le rend attachant pour le joueur.

Il en est de même pour les personnages secondaires. Chacun semble assez profond. On peine en effet à en vouloir aux anciens mineurs désormais au chômage pour leur agressivité envers Sam, pas plus qu'on n'en veut au flic un peu autoritaire qui fait ce qu'il peut pour maintenir le calme en ville. À Basswood, aucun personnage ne semble intrinsèquement bon ou intrinsèquement mauvais et c'est tout ce qu'on demande : des nuances !

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Gameplay, mon ami

Il serait très appréciable que Twin Mirror influence les oeuvres de Quantic Dream et de Supermassive Games, car le titre de Dontnod est irréprochable en terme de gameplay. Pas de QTE, pas de jeux de rythme bizarres : juste des puzzles.

Sam Higgs est un personnage très cérébral, de manière positive et négative. Il est capable de reconstituer les faits avec précision, déterminant ce qu'il s'est passé en combinant les indices de manière aussi efficace que Connor dans Detroit. Cependant, il lui arrive aussi de se perdre dans ses pensées, forçant le joueur à l'en sortir. Le jeu alterne les moments réjouissants et des passages beaucoup plus sombres, avec toujours une impressionnante précision.

L'ultime phase est en outre brillante, sur tous les plans. En terme de gameplay, car les puzzles demandent de l'implication, sans pour autant être trop compliqués ou trop punitifs. En terme de narration, car le joueur désire vraiment connaître la suite et est juste assez impatient. En terme d'ambiance musicale comme visuelle, car chaque élément est parfaitement à sa place, parfaitement soigné. Le tout pour aboutir en un choix difficile, insoluble, brillant. Tout s'imbrique parfaitement pour former une expérience exceptionnelle.

En outre, le gameplay, c'est aussi la possibilité de choisir la scène et d'y revenir en un clic, en ouvrant une nouvelle sauvegarde ou en mode collectionneur. C'est aussi, grande nouveauté pour un jeu Dontnod, la possibilité de passer les cinématiques déjà vues lorsque l'on est en mode collectionneur, facilitant grandement la recherche des objets à collectionner. C'est un progrès notable par rapport aux jeux précédents, même si Dontnod ne va malheureusement pas jusqu'au bout de ses idées : si vous recommencez une partie, vous devrez vous refaire toutes les cinématiques, même celles déjà vues. Sur ce plan, Wales Interactive a encore une avance importante sur les développeurs français.

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En une fois

Ces dernières années, Dontnod a multiplié les formats. Life is Strange 1 et 2 sont sortis en cinq épisodes, ce qui a été particulièrement désagréable pour le deuxième volet, dont un an et demi séparaient le premier épisode du dernier. Pour Tell Me Why, l'entreprise parisienne a choisi de sortir l'ensemble de l'aventure en un seul bloc. C'est indéniablement le format qui leur convient le mieux.

Twin Mirror est une expérience assez courte. Il m'a fallu un peu moins de 8h pour arriver à son terme, en explorant avec attention. De plus, même si les choix proposent une évidente rejouabilité, je doute que celle-ci occupe de longues heures, surtout que le titre est en définitive assez linéaire. Cependant, c'est précisément ainsi que le jeu fonctionne si bien : Twin Mirror est une expérience que l'on dévore en un week-end, emporté par l'expertise de Dontnod. Tout se combine à merveille, des visuels à l'histoire, de la musique à la mise en scène, pour tenir en haleine le joueur du début à la fin. On explore ensuite quelques alternatives, mais là n'est pas l'essentiel de ce que propose le titre.

Il existe énormément de jeux courts. Parmi eux, il y en a pas mal qui sont bons. En revanche, il y en a très peu qui méritent véritablement le qualificatif "mémorables" par leur capacité à nous offrir une expérience irréprochable que l'on n'oubliera pas de sitôt. Twin Mirror appartient indéniablement à cette dernière catégorie.

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Inoubliable

Je disais dans mon précédent aperçu que Twin Mirror devait "déterminer si Life is Strange 2 était une erreur de parcours sans lendemain pour Dontnod, un studio sur lequel on peut durablement compter, ou au contraire si le studio parisien est condamné à enchaîner succès et déconfitures." Après avoir fini le titre, il n'y a plus de doute à avoir : Twin Mirror est assurément le meilleur jeu produit par Dontnod à ce jour et un concurrent très sérieux au titre de meilleur jeu narratif de tous les temps. Mieux, alors que les Game Awards s'apprêtent à déterminer qui de The Last of Us Part II ou Hadès mérite le titre de jeu de l'année, celui qui mériterait le plus cette désignation sort en toute discrétion aujourd'hui.

On se souviendra pendant très longtemps de cette année 2020. Cependant, on s'en souviendra pour au moins une excellente raison : 2020, c'est l'année de la confirmation pour Dontnod qui se permet de sortir coup sur coup deux excellents jeux narratifs, le dernier étant qui plus est son premier titre édité de manière indépendante. Pour rappel, Twin Mirror est sorti le 1er décembre 2020 sur PC (via l'Epic Games Store), PlayStation 4 et Xbox One. Je n'ai qu'un conseil sensé à vous donner : jouez-y.

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Test réalisé sur PC par Alandring à partir d'une version fournie par le développeur.

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