Test de Skully - Meule dur : aux frontières du fun...

Je suis un crâne mêlé de terre. Je suis silencieux et minuscule, mais je roule plus vite qu'une tornade.

La boue est mon foyer : c'est là où je me cache de mes ennemis et où je reprends mes forces.

Ne me demandez pas comment, mais je sais sauter et m'accrocher aux lianes pour grimper en hauteur jusqu'à des lieux cachés de tous.

Je suis la création d'un dieu revanchard et ambitieux. Je suis Skully.

De la plate-forme à la réflexion : une bouboule pas si bête !

Ainsi débute votre aventure sur une île sauvage, inconnue de l'Homme : vous êtes Skully et vous accompagnez Terry dans sa quête de pouvoir ainsi que dans la lutte qui l'oppose à ses frères et sœurs divins. L'esprit de terre qui vous a créé vous fait affronter l'Eau, le Vent et le Feu pour mettre la main sur le « Coeur de VIE » de leur défunte Mère et ainsi, par sa puissance, restaurer l'équilibre... Vaste programme !

Pour l'aider dans cette quête, vos pouvoirs de petite boule sont assez limités au départ, mais amplement suffisants pour traverser les premiers niveaux et vous familiariser aux différentes phases de plates-formes, d'escalade ainsi qu'aux rampes abruptes qui constituent les principaux reliefs de cette Île.

Vous faites rapidement la connaissance de votre principal ennemi en ce monde : l'eau. Chaque trempette peut vous être fatale. Et comme si cela ne suffisait pas, les principaux habitants de ces contrées ne sont rien d'autres que des élémentaires primitifs constitués à 100% d'eau. Si vous vous approchez trop près d'eux, ils se font une joie de vous arroser copieusement ou de vous cracher dessus...

L'univers de Skully est un univers dangereux et très punitif. Chaque seconde d'inattention, ou la moindre maladresse, vous mène à une morte certaine. Vous reprenez alors votre aventure au dernier point de sauvegarde, à la dernière flaque de boue rencontrée.

Rapidement, le jeu gagner en complexité, lorsque vos pouvoirs prennent de l'ampleur. En effet, Skully évolue et acquière de nouvelles formes.

La petite boule devient grande et vous pouvez d'abord vous transformer en une sorte de mini-golem de terre. Vous perdez certes en mobilité, et en vitesse, mais vous gagnez la possibilité de frapper vos gros poings sur le sol pour détruire rochers et ennemis.

Votre deuxième transformation bénéficie quant à elle d'une vitesse accrue grâce à la possibilité de courir et de sauter très loin. Par ailleurs, ce nouveau golem peut aussi attirer à lui des plates-formes grâce à ses lianes et les déplacer où il le souhaite.

La troisième, et toute dernière forme, est la plus mobile verticalement, grâce à son double saut, ce qui vous permet de grimper plus facilement les sommets.

Ces différents personnages sont débloqués progressivement jusqu'à la moitié du jeu. Cette première phase de découverte est très bien amenée puisque le gameplay se renouvelle constamment, ce qui vous permet de découvrir l'étendu de vos nouveaux atouts.

Pour vous transformer, rien de plus simple : il vous suffit de plonger dans une flaque de boue pour choisir la forme désirée sur le moment.

Par ailleurs, Skully peut quitter son enveloppe à tout moment, laissant sa carapace inerte sur place. Cette possibilité prend tout son intérêt quand vous êtes amené à combiner les différents pouvoirs pour avancer : le gros golem casse, pour laisser passer le plus petit qui rapproche un bloc inaccessible, sur lequel le golem sauteur peut se hisser et ainsi accéder à la sortie...

Ces mécaniques simples en apparence se complexifient par la suite, car vos golems acquièrent encore de nouveaux talents.

Si une seule entité peut être jouée à la fois, certaines développent des compétences passives qui peuvent être actives même lorsque Skully n'est pas dedans.

Ces phases de puzzle font un peu penser aux donjons de Zelda et il faut parfois cogiter sévèrement pour débloquer la situation, en trouvant la bonne combinaison de pouvoirs !

Le jeu contient 18 niveaux, pour une durée de vie d'environ 10 heures pour venir à bout de son histoire.

Chaque monde contient un bon nombre de fleurs d'or disséminées sur votre parcours principal, mais aussi cachées dans des recoins plus reculés et difficiles d'accès. Récolter la totalité de ces fleurs vous demande pas mal de patience, d'observation et de réflexion. Cet objectif secondaire, principalement pour les collectionneurs et amateurs de défis, vous permet de débloquer divers bonus accessibles dans les menus : fan-arts, musiques, ...

L'esthétique et l'ambiance du jeu sont vraiment plaisants. Les golems ont de bonnes bouilles très attachantes. De plus, les environnements sont variés : des côtes et plages ensoleillées de l’île, vous parcourez ses forêts profondes, gravissez ses sommets, et explorez l'intérieur de ses montagnes et ses cavernes de lave...

De plus, les couleurs et les variation de lumières donnent beaucoup de vie à l'univers.

Les artworks que vous pouvez débloquer contribuent là-aussi indirectement à renforcer le sentiment d'immersion.

La bande son, sans être exceptionnelle, reste dynamique et elle s'adapte bien aux niveaux parcourus et à aux différentes phases de jeu.

Un réel potentiel gâché par une très mauvaise gestion du challenge et par une maniabilité incertaine : un jeu qui au final casse la tête...

Au demeurant malgré cette belle réalisation sur le papier, que ce soit en docké ou en mode portable, le jeu est assez moche sur la Switch.

Pour essayer de conserver une fluidité et un nombre suffisant d'images par seconde, les graphismes ont été très fortement dégradés sur cette version. Les textures, qu'elles soient proches ou lointaines, alternent constamment entre différents degrés de flou.

C'est d'autant plus malheureux, que ce downgrade important n'empêche pas la survenance de moments de jeu peu maniables pendant lesquels vos contrôles seront impactés et ralentis... C'est vraiment navrant durant certaines phases de plate-forme au regard de l'exigence de précision du jeu.

Skully est une œuvre que l'on a envie d'aimer. Son univers est de prime abord très rafraîchissant et réjouissant. En temps normal, vous trouvez beaucoup de chekpoints vous permettant de recommencer non-loin de là où vous avez pu échouer.

Et pourtant, de manière assez incompréhensible, à d'autres moments de l'aventure, vous devez enchaîner des phases de sauts vraiment très ardues, où la moindre erreur vous fait tout reprendre en arrière, encore, et encore, et encore...

Ces scènes sont particulièrement insupportables, au point de développer un très fort sentiment de frustration et d'écœurement.

La difficulté peut être plaisante dans un jeu prévu pour cela, où l'exigence de maîtriser son personnage vous apporte contentement et une certaine fierté une fois l'obstacle passé. En revanche, ça ne fonctionne pas du tout dans Skully, car les contrôles sont trop hasardeux. Sous forme de boule notamment, tout va très vite et la moindre variation du relief vous entraîne en dehors du circuit prévu et vous fait tomber dans l'eau. Et que dire (crier ?) quand le bouton pour sauter ne répond pas au moment voulu...

De fait, lorsque vous arrivez, par acharnement et par chance, à passer la partie problématique du niveau, vous restez avec votre ressenti et toute la frustration d'avoir subi une inutile et injustifiée punition.

En conclusion

L'idée de conjuguer la plate-forme et les puzzles/énigmes était à la base réellement très bonne. Tout comme le fait d’enchaîner tout au long de l'aventure des rythmes rapides/nerveux avec des phases plus lentes et posées. Mais cette alchimie est tout simplement gâchée par ces moments où la difficulté fait un bon démesuré sans aucune compensation dans les sauvegardes rapides habituellement présentes.

C'est encore pire vers la fin du jeu, lorsque les énigmes commencent à contenir elles-aussi des phases d'habilité : vous pouvez alors perdre à chaque tentative plus de 5 minutes, durant lesquelles vous aviez positionné très précisément les différents golems à des endroits clés du niveau, en l'espace d'un simple saut raté...

Ainsi, malgré des qualités indéniables dans sa conception, Skully ne parvient pas à réjouir ni à séduire complètement.

Il vous faudra beaucoup de patience, et de self-contrôle (non ne jette pas ta Switch contre le mur ce n'est pas une bonne idée...) pour arriver au bout de l'aventure. La faute à la volonté des développeurs d'introduire assez maladroitement un peu trop de challenge dans un jeu qui n'en avait vraiment pas besoin, saccageant de fait une grande part de sa dimension ludique.

Quel dommage.

Test réalisé sur Switch par Miaou à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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