Xbox Games Showcase - Que faut-il en retenir ?

Jeudi soir, nous avons regardé l'événement de Microsoft consacré à ses jeux futurs. Après 24 heures de répit, afin de se laisser le temps de prendre du recul, que faut-il en retenir ?

Si vous avez manqué l'événement, vous pouvez le revoir ci-dessous, en 4K 60 FPS :

Le Xbox Game Pass

Commençons par le plus évident : Microsoft mise énormément sur le Xbox Game Pass, qui avait donc une place de choix lors de l'événement. Mieux : tous les jeux présentés seront jouables sans coût supplémentaire pour les abonnés au service.

C'était donc l'occasion de mettre en avant le service, sa valeur et la grande diversité des jeux qui le composent. Néanmoins, cette contrainte que s'est imposée Microsoft a aussi d'autres conséquences, comme nous le verrons.

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La Xbox One est morte, vive la Xbox Series

En janvier, Matt Booty affirmait que pendant "un à deux ans", tous les jeux publiés par Microsoft sortiraient également sur Xbox One. Mercredi, Phil Spencer répétait plus ou moins la même chose.

Cette stratégie pouvait se comprendre en raison du Xbox Game Pass, évoqué plus tôt. En effet, Microsoft compte de nombreux abonnés sur Xbox One. Ceux-ci ne comptant pas forcément passer à la nouvelle génération tout de suite, l'entreprise américaine risquerait de les perdre si elle cessait de leur apporter de nouveaux contenus.

Néanmoins, même si elle était compréhensible, cette stratégie n'en demeurait pas moins inquiétante, car intrinsèquement contraire aux intérêts des consommateurs. Porter un jeu sur les consoles de la génération précédente ne se limite pas à cocher une case ou à limiter les options graphiques : outre le coût et le temps supplémentaire de développement, cela impose d'accepter des concessions importantes, y compris en terme de game design. Ainsi, les nouvelles consoles intègrent toutes un SSD, alors que les anciennes en sont dépourvues. Un jeu sortant sur les deux générations se contentera d'offrir des temps de chargements plus courts sur Xbox Series, alors qu'un jeu sortant uniquement sur cette dernière pourra profiter du SSD pour offrir des mondes plus denses et plus vivants. En somme, les annonces de Matt Booty et de Phil Spencer signifiaient que les premiers acheteurs de Xbox Series auraient des jeux au rabais pendant plusieurs années, ce qui n'avait rien de très appétissant.

Or, le Xbox Games Showcase a montré la différence très claire existant entre les déclarations et les actes : parmi les 11 jeux édités par Microsoft présents lors de l'événement, sept seront exclusifs à la nouvelle génération. C'est encore plus parlant lorsque l'on regarde les dates de sortie des jeux prévus sur Xbox One. En effet, deux sortent tout bientôt (Grounded le 28 juillet, Tell Me Why le 23 août), Halo Infinite est prévu pour cette fin d'année et Psychonauts 2 sortira en 2021, mais il aurait initialement dû sortir cette année et il était en conception avant le rachat de Double Fine Productions par Microsoft, expliquant que le titre soit aussi prévu sur PlayStation.

Pour le dire autrement : Microsoft reproduit la stratégie utilisée avec succès par Nintendo avec la Switch, à savoir sortir un jeu cross-gen pour lancer sa nouvelle console (The Legend of Zelda: Breath of the Wild pour la Switch, Halo Infinite pour la Xbox Series) puis se consacrer exclusivement à sa dernière née, oubliant la précédente. À ce titre, l'arrêt de la production de plusieurs modèles de Xbox One doit estomper les derniers doutes : quoi que déclarent publiquement les hauts placés de Microsoft, la Xbox One aura tout bientôt droit à une retraite bien méritée.

TBA

Reprenons la liste des onze jeux édités par Microsoft présents lors de l'événement. Comme je le disais, quatre d'entre eux disposent d'une date de sortie ferme ou au moins d'une fenêtre de lancement. Néanmoins, toutes ces dates étaient connues avant l'événement, il n'y a donc rien de nouveau sur ce plan. À l'inverse, les sept autres jeux présentés - dont cinq nouvelles annonces - n'ont eu droit à aucune date, même approximative. Comment l'expliquer ?

On pourrait se dire que c'est parce que les dates de sortie de ces jeux est encore très éloignée. En effet, Avowed et Fable sont deux jeux de rôle en monde ouverts, un genre demandant beaucoup de temps de développement, comme le confirment par exemple les nombreux reports de Cyberpunk 2077. Le développement de ces deux jeux ayant vraisemblablement débuté en 2018, il ne faut pas les attendre avant 2022, au mieux. Quant à Everwild, Rare annonce être encore au stade de l'expérimentation concernant le gameplay du titre et quand on sait le temps qu'a mis Sea of Thieves avant de sortir, il est raisonnable de s'attendre à ce que ce nouveau jeu ne soit pas disponible tout de suite. Enfin, State of Decay 3 pourrait sortir n'importe quand, mais pour le bien du studio, on espère que le jeu aura le temps de développement dont il a besoin. Or, State of Decay 2 étant sorti en 2018, ce jeu aussi ne sortira probablement pas avant 2022.

En revanche, As Dusk Falls et Forza Motorsport devraient vraisemblablement sortir en 2021. En effet, As Dusk Falls est un jeu narratif - ce qui est sensiblement plus court à développer - et son studio, Int./Night, travaille probablement dessus depuis sa fondation en octobre 2017. Quant à Forza Motorsport, la licence nous a habitués à une sortie tous les deux ans, mais le dernier opus date déjà de 2017. Une sortie en 2021 impliquerait donc un temps de développement de quatre ans, ce qui est déjà beaucoup plus long que les jeux précédents de la licence.

Alors, pourquoi ne pas avoir apposé un petit "2021" au terme de la bande annonce de ces deux jeux ? Il est impossible d'avoir une explication certaine, mais une hypothèse semble très probable : un virus circule actuellement (un certain "covid-19"), contraignant les employés des studios de développement de jeux vidéo à travailler depuis chez eux, ce qui pose un certain nombre de difficultés. Dans ce contexte, il paraît délicat de s'engager sur une date de sortie plus d'un an à l'avance. Aussi, il semble logique que Microsoft préfère ne rien dire que d'annoncer une date qui risque de ne pas être respectée.

Des jeux first party

C'était annoncé et Microsoft ne nous a pas déçu sur ce point : l'événement a mis en lumière les jeux développés par les studios internes de l'entreprise américaine. Obsidian, Rare, 343 Industries, Turn 10, Double Fine Productions, Undead Labs, Ninja Theory et Playground Games ont tous répondu présents, montrant les jeux sur lesquels ils travaillent actuellement.

Microsoft a aussi montré deux jeux développés par des studios tiers, mais édités par sa division Xbox : Tell Me Why de Dontnod et As Dusk Falls d'Int./Night. Cela fait donc 18% des jeux édités par Xbox Game Studios présentés lors de l'événement. Comparons maintenant ce chiffre avec celui de la vidéo de Sony, intitulée "le futur du jeu vidéo" et diffusée en juin dernier.

Dans cette vidéo, Sony a montré neuf jeux directement édités par l'entreprise japonaise. Parmi ceux-ci, cinq sont développés par des studios internes de Sony (Marvel's Spider-Man: Miles Morales, Ratchet & Clank: Rift Apart, Gran Turismo 7, Horizon II: Forbidden West et Astro's Playroom) et quatre (Demon's Souls, Sackboy A Big Adventure, Destruction All Stars et Returnal) produits par des développeurs externes, qui représentent donc 45% des jeux montrés.

Simple coïncidence ou véritable tendance durable ? Il paraît logique qu'après ses nombreux rachats, Microsoft investisse désormais dans ses studios internes, mais il est intéressant de constater que Sony développe davantage ses relations avec les tiers que son concurrent américain.

Dont des RPG <3

Le line-up de Microsoft était très varié en termes de genres, de direction artistique ou de nombre de joueurs. Pendant longtemps, le catalogue des consoles Xbox semblait se résumer aux jeux de tir multijoueurs et aux jeux de course. Pourtant, cette fois, seuls deux des dix jeux édités par Microsoft présentés appartenaient à ces catégories. De même, il y a eu davantage de jeux majoritairement solos (Fable, Avowed, Tell Me Why, As Dusk Falls, Psychonauts 2 et Hellblade 2) que multijoueurs (Halo Infinite, Forza Motorsport, Grounded et probablement State of Decay 3, en attendant de voir dans quelle case il faut ranger Everwild).

Cependant, si les genres sont variés, l'un d'entre eux se distingue : les jeux de rôle, représentés par deux de leurs sous-catégorie, les action-RPG en monde ouvert (Fable et Avowed) et les jeux narratifs (Tell Me Why et As Dusk Falls). Citons aussi Wasteland 3, représentant les jeux en 3D isométrique, absent de l'événement, mais prévu prochainement. Ce n'est pas étonnant venant d'un éditeur qui a récemment racheté Obsidian et inXile, mais une chose est désormais certaine : Microsoft a toutes les cartes en main pour devenir dans les prochaines années un éditeur de référence pour les fans de jeux de rôle.

Des jeux indépendants et des free-to-play

Nous avons longuement parlé des jeux présentés lors de l'événement. Intéressons-nous maintenant aux absents : les éditeurs tiers. En effet, Take-Two, Activision, Ubisoft, Square Enix ou encore Electronic Arts n'ont montré aucun jeu à cette occasion. On pourrait se dire que c'est lié au fait que Microsoft a souhaité se concentrer sur ses jeux first party, comme cela avait été annoncé. Pourtant, il y avait bien des jeux tiers, mais ceux-ci étaient soit des jeux indépendants ou des AA (comme The Gunk, The Medium, S.T.A.L.K.E.R. 2, Warhammer 40 000: Darktide et Tetris Effect) soit des free-to-play (Destiny 2, Crossfire X et Phantasy Star Online 2).

Cela se justifie par le premier élément évoqué dans cet article : la volonté de Microsoft de ne présenter que des jeux qui seront disponibles via le Xbox Game Pass sans frais supplémentaire dès leur sortie. Ainsi, si la rentabilité actuelle du Xbox Game Pass ne fait guère de doute, le service ne compte pas (encore ?) assez d'abonnés pour pouvoir proposer des AAA provenant d'éditeurs tiers (comme Cyberpunk 2077) dès leur sortie. Cela ne signifie pas que ces jeux ne sortiront pas sur Xbox Series, mais ils ne constituaient pas la priorité de Microsoft ce mois-ci, alors que Sony leur avait réservé une place de choix lors de son propre événement.

Le retour des exclusivités temporaires

Les jeux second party, c'est-à-dire les jeux développés par des studios externes, mais financés et édités par un constructeur de console, sont une chose très saine, car ils permettent de financer des jeux qui n'auraient pu voir le jour autrement. En revanche, il y a une autre pratique dont la quasi-disparition nous avait plu : les exclusivités temporaires, c'est-à-dire le fait qu'un constructeur paie pour qu'un jeu ne sorte pas ailleurs avant une certaine date. Cela n'apporte rien aux joueurs possesseurs de la console concernée par l'exclusivité, mais cela force les autres à attendre - c'est un type d'accords qui ne profite à personne, hormis aux éditeurs.

Or, lors de cet événement, les "console launch exclusive" ont été nombreux. Comprendre par là : des jeux qui sortiront sur PlayStation 5, mais à une date ultérieure. Sony semblant avoir le même regain d'intérêt pour cette pratique, le début de la génération s'annonce désagréable sur ce plan.

Sur ce plan, le pire est Tetris Effect: Connected. En effet, le jeu est déjà disponible sur PlayStation 4, PC et Oculus Quest. Il arrivera en fin d'année sur Xbox One et Xbox Series, ce qui est super pour les possesseurs de ces consoles avides de mauvais jeux. Pour l'occasion, il se dotera d'un tout nouveau mode multijoueurs : super. En revanche, ce qui est nettement moins positif, c'est que si les possesseurs du jeu sur PC, PlayStation 4 ou Oculus Quest auront accès à ce nouveau contenu via une mise à jour gratuite, celle-ci n'arrivera qu'à l'été 2021, soit plus de six mois après la sortie du jeu sur les consoles Xbox. Une exclusivité temporaire sur une mise à jour gratuite, quel comble !

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