Test d'Ori and the Will of the Wisps ou comment choisir les bons ingrédients

Annoncé durant l’E3 2014 pendant la conférence Microsoft et développé par le tout jeune studio autrichien Moon, Ori and the Blind Forest a fait sensation grâce à sa direction artistique de toute beauté, son gameplay léché et sa sublime bande originale. Les superlatifs ont souvent manqué pour qualifier ce metroidvania lors de sa sortie en 2015 et son succès fut incontestable au point d’en faire un des jeux de l’année auprès du public et de la presse.

Après un tel succès, il était inévitable de voir une suite montrer le bout de son nez et c’est durant l’E3 2017 que Microsoft s’est fait le plaisir de dévoiler l’existence de ce projet toujours développé chez nos amis autrichiens. Seulement voilà, on a dû encore attendre trois longues années avant de pouvoir enfin retrouver Ori et comme vous le savez tous, plus l’attente est longue, plus la déception peut être importante.

Alors, qu’en est-il de ce nouvel opus nommé Ori and the Will of the Wisps ? Arrive-t-il à la hauteur de son ainé ? Réponse dans les paragraphes qui suivent.

En fait non : ce nouvel opus est une perle, pas besoin de faire durer le suspense.

Précision : le jeu est vendu 29,99€ aussi bien sur Xbox One que sur PC (Windows 10 obligatoire).

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Ori au lais

Pour ceux qui ne veulent pas se faire spoil Ori and the blind forest, passez le prochain paragraphe.

Ori and the Willd of the Wisps reprend exactement là où s’est terminé le précédent. La lumière de Seyn a retrouvé l’arbre grâce au sacrifice de Kuro, la chouette obscure qui tentait simplement de sauver ses petits, Ori a retrouvé Naru ainsi que Gumo et la petite famille a fêté l’arrivée de Kun, la seule rescapée des oeufs de Kuro. Le temps passe, Kun a grandi et alors que l’oiseau prend enfin son envol en compagnie d’Ori, les deux compères se séparent suite à une tempête alors qu'ils venaient de découvrir une contrée inconnue. Pour retrouver la jeune chouette, Ori doit à nouveau se retrousser les manches et traverser tout un tas de décors dont les artistes du studio Moon ont le secret.

Comme ce fut déjà le cas avec le précédent jeu Ori, ce nouvel épisode fait la part belle aux émotions simples, mais efficaces, celles qui font monter la petite larme puis esquisser un sourire l’instant d’après. Pas de colère, pas de haine dans ce jeu, juste de la compassion, de l’empathie saupoudrées d’un soupçon de mélancolie et de joie. Certes, le scénario n’a rien d’exceptionnel, mais il a le mérite de toucher certaines cordes sensibles avec brio là où d’autres tomberaient facilement dans la mièvrerie embarrassante. Oui, Ori and The Will of the Wisps est rempli de bons sentiments, mais c’est justement dosé et si le grand frère se limitait à une voix off et quelques dialogues de la part de Seyn, le petit nouveau introduit tout un tas de personnages attachants apportant tous une petite pierre à l’univers de cette contrée devenue hostile. Autre nouveauté apportée par ces personnages : les quêtes annexes. Ne vous attendez pas à des quêtes dignes des grands jeux de rôle, on en est très loin et le metroidvania s’y prête très mal de toute façon. Non, ici, on est globalement dans le classique « va chercher lycos » (référence pour les vieux), qui vous pousse à bien fouiller les différentes zones formant l’immense carte du jeu où vous mettez à mal vos talents de joueuses et joueurs. Forêt décrépie, désert brûlant, marécage poisseux, grotte angoissante, montagne enneigée : vous parcourez à peu près tout ce qui existe dans le genre depuis la nuit des temps, mais magistralement représentés par la direction artistique, qui impressionne toujours autant.

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C’est là tout le talent du studio Moon : ils n’inventent rien, ils subliment tout. Et il en va de même pour le gameplay de ce Ori and the Will of the Wisps.

Ori complet

Autant le dire tout de suite, Hollow Knight est passé par là.

Ce n’est pas une critique, ce n’est pas du tout un point négatif, mais il est impossible de ne pas voir l’énorme influence qu’a eu cet autre génialissime metroidvania dans le développement d’Ori and the Will of the Wisps. Pas d’inquiétudes pour autant, vous retrouvez vite vos marques tant Ori conserve sa maniabilité caractéristique et plusieurs de ses compétences passées. Pour tout le reste, c’est presque du copié collé du Chevalier à l'aiguillon, donc si vous n’avez pas aimé le gameplay de Hollow Knight, vous risquez de ne pas apprécier celui-ci non plus.

Déjà, exit Seyn et ses compétences. Maintenant, c’est Ori qui est au cœur de l’aspect offensif et défensif du gameplay et c’est donc lui qui apprend de nouvelles compétences.

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Comme dans le précédent opus, Ori découvre au fil de ses pérégrinations des arbres lui permettant d’assimiler de nouvelles compétences. Rien de nouveau jusque-là sauf qu’en plus de ces arbres, Ori peut aussi en acheter à un PNJ pour compléter son arsenal. Épée, arc, marteau, shuriken, lance… Ori devient une machine de guerre, car si le mouvement reste un élément central du jeu, les combats, eux, gagnent en profondeur et prennent de l’ampleur. Vous avez toujours droit aux petites bestioles cracheuses de boules, aux bêtes sauteuses et autres joyeusetés, mais se sont aussi immiscés quelques boss, qui vous obligent à utiliser au mieux les armes à votre disposition et à faire preuve d’un tant soit peu de concentration, car si le jeu n’est pas difficile, une erreur peut vite s’avérer mortelle, surtout au début.

En plus de ces compétences, Ori peut aussi s’équiper d’aptitudes passives, dont certaines sont améliorables, à la manière encore une fois de Hollow Knight. Vous avez accès à un certain nombre d’aptitudes, appelés fragments spirituels, mais seulement à trois emplacements (extensibles au fil du jeu) pour les équiper. Là aussi les possibilités sont nombreuses entre les passifs offensifs, défensifs, les bonus sur les récompenses de combat, les améliorations de compétences d’armes et j’en passe, vous pouvez vous amuser à faire votre menu perso, même si certaines aptitudes sortent clairement du lot. Pour les obtenir, vous avez deux possibilités : acheter celles disponibles à un PNJ et trouver celles cachées un peu partout dans le jeu. C’est une nouveauté bienvenue pour ajouter un peu de profondeur au gameplay déjà très riche d’Ori.

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Sur cette richesse, on ne peut que souligner le talent des développeurs du studio Moon. Le nombre d’actions que peut utiliser Ori est impressionnant, mais jamais on ne s’emmêle les pinceaux malgré certaines combinaisons de boutons redondantes. Pour les personnes qui, comme moi, ont tendance à vite perdre le nord dès qu’un jeu propose un gameplay à plus de deux boutons, Ori surprend par l’intuitivité de son maniement. C’est fluide, c’est agréable et les erreurs de manipulation sont rares, même si le jeu conserve quelques petits défauts déjà présents dans le premier épisode comme ces sauts qui ne sortent pas ou pas comme on le souhaiterait ou encore la manière dont Ori s’accroche parfois quand il est au bord d’une corniche. Ces petits moments de flottement dans le gameplay, qui peuvent entraîner quelques mots doux à réveiller les morts à travers tout le quartier, n’entachent pas pour autant les qualités indéniables de ce Will of the Wisps.

Quant aux sauvegardes, elles ne fonctionnent plus sur le même principe. Dans Ori and the Blind Forest, on pouvait sauvegarder n’importe où tant que l’on avait suffisamment d’énergie disponible et que l’on ne se trouvait pas dans une zone dite dangereuse. Le problème de ce système est qu’il permettait de récupérer de la vie et au lieu de servir effectivement de point de sauvegarde, la compétence était davantage utilisée pour récupérer des points de vie à la chaîne, rendant ainsi le jeu bien plus facile. Ce système a totalement disparu pour laisser place aux points de contrôle et aux sauvegardes automatiques. En soi, pourquoi pas, mais on perd le risque pris en choisissant de ne pas sauvegarder, on perd quelque peu la crainte de l’échec et malheureusement, certains points de contrôle sont assez mal placés. Avis très personnel, mais j’aurais préféré qu’ils conservent le système du premier Ori tout en supprimant la possibilité de récupérer de la vie en l’utilisant histoire d’ajouter une petite pointe de difficulté à un jeu déjà bien assez simple.

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Tout comme dans le premier opus, le carte regorge de bonus à trouver dont les fameuses extensions de points de vie et d’énergie. Si au début le jeu peut s’avérer un peu coriace lorsque l’on tente de prendre des risques, car on manque d’options de mouvements ou même de solutions offensives et défensives, le dernier tiers du jeu est vraiment très facile en dehors d’un ou deux passages un peu plus stressants. La faute au panel de compétences disponibles et au nombre de points de vie / énergie que l’on peut obtenir sans parler du fait que si les boss peuvent se monter récalcitrants à mordre la poussière, surtout en mode difficile, les autres créatures deviennent rapidement de la chair à canon (merci le marteau et l’arc). Pour résumer, Ori and the Will of the Wisps possède un gameplay jouissif, dynamique et ce grâce aux influences de Hollow Knight, mais peine à offrir un challenge suffisant aux joueurs les plus exigeants. Pour vous donner une idée, sur ma partie où j’ai terminé le jeu à 100% (terminer toutes les quêtes, récupérer tous les bonus etc.) en mode normal pour la logique du test, j’ai fait défaut à Ori 69 fois, dont 7 par noyade, 42 fois face à l’environnement et 22 fois contre des ennemis et boss. C’est assez peu pour un jeu de ce type terminé entièrement en un peu moins de 15 heures et ce n’est vraiment pas parce que j’ai du talent à revendre.

Un point par contre sur lequel il est difficile de faire des reproches à ce jeu, c’est bien le level design. Toujours aussi inspiré, il pousse à nouveau les joueurs à user de tous les outils disponibles et certains passages sont assez pervers pour donner envie de prendre des risques. Seul regret, les points de téléportations sont parfois trop éloignés les uns des autres et dans un jeu où l’on fait beaucoup d’allers retours, c’est parfois frustrant.

Ori brisé

Si le premier Ori fut acclamé, c’est autant pour son gameplay que pour tout ce qui faisait son identité visuelle et musicale. C’était foutrement beau pour les yeux et les oreilles. Grand soulagement, c’est encore mieux avec Ori and the Will of the Wisps ! Un léger bond technique permet de proposer des décors à couper le souffle, tous plus vivants et organiques que jamais. On est littéralement face à une galerie d’art et chaque nouvelle zone visitée est un nouveau tableau à accrocher. Il en va de même avec la composition musicale, que l’on doit encore au talentueux Gareth Coker. S’il reprend certaines sonorités et thèmes du premier épisode, ils savent rester discrets au profit de toutes les nouvelles compositions toutes plus grandioses les unes que les autres. On est une nouvelle fois face à une œuvre méritant des éloges sous forme de superlatifs à foison et ce serait très loin d’être exagéré.

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Malgré tout, et c’est bien là que le bas blesse, le jeu rencontre des soucis techniques aussi bien sur Xbox One que sur PC. L'ayant testé sur PC, je ne peux pas vous faire part d’autre chose que de mon expérience personnelle sur cette plateforme, mais vous trouverez facilement des retours de joueurs Xbox prouvant à quel point le jeu manque de finition et c’est vraiment dommage. La version PC semble quand même mieux lotie avec une fluidité à toute épreuve alors que la version console semble parfois être sous respirateur artificiel. Par contre, j’ai plusieurs fois rencontré des bugs sonores peu impactant, mais tout de même gênants, puisque le son s'est tout simplement volatilisé pendant quelques secondes. À part ça, rien de spécial à signaler si ce n’est un étrangement long temps de chargement au lancement du jeu rappelant les heures les plus sombres des jeux installés sur disques durs. Des mises à jour régulières devraient corriger tous ces problèmes, mais soyez prévenus.

Ori soufflé

Que dire pour conclure ? Ori and the Will of the Wisps fait honneur à son grand frère et ce n’est pas peu de chose tant les attentes étaient importantes depuis le jour de son annonce il y a trois ans de cela. Pour son retour, la licence a su se renouveler grâce à son inspiration clairement affichée de Hollow Knight et c’est très probablement ce qui pouvait lui arriver de mieux. Cela a permis aux développeurs de Moon d’offrir un gameplay plus dynamique et gratifiant que jamais malgré quelques rares accrocs et ce souci de difficulté pas toujours bien dosée.

Artistiquement réussi, scénaristiquement chargé en émotions, tous les ingrédients sont de nouveau réunis pour vous offrir quelques heures de plaisir qui resteront très certainement gravés dans bien des mémoires.

La perfection n’existe pas et Ori and the Will of the the Wisps ne fait pas figure d’exception, mais qu'importe : les qualités sont telles qu’il faut savoir s’incliner et profiter, même si on aurait aimé ne pas rencontrer ces problèmes techniques.

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Test réalisé sur PC par Lianai à partir d’une version fournie par l’éditeur.

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