Test de The Yakuza Remastered Collection - Kiryu reprend les armes - Màj du 28.02 : ajout de Yakuza 5

Depuis le regain d'intérêt de l'occident pour la série des Yakuza avec son arrivée sur PlayStation 4, Sega ne cesse d'alimenter son calendrier de sorties avec des épisodes inédits ou des remakes. Cette fois-ci, c'est un remaster des épisodes 3, 4 et 5 qui arrive entre nos mains. Sobrement intitulé The Yakuza Remastered Collection, il permet ainsi enfin de jouer à l'entièreté de la saga sur PlayStation 4 pour celles et ceux qui ont manqué les jeux originaux à l'époque.

yakuzatheremasteredcollection.jpg

Yakuza 5 était finalement celui qui avait le plus besoin de ce remaster. Jeu le plus ambitieux de la trilogie avec plusieurs personnages au gameplay et à l’ambiance radicalement différents, allant de la chasse à l’ours dans la neige aux concerts d’idole, Yakuza 5 peinait à l’époque sur une PlayStation 3 en fin de vie. Framerate instable, aliasing omniprésent et clipping malvenu, la console ne rendait pas honneur à un jeu qui avait pourtant beaucoup de choses à proposer. Des problèmes rapidement réglés par ce remaster sur PlayStation 4, même si on aurait aimé que le lifting soit un peu plus important. Tout comme Yakuza 3 et 4, le cinquième épisode de la saga est techniquement daté : il apparaît bien pauvre visuellement et du côté de ses combats en comparaison des opus les plus récents.

 

Néanmoins, on a quand même du mal à ne pas succomber aux charmes de cet épisode. On pense notamment à l’arc de Haruka – jouable pour la première et dernière fois de la saga - qui venait offrir un moment de répit (malgré tous ses malheurs) en passant du monde des yakuzas à celui des idoles. Yakuza devenait soudainement un jeu de rythme sur fond d’aventure pour une jeune femme qui tentait de se faire une place dans l’impitoyable monde de la J-pop. Plein d’émotions et particulièrement centré sur la relation père-fille, Yakuza 5 relançait pleinement l’histoire de la saga et anticipait déjà la « retraite » du héros dans l’épisode suivant. L’autre grande qualité du jeu réside dans ses ambiances multiples, en nous permettant de nous balader dans cinq villes avec leurs propres spécificités et histoires. Un vrai voyage au milieu du Japon qu’esquissait déjà le quatrième épisode, mais qui se confirmait là avec une vraie ambition sur l’ampleur de l’histoire et les destins croisés de ses personnages. Le voir nous revenir dans un remaster nous donne par ailleurs forcément le sourire quand on repense au parcours du combattant imposé aux fans de la saga à l’époque, puisque Yakuza 5 n’aurait jamais dû sortir en occident tant l’éditeur n’y croyait plus. Il a fallu se contenter d’une sortie timide en dématérialisé uniquement des années après la sortie japonaise. Ce à quoi Sega a finalement répondu cette fois en distribuant une version physique de la Yakuza Remastered Collection qui inclut un boîtier PlayStation 3 pour les obsédés des collections bien rangées sur leur étagère.

Une expérience enfin complète

YAKUZA3_20191107213035.png
Après les remakes de Yakuza 1 et 2 sous les titres "Kiwami", bénéficiant au passage d'un ravalement de façade complet en profitant des dernières améliorations du moteur de jeu Dragon Engine, on attendait avec une impatience non-dissimulée l'arrivée des trois épisodes de l'époque PlayStation 3. Il s'agit des troisième, quatrième et cinquième épisodes de la saga, sortis à une époque durant laquelle Yakuza était bien moins populaire qu'aujourd'hui en occident. On se rappelle d'ailleurs de la localisation très tardive du cinquième épisode, après une mobilisation assez folle de la petite communauté de fans des aventures de Kazuma Kiryu. Mais voilà, les choses ont changé, le délai entre sorties japonaises et européennes n'a cessé de décroître, à un tel point que les derniers opus ne sont sortis dans nos contrées que quelques mois après le Japon.  

YAKUZA3_20191116152844.png
Yakuza 3 avait, à sa sortie, une ambiance et un ton qui faisait beaucoup de bien à la saga. Exit dans un premier temps le quartier de Kamurocho, on retrouvait notre héros sur les plages d'Okinawa. La petite île à forte concentration militaire est en proie à une guerre entre les partisans politiques d'un développement touristique, avec la création d'un gigantesque complexe hôtelier, et les partisans d'un développement militaire en augmentant la présence de soldats sur l'île. Au milieu de cette bataille politique, Kazuma Kiryu, retraité de ses activités de Yakuza après les événements du deuxième épisode, coulant désormais des jours plus ou moins paisibles à la tête du petit orphelinat dont il s'occupe avec Haruka, sa fille adoptive. L'atmosphère de ce troisième épisode est très particulière, le ton de la première dizaine d'heures de jeu est très posé, on passe plus de temps à nous occuper de choses futiles comme trouver de la nourriture pour un chien ou chasser un prétendu fantôme qui agite l'imagination des lycéennes du coin plutôt qu'à taper sur des mafieux. C'est un moment de répit au milieu de la saga, où Kiryu atteint enfin ce dont il rêve : une retraite tranquille. Un sentiment qu'on retrouve d'ailleurs plus tard dans le sixième épisode. Plus proche de son ancêtre Shenmue que jamais, l'ambiance de Yakuza 3 marquait une rupture avec les deux premiers épisodes, même si par la suite le jeu se rattrape avec une deuxième moitié survoltée. 

YAKUZA3_20191120160928.png
Le portage à l'occasion de cette compilation a de bons arguments pour nous donner envie d'y revenir. Sorti en 2010 en Europe, Yakuza 3 avait été amputé d'une bonne partie de son contenu secondaire : une vingtaine de quêtes secondaires, toute l'intrigue liée au bar à hôtesses et plusieurs mini-jeux (mahjong, shogi...) Un choix sur lequel revenait le producteur du jeu Daisuke Sato l'année dernière à la Japan Expo à Paris, en expliquant qu'ils estimaient à l'époque que tout ce contenu n'intéresserait pas le public européen. Cependant, il reconnaît s'être trompé (il suffit d'ailleurs de voir l'engouement des fans autour du mini-jeu d'hôtesses dans Yakuza 0), ce pourquoi aujourd'hui The Yakuza Remastered Collection inclut Yakuza 3 en version originale, sans censure de contenu. Un vrai argument en faveur de ce portage, puisque ceux qui ont joué à cet épisode dans sa version censurée à l'époque - dont votre testeur préféré - ont enfin l'occasion de découvrir l'intégralité du jeu, notamment le mini-jeu du bar à hôtesse qui consiste à faire performer votre hôtesse préférée en vous alignant sur les préférences des clients à chaque prise de service. Assez archaïque dans ses mécaniques, c'est l'ancêtre du célèbre jeu du bar à hôtesses de Yakuza 0, mais on s'est quand même bien amusé dessus. 

YAKUZA4_20191124132805.png
Yakuza 4, quant à lui, était plus classique dans son ambiance, mais apportait une révolution pour la saga à l'époque : on y incarnait quatre personnages différents au cours de l'aventure. Shun Akiyama, un usurier aux méthodes atypiques ; Masayoshi Tanimura, un flic en quête de vérité ; Taiga Saejima, un yakuza qui sort de 25 ans de prison et enfin le héros habituel, Kazuma Kiryu. Les développeurs en profitaient pour instaurer une structure narrative proche du "film chorale" pour un résultat peut-être moins maîtrisé que le cinquième épisode qui en reprend les bases, mais qui avait le mérite d'insuffler un peu de nouveauté à une série qui avait bien du mal à évoluer.

YAKUZA4_20191124141251.png
Il ne faut toutefois pas compter sur ce portage pour amener quoique ce soit de vraiment nouveau à Yakuza 4. Le jeu est en tous points similaire à sa sortie initiale sur PlayStation 3, à l'exception du personnage Masayoshi Tanimura qui, suite à un scandale qui a touché l'acteur Hiroki Narimiya, qui lui prêtait sa voix et ses traits, a été légèrement modifié physiquement. Quant à sa voix, c'est désormais l'acteur Toshiki Masuda qui s'en occupe. En bref, rien qui ne vient bouleverser l'expérience originale, contrairement à Yakuza 3 et son contenu qui avait été amputé à l'origine.

On aurait aimé plus

Pour les nouveautés, il faut aller regarder du côté de la technique : 1080p, 60 images par seconde ; The Yakuza Remastered Collection s'appuie sur de nouveaux standards pour fluidifier l'expérience. Ces jeux avaient en effet bien du mal à tenir les trente images par seconde à l'époque, dans une définition bien moins ragoûtante. À cela, on ajoute une légère amélioration de confort, avec la possibilité de voir sur la carte les quêtes secondaires comme les épisodes les plus récents. Quant aux visuels, il faut bien s'entendre : cette collection ne propose pas des épisodes "Kiwami". Yakuza 3, 4 et 5 n'ont pas bénéficié du soin d'un remake similaire aux deux premiers épisodes qui datent de la PlayStation 2, on se contente ici de textures un poil plus fines et d'une résolution supérieure. Néanmoins, les jeux accusent un retard technique évident en comparaison des autres épisodes sortis sur PlayStation 4, à tel point que leur austérité pourrait bien décourager les moins tolérants sur l'ancienne génération. On a bien en main des jeux japonais de la génération PlayStation 3 avec tout ce que cela comporte : une certaine rigidité dans le gameplay, une progression parfois plus ardue à cause de pics de difficulté malvenus et des visuels d'un autre âge. Attention tout de même, il ne s'agit pas non plus de jeux hors du temps : celles et ceux qui ont joué et aimé les épisodes PlayStation 4 retrouveront rapidement leurs marques.

YAKUZA3_20191118140722.png
YAKUZA4_20191124140248.png

La traduction anglaise, quant à elle, a bénéficié d'une nouvelle correction. Pas toujours très réussie à l'époque, l'équipe de traduction actuelle s'est chargée de la corriger et parfois même de la réécrire pour garder une certaine uniformité avec les derniers épisodes sortis. Cependant, quand bien même le spin-off Judgment a profité cet été de sous-titres en français, il faut toujours se contenter de sous-titres anglais et de voix japonaises pour cette remasterisation des Yakuza.

Malgré tout, il faut avouer qu'il y a une pointe de déception. Sans pour autant avoir besoin d'un remake complet similaire aux Kiwami, on aurait aimé que cette compilation propose, en plus des quêtes secondaires sur la carte, d'autres options de confort qui sont arrivées avec les épisodes suivants : une réduction des temps de chargement lors des passages entre séquences de combat et exploration, la possibilité de sauvegarder partout et pas uniquement dans les cabines téléphoniques ou encore un système de progression des compétences plus moderne comme dans les derniers épisodes. Malheureusement, rien de tout ça et c'est une vraie surprise notamment pour la sauvegarde qui apportait un vrai confort dans les épisodes PlayStation 4. Heureusement, les cabines téléphoniques qui permettent de sauvegarder sont suffisamment nombreuses pour qu'on ne perde pas énormément de temps. 

Conclusion

Ces épisodes initialement sortis sur PlayStation 3 occupent une place évidemment importante dans l'univers des Yakuza. Chacun a son lot de rebondissements et de personnages plus ou moins mémorables qui ont façonné l'univers du mafieux le plus sympathique de tous. Toutefois, c'est aussi une époque pendant laquelle la série avançait à tâtons, peinant le plus souvent à se renouveler et à proposer un peu plus. Le quatrième épisode marquait une certaine ambition avec son aspect "film chorale", mais ce qui permet à ce remaster de se distinguer, c'est la présence du troisième épisode en version non-censurée. Un élément qui parle nécessairement aux fans, tandis que ceux qui ont découvert la licence sur PlayStation 4 ont enfin accès à toute la saga, quand bien même l'effort minimal de remasterisation est à des années lumières des remakes "Kiwami" sortis ces dernières années. Sans pour autant exiger l'impossible, on regrette que les développeurs n'aient pas poussé un peu plus pour rendre l'expérience encore meilleure.

Test réalisé par Hachim0n sur PlayStation 4 avec une version fournie par l'éditeur.

Réactions (3)

Afficher sur le forum