Test de Doraemon Story of Seasons - La théorie du farming

Collaboration entre deux licences bien différentes, Doraemon Story of Seasons est un jeu de gestion de ferme agricole qui prend place dans l'univers du robot-chat japonais Doraemon. Destiné à un public plutôt jeune, le jeu est très accessible et nous plonge dans un monde alternatif où se retrouvent coincés les héros du manga, prêts à tout pour retrouver leurs maisons.

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Un tract capitaliste

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Doraemon, Nobi et les autres se retrouvent dans un monde alternatif, un petit village au milieu de la forêt dans lequel tout le monde est souriant et heureux. Les enfants sont mis au travail par le Maire et chacun occupe un rôle bien précis : il y a ceux qui font pousser fruits et légumes, les autres qui élèvent des bêtes, les médecins ou encore les charpentiers. Chaque personnage doit trouver un boulot et on y incarne Nobi, qui se retrouve catapulté à la tête d'une vieille ferme.

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Les amateurs de Story of Seasons et autres jeux de gestion du genre, à l'image de Stardew Valley, sont en terrain connu : après une longue introduction d'une heure, il faut immédiatement se mettre à labourer la terre, planter des graines et arroser jusqu'à ce qu'on ait de quoi vendre et gagner de l'argent au village. Avec un tantinet de minage à la pioche histoire de récupérer quelques précieux minerais pour améliorer nos outils et notre ferme, le jeu propose la même chose que tous ses prédécesseurs. Cependant, il le fait bien et son charme vient de Doraemon. Au fil de nos pérégrinations dans le (petit) monde dans lequel on est projeté, des cinématiques se déclenchent à mesure des accomplissements à la ferme ou de l'avancée de nos relations avec les personnages. Ces cinématiques sont nombreuses et sont provoquées en interagissant avec les personnages ou en visitant certains endroits selon l'heure, les saisons et nos relations. Les cinématiques sont autant d'occasions de raconter un peu plus les raisons qui ont attiré nos héros dans ce monde. Parce qu'au-delà de la gestion de la ferme, il ne faut pas perdre de vue la quête principale : il faut retrouver les fameux gadgets de Doraemon pour rentrer à la maison. Et on les comprend, parce que ce monde alternatif a beau être très joli, il n'en reste pas moins plutôt tyrannique avec un Maire Rémi qui met tous les enfants au travail dans un idéal de société que jalouserait notre bon Président Macron. Tous les membres du village doivent travailler sous peine d'être traqués par Rémi et c'est l'occasion de voir une poignée de dialogues plutôt savoureux où le héros lui fait remarquer qu'il y a peut-être un problème moral dans l'histoire. Au moins les enfants sont payés, pas comme celui qui écrit ce test.

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La gestion de la ferme est relativement basique et c'est attendu : Doraemon est une licence destinée aux plus jeunes et le jeu est à son image. Les plantations dépendent pleinement des saisons, chaque saison s'étalant sur trente jours. Il faut alors veiller à ne planter que les graines capables de pousser sur la saison en cours, tout en faisant attention à ne pas dépasser les délais : chaque graine pousse en un nombre de jours précis et il ne sert à rien de planter un légume d'été qui pousse en 14 jours alors que cette saison prend fin dix jours plus tard. La conséquence d'un tel choix est désastreux puisque les récoltes sont invendables, détruites par un brusque changement de saison qui ne leur sied guère. Néanmoins, ce cas de figure est plutôt rare puisqu'il suffit d'être un poil attentif pour éviter ce problème. Le reste du temps, on s'amuse à arroser nos plantations, éventuellement à y mettre un coup d'engrais magique, tout en s'occupant de nos bêtes qu'on récupère un peu plus tard dans le jeu. En effet, notre jeune Nobi est un agriculteur né et son but est d'agrandir la ferme peu à peu jusqu'à avoir une gigantesque production ainsi qu'un élevage conséquent. Moutons à tondre, vaches laitières et poules pondeuses, tout est bon pour gagner de l'argent.

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Ces séquences s'entrecoupent d'expéditions en forêt pour couper des arbres et récupérer du bois - sans la moindre culpabilité puisqu'ils repoussent aussi vite qu'ils disparaissent - ou encore de descentes à la mine dont les minerais nous servent plus tard à améliorer nos outils et notre ferme pour être encore plus efficace. De temps en temps, le village organise des concours et jeux, pendant lesquels on élit le meilleur éleveur ou encore le meilleur cuisinier. Une cuisine d'ailleurs très présente, puisque les ingrédients que l'on récolte servent à créer des recettes et à gagner un peu d'énergie pour tenir toute la journée. Ainsi, la limitation est là : le jeune Nobi est assez peu endurant au travail et les premières heures de jeu peuvent s'avérer assez pénibles dans la mesure où on passe plus de temps à faire des siestes qu'autre chose. Or, les siestes, c'est quand même pas très productif. Néanmoins, quelques formules magiques chez le médecin améliorent l'endurance maximale et divers bonus venus des gadgets de Doraemon que l'on récupère au fil de l'aventure réduisent l'utilisation d'endurance à chaque action.

Le Maire traque les pauvres

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Ne nous y trompons pas pour autant ; quand on dit que le jeu est "pénible" dans ses premières heures, ce n'est pas une question de difficulté. Le jeu est évidemment accessible, le challenge est réduit au strict minimum et il se cale sur notre rythme. Il n'y a aucune punition à préférer farmer les minerais ou le bois pendant des jours, l'histoire nous attend et se déclenche plus tard quand on veut bien aller se balader au bon endroit. La carte de jeu est d'ailleurs plutôt grande avec de nombreuses zones à parcourir, chacune ayant son petit lot d'événements. Les aller-retour sont nombreux, mais au fil de l'aventure on débloque un moyen de se téléporter et même un cheval pour aller plus vite. C'est un jeu foncièrement paisible, très accessible aux plus jeunes, qui offre un vrai sentiment de douceur. L'objectif est d'avoir la ferme la plus productive possible, mais on peut aussi bien la délaisser quelques jours pour se concentrer sur autre chose. L'histoire est d'ailleurs très longue puisqu'il faut plusieurs dizaines d'heures pour aller au bout, mais l'intérêt n'est pas là. Doraemon Story of Seasons est un jeu sympathique qui laisse le temps à ses joueurs, quitte à mettre de côté toute l'urgence qui peut découler de la gestion d'une ferme et d'un élevage. Toutefois, la conséquence directe est la répétitivité du jeu, puisqu'on passe essentiellement notre temps à récupérer des matières premières et des matériaux en récoltant, coupant des arbres ou en creusant à la mine, toujours dans le même but de développer notre ferme et de gagner encore plus d'argent. Un concept qui a fait ses preuves avec les Harvest Moon/Story of Seasons et qu'on retrouve ici sans nouveauté particulière.

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Sa force réside toutefois dans ses visuels, avec une très jolie direction artistique qui reprend les codes du manga et du dessin animé et offre un mélange de 3D (pour les personnages) et de décors dessinés du plus bel effet. Les environnements sont enchanteurs, accompagnés par une musique relativement classique, mais tout à fait correcte. Les personnes qui aiment Doraemon tomberont sans mal sous le charme de ce jeu tant il a à offrir et les autres auront bien du mal à rester insensibles à quelques plans très réussis.

Conclusion

Rêve capitaliste ou douce mélodie, Doraemon Story of Seasons est aussi agréable que curieux. Alternative sans grande surprise de la licence Story of Seasons, son enrobage Doraemon lui apporte un certain charme et un enthousiasme bienvenue. Très long et chronophage, avec un rythme excessivement lent, le jeu peine à garder notre attention sur le long terme, mais nous ne sommes pas vraiment sa cible non plus. Les amateurs de Doraemon, eux, ont accès ici à un jeu solide, rondement mené par des développeurs qui s'appuient avec brio sur la licence du robot-chat. Ils offrent un jeu accessible à tous, qui ne nécessite que du temps et de l'amour pour être apprécié. Oui, on fait aussi parler notre cœur sur JeuxOnLine.

Test réalisé par Hachim0n à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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Plateformes Nintendo Switch, Windows
Genres Gestion, asie, fantasy

Sortie 13 juin 2019 (Japon)
11 octobre 2019 (Monde)

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