Test de GRID - Un soft-reboot qui patine

"Soft-reboot" d'une des licences phares de la génération Xbox 360 - PS3, héritier spirituel des lointains TOCA Race Driver, GRID nous arrive enfin. Jeu de course arcade, le titre développé par Codemasters cherche à occuper un secteur qui se fait malheureusement assez rare ces derniers temps, alors que la simulation est le rêve que tentent d'atteindre bon nombre de studios. 

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Le spectre de Fernando Alonso

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Le retour de la licence GRID était bienvenu ; au milieu de la jungle des simulations automobiles, le genre du jeu de course arcade, fun et facile à prendre en main, n'est plus très présent sur nos consoles. Les GRID en étaient d'ailleurs de bons représentants sur la génération précédente, notamment grâce au premier épisode Race Driver: GRID que ce "soft-reboot" tente de remettre au goût du jour. Malheureusement, le résultat est en demi-teinte : si GRID est au niveau de son illustre prédécesseur, il ne propose pas grand chose de plus et provoque une certaine déception.

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Dès ses premiers instants, le jeu nous embarque dans son mode carrière qui ne surprendra pas les habitués de la licence. Simple enchaînement d'épreuves divisé en plusieurs catégories, dont celle parrainée par le pilote de F1 Fernando Alonso (qui ne fait pas d'apparition dans le jeu, la collaboration portant plus sur le nom qu'autre chose), le mode carrière nous pousse à essayer toutes les catégories pour gagner des sous et acheter de nouveaux véhicules nécessaires à de nouvelles épreuves. Courses de GT, Touring, Stock car ou encore des épreuves spéciales (Mini, monoplaces, prototypes...), le jeu propose un très large éventail de catégories. Chacune d'entre elles ne propose malheureusement qu'une petite poignée de véhicules aux performances très similaires afin de garder un certain équilibre, mais on aurait évidemment aimé un contenu plus étoffé. En réalité, on ne change jamais vraiment de véhicule dans une même catégorie, préférant plutôt garder nos crédits pour investir à la prochaine épreuve.
L'objectif est d'atteindre la finale de chaque catégorie, avant de pouvoir attaquer la finale des "World Series" où s'affrontent les meilleurs pilotes. Pas vraiment passionnant, ce mode n'en reste pas moins le meilleur moyen de gagner des crédits et d'expérimenter tous les styles de conduite qui s'offrent à nous.

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En effet, c'est la force de GRID, une licence qui nous pousse à essayer à des disciplines très différentes. Bien que les courses soient toutes régies par les mêmes règles (une poignée de tours, des qualifications dispensables, pas d'arrêt aux stands), on remarque que chaque catégorie a ses propres techniques en matière de conduite. Évidemment le jeu garde une approche très arcade et accessible, avec plus d'insistance sur le fun que sur le désir d'une course propre. Mettre des coups de portière et envoyer valser son concurrent dans le mur lors de courses urbaines est indispensable pour s'en sortir, d'autant plus que l'IA ne se gêne pas pour le faire. Néanmoins, conduire par exemple une GT provoque des sensations très différentes d'une monoplace qui adhère beaucoup plus (et peut-être trop) à la piste. Même chose pour une muscle, dont le poids est plus difficile à gérer dans les courbes. Cela peut apparaître comme une évidence, mais GRID a cette capacité à offrir des expériences très différentes tout en restant accessible à tous. Néanmoins, le jeu peine sous d'autres aspects, notamment du côté de son IA. Son agressivité fait plaisir à voir et sert pleinement le concept de "nemesis" qui a été mis en place. Cela signifie que les événements de courses peuvent provoquer la colère d'un pilote contre nous, qui a ainsi tendance à vouloir nous rentrer dedans et à nous faire sortir de piste, ces événements étant en général la perte d'une place et un dépassement un peu trop musclé. Malheureusement, cette fonctionnalité trouve vite ses limites à cause d'une IA qui a tendance à suivre une ligne prédéfinie sans trop se poser de question. Il n'est en effet pas rare de voir les voitures de l'IA se suivre "à la queue leu leu", pare-choc contre pare-choc, sans jamais chercher une trajectoire plus large pour dépasser l'adversaire.

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Les développeurs ont bien tenté de pimenter les courses en reprenant le système de coéquipier qu'on découvrait à l'époque sur l'épisode GRID Autosport. Concrètement, toutes les courses se disputent entre plusieurs équipes de deux pilotes et on doit utiliser nos crédits pour acheter des coéquipiers plus performants. Chaque pilote a ses préférences et est meilleur sur une catégorie plutôt que les autres. En course, cela se traduit par la possibilité de donner des ordres à notre binôme : on lui demande d'attaquer pour gagner des places ou au contraire de défendre pour nous protéger des voitures derrière nous. Bonne idée sur le papier, d'autant plus que la bonne réception des ordres dépends des pilotes engagés et de leur loyauté. Cependant, ce système se révèle très vite limité tant les gains sont négligeables, la faute encore une fois à l'IA qui peine, là aussi, à distinguer adversaire et coéquipier. Il n'est pas rare de voir un coéquipier nous mettre un coup ou nous empêcher de le dépasser, quand bien même on lui ait demandé de défendre sur les autres voitures. Dans l'ensemble, qu'il s'agisse du système de "nemesis" ou du coéquipier, on y voit quelques bonnes idées, mais une exécution très sommaire qui empêche ces deux systèmes de prendre une part plus importante dans les courses. Et c'est dommage, car les développeurs ont insisté sur les "émotions" et les événements imprévisibles en course, deux choses qui auraient pu être plus convaincantes s'ils avaient eu le temps de peaufiner le tout.

On prend les mêmes et on recommence

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Le plus grand point faible de GRID est finalement sa ressemblance avec Race Driver: GRID sorti en 2008. Sans dire qu'il s'agit du même jeu, on a quand même beaucoup de mal à les distinguer. Le contenu est d'ailleurs assez similaire, à l'image de la piste urbaine à San Francisco qui a été reprise et d'une répétition soutenue d'une poignée de pistes en mode carrière. Il n'y a en effet que douze circuits divisés chacun en plusieurs tracés différents, avec un mélange de circuits urbains dans les villes de San Francisco, Cuba ou encore Shanghai, et de circuits fermés à l'image de l'ancien circuit F1 de Sepang en Malaisie, ou d'Indianapolis aux États-Unis. Si le jeu offre indéniablement une vraie diversité dans son offre de circuits, on en fait très vite le tour tant les variantes (tracés plus courts) n'apportent pas grand chose. D'autant plus que les voitures, elles aussi, sont peu nombreuses et que le mode de jeu libre, qui nous permet de disputer les courses que l'on souhaite, ne donne pas accès à la totalité du catalogue des véhicules. Il faut en effet d'abord les acheter grâce aux crédits glanés en mode carrière, même s'il est possible de les emprunter moyennant 10% des gains. Il en est de même pour le mode multijoueur en ligne, aucun mode local n'étant disponible. Le jeu en ligne est d'ailleurs très stable.

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Enfin, le jeu n'est techniquement pas très abouti. Testé dans sa version Xbox One, il souffre d'un aliasing très présent et d'un motion blur qui tente de cacher des textures datées. C'est plutôt surprenant, car si le jeu offre des dégâts visuels de bonne qualité contrairement à F1 2019, le fossé technique est gigantesque par rapport à l'autre licence chapeauté par Codemasters. Les visuels manquent plus généralement de justesse ; les voitures sont plutôt jolies, mais les intérieurs en vue cockpit manquent de finesse. Même l'interface n'est pas irréprochable avec par exemple l'affichage du niveau des pilotes IA à côté de leur nom plutôt que leur position en course. Un choix douteux dans la mesure où le niveau des pilotes n'a aucun intérêt en course. Heureusement, GRID profite au moins des avancées de F1 2019 du côté météorologique, avec des effets de pluie toujours sympathiques qui mettent un peu de piment dans les courses. De même pour les courses de nuit, avec des éclairages réussis.

Conclusion

Race Driver: GRID était-il un bon jeu en 2008 ? Assurément. Son "soft-reboot" est-il à la hauteur ? C'est plus discutable. GRID fait la même chose que l'original, mais ne lui apporte rien et c'est bien le problème. S'il est indéniable que le fond du jeu est suffisamment agréable à jouer pour qu'on y passe de nombreuses heures, les joueurs qui ont déjà retourné l'épisode de 2008 dans tous les sens seront difficiles à convaincre tant ils peuvent avoir le sentiment de revoir la même chose. On aurait aimé une réelle suite, avec un contenu bien plus ambitieux et un plus grand soin apporté à l'IA, plutôt qu'un remake un peu paresseux qui ne s'assume pas complètement. Aussi, la déception est très présente et on continue d'espérer qu'un jour les développeurs de Codemasters nous proposeront le digne héritier des TOCA Race Driver dont on rêve depuis toujours.

Test réalisé par Hachim0n sur Xbox One à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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Plateformes PlayStation 4, Windows, Xbox One, Xbox One X
Genres Course, contemporain, réaliste

Sortie 11 octobre 2019 (Monde)

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