Test de The Sojourn - Un séjour au pays des aveugles

Précédé d'une bonne liste de prix et nominations reçus durant divers salons, le puzzle-game The Sojourn débarque enfin sur PlayStation, Xbox et l'Epic Games Store pour la version PC. Voyons si le jeu est à la hauteur de ses promesses.

La vérité est ailleurs

Tout débute lorsque vous vous éveillez dans une pièce étrange. Une lumière semble vouloir vous guider vers l’extérieur, vous invitant à découvrir un monde à l’abandon qui s’anime au passage de votre guide lumineux. Un parcours d’énigmes s’ouvre devant vous, entrecoupé de quelques scénettes tentant de vous expliquer l’histoire et la morale de ce monde. En effet, The Sojourn a choisi la voie d’une narration environnementale, donc minimaliste et assez symbolique qu’il faut décoder pour enfin comprendre où le jeu veut en venir. Une approche narrative loin d'être envahissante pour le joueur peu intéressé par le message philosophique sous-jacent et qui le laisse se concentrer sur le cœur du jeu : les puzzles.

Suivez la lumière !
Suivez la lumière !

Échec à l’ombre

The Sojourn se présente comme un puzzle-game en vue à la première personne. Une description que je trouve un peu restrictive tant le jeu ressemble par moment à une partie d’échec dans la façon dont il vous pousse à anticiper vos déplacements à l’avance, en ne laissant que peu de place à l’improvisation. Le jeu vous demande ainsi de traverser un niveau pour y accomplir un objectif. Au début, il faut simplement atteindre la sortie. Ensuite, il s’agit de libérer une petite lumière enfermée dans un cocon ce qui fait souvent apparaître un objectif bonus facultatif constitué d’un rouleau de parchemin contenant un aphorisme tout droit issus d’un biscuit chinois local. Je vous avoue avoir assez vite abandonné l’idée de les collecter tous. Les fans y verront par contre un bon moyen d’augmenter une durée de vie déjà fort correcte puisque le jeu s’étend sur 4 chapitres d’une quinzaine de défis en moyenne.

Le cocon et la porte qui le protège
Le cocon et la porte qui le protège

Là où le jeu se complique, c’est dans les mécaniques faisant office d’énigmes dans les niveaux. Le principe de base du jeu demande au joueur de jongler entre la lumière et l’ombre, représentant deux faces d’un même monde, mais avec de légères différences. Ainsi, le monde lumineux dans lequel vous évoluez est endommagé. Certaines portions sont brisées voire même totalement absentes. À l’inverse, le monde d’ombre possède ses parties absentes, ajoute ses propres obstacles et vous permet d’utiliser des artefacts qui possèdent diverses utilités. L’astuce est bien sûr que vous ne pouvez pas passer d’un monde à l’autre à volonté. Les énigmes du jeu s'articulent donc autour de la gestion des déplacements de votre personnage.

Un monde d'ombre
Un monde d'ombre

Au début du jeu, votre seul accès au monde de l’ombre dépend d’un puits d’ombre. Néanmoins, il s’agit là d’un accès très limité puisque le moindre déplacement réduit une jauge qui, lorsqu’elle est vide, vous fait repasser automatiquement dans le monde de la lumière. Heureusement, le jeu intègre un principe d’échange de position avec des statues, pour autant que l’un d’entre vous soit toujours dans le monde d’ombre. On le comprend, toute la mécanique des puzzles est donc de prévoir chaque action, chaque déplacement, chaque timing pour résoudre l’énigme. Bien sûr, cette mécanique de base se complique lorsque vous progressez dans les chapitres du jeu, puisque de nouveaux obstacles font leur apparition, tout comme de nouveaux moyens de passer dans le monde d’ombre (dont un œil qui vous permet de changer de monde tant que vous le regardez et qui m’a valu un bon nombre de chutes dans le vide).

L'oeil, pas la meilleure idée du jeu
L'oeil, pas la meilleure idée du jeu

Il n’y a pas d’ombre sans lumière

Ça peut sembler compliqué comme ça, mais avec un peu de méthode, un joueur un peu logique devrait s'en tirer. Le jeu n'offre pas beaucoup d'occasions de tenter des solutions farfelues et il est généralement assez efficace de partir de la fin du niveau et de remonter pour découvrir la solution. Pas de panique non plus lors de l'apparition de nouveaux concepts, le jeu les introduisant de manière intelligente. Une nouveauté est donc d’abord placée seule dans des puzzles demandant de plus en plus de réflexion avant d’être mélangée aux concepts déjà connus. Paradoxalement, on se retrouve donc devant un jeu donc la difficulté fait des montagnes russes. Les énigmes de fin de chapitre m’ont ainsi régulièrement bloqué pendant plus d’une heure, alors que celles du début du chapitre suivant sont réussies en quelques essais. Autre point noir, le jeu possède plusieurs énigmes dont les timings sont terriblement serrés, que ce soit par la faute de la jauge d’ombre ou plus souvent parce qu’un artefact ne fonctionne que durant un laps de temps réduit. D’autant plus regrettable qu’un raté vous oblige souvent à revenir plusieurs étapes en arrière, particulièrement dans les derniers niveaux où la mise en place de la solution prend plus de temps que son exécution. J’ai notamment passé plus d’une heure sur une énigme dont j’avais éliminé la (bonne) solution très tôt, pensant le timing impossible à tenir. Ce qui rend ces passages assez frustrants, pour être honnête.

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Séjour solitaire

Je n’ai abordé jusqu’ici que des questions de gameplay, mais mon principal soucis avec The Sojourn est ailleurs : le jeu manque cruellement d’ambiance. Aussi agréable que soit la musique du jeu (et celle de The Sojourn l’est), elle ne suffit pas à donner de la vie à l’ensemble. Même constat pour les graphismes. On aime ou pas cette approche visuelle très angulaire aux textures simples (à l’exception notable du hub du chapitre 2), mais le résultat m’a paru très aseptisé. C’est propre, mais sans personnalité. Chaque chapitre a certes sa propre identité visuelle, de plus en plus sombre, mais sans que la découverte d’un nouveau chapitre ne brise cette espèce de monotonie qui s’installe très vite. On parcourt un monde vide et cette absence de vie m'est assez vite devenue pesante. Un jeu auquel il vaut peut-être mieux jouer à petites doses, en fait. Selon l'Epic Games Store, j'ai mis 13 heures à terminer The Sojourn. Je vous avoue que le temps m'a paru bien plus long.

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Conclusion

The Sojourn se termine donc avec un sentiment assez partagé. À trop vouloir se concentrer sur ses puzzles en négligeant d’y ajouter une véritable narration pour les soutenir, le jeu donne vite l’impression de manquer de quelque chose. Les puzzles sont bons dans le genre, mais ce n'était juste pas suffisant. Si on y ajoute la possibilité de rester bloqué sur une énigme sans pouvoir passer à autre chose (même les hubs des différents chapitres ne donnent accès qu’à 3-4 énigmes simultanément, le début et la fin du jeu étant par contre totalement linéaires), on se retrouve avec un jeu qui peut facilement devenir lassant et même franchement frustrant par endroit. À réserver aux fans, donc.

Test réalisé par Grim sur PC à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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