Worlds Adrift, une invitation à un voyage (potentiellement) sans fin

Disponible en accès anticipé, le MMO Worlds Adrift propose de partir à la découverte d'un monde persistant construit par les joueurs, pour une expérience unique en son genre.

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Bossa Studios est à l'ouvrage depuis plusieurs années sur Worlds Adrift, en collaboration avec le studio Improbable et son fameux moteur SpatialOS, ambitionnant de rendre les mondes persistants des futurs MMO toujours plus vivants et évolutifs. Le chemin pour y parvenir sera toutefois encore long, à l'image de Worlds Adrift qui en est une anticipation. Ce jeu pour le moins original n'en reste pas moins jouable dès à présent, pour peu que l'on soit au clair sur le programme.

Le premier jour...

La création de son avatar prend la forme d'une mise en jambe à travers une île céleste, flottant parmi les nuages. Un grappin permet de s'extraire de la structure où l'on apparait, ce qui restera un fidèle compagnon de gameplay au fil de ses explorations. Car il s'agit bien de partir explorer le monde, à commencer dans l'intention d'en extraire les ressources pour remplir les objectifs de sa quête initiatique. La coupe du premier arbre venu tourne mal : la chute du tronc sur ma tête (tuant mon personnage) signe le premier acte d'une comédie burlesque, l'histoire de ma vie sur Worlds Adrift.

Je me remets de ma première mort et je repars puiser les ressources de ce monde hostile, dont les recoins s'illuminent quand je finalise une torche. Je construis ensuite un module capable d'extraire les connaissances des temps anciens, ce qui sera mon véritable fil rouge sur ce MMO. Ainsi plus j'engrange des connaissances et plus je serais capable de construire des modules pour améliorer un vaisseau sur lequel je suis justement à l'ouvrage. Quelques barres métalliques en dessine la structure, des planches pour se poser, une voile pour compter sur le vent et surtout un point de résurrection pour prévenir les futurs incidents me permettent de m'envoler vers d'autres horizons.

Car l'île de mes débuts a rapidement trouvé ses limites en terme de ressources et d'expérience, il est donc temps de lever les voiles. Ma destination suivante est une île créée par un joueur, dont le nom m'est renseigné à l'arrivée. Je salue son manque d'imagination mais je loue ses platitudes car les ressources se dénichent rapidement. Toujours dans le même environnement, ma prochaine destination se révèle cette fois totalement alambiquée, un cauchemar à explorer mais une belle découverte quand je pose les yeux sur un trésor qu'elle contient. Et je réalise que les jours vont se suivre.

Quelques jours plus tard...

Worlds Adrift

La douche du jour a fini d'éteindre la magie de la découverte initiale, permettant de se concentrer sur ce qui sera l'objectif sur le long terme de Worlds Adrift. Point de quêtes pour se guider à coût de points d'exclamation, le joueur doit se fixer son propre but. Certains se suffiront de l'exploration, découvrant au fil du vent les différents ouvrages des joueurs, voire la sienne si l'on a été suffisamment inspiré -- et retenu par les développeurs -- avec l'éditeur d'îles associé au MMO. Et c'est certainement la principale qualité de Worlds Adrift, se saisir des joueurs et de leur imagination débordante pour créer son contenu.

D'autres joueurs voudront repousser les limites de l'horizon, nécessitant toutefois de construire un vaisseau capable d'affronter des environnements plus hostiles. Et principe vidéoludique somme toute assez logique, plus on pousse loin et plus les ressources à extraire seront précieuses. Que ce soit sur le serveur PvE ou PvP, il y aura par contre ce moment où les autres joueurs -- voire les pièges qu'ils ont installés -- représenteront un danger, apportant un piment certain au MMO. Les joueurs désireux d'éviter le risque repousseront le plus possible cette échéance, mais elle sera immanquable pour explorer les limites de Worlds Adrift.

L'alternative est de rejoindre d'autres joueurs, le nombre proférant un sentiment de sécurité sans pour autant l'assurer. On installe une batterie de canons sur son vaisseau et on assigne chaque joueur à un rôle précis pour se défendre, à moins que l'on se glisse à l'inverse dans le rôle de pirate. La perte de son vaisseau entrainera forcément une remise en question, ou au moins la nécessité absolue d'en reconstruire un. La mort est bien au rendez-vous sur Worlds Adrift, apportée par les autres joueurs ou lorsqu'on applique trop violemment les lois de Newton, de la gravité au bout de sa chute à l'inertie nous entrainant à trop grande vitesse vers la paroi où l'on avait accroché son grappin. L'état de choc pousse à se poser une question.

C'est le bon jour pour jouer ?

Si Worlds Adrift est assurément rafraichissant en proposant une expérience du MMO unique en son genre, on peut légitimement se demander si les réserves en eau seront suffisantes pour durer dans le temps. Car au-delà de l'exploration, de la construction d'un vaisseau plus performant ou de la traque d'autres joueurs, on baigne rapidement dans un sentiment de vide. Former un équipage permet de le combler en partie, car Worlds Adrift prend toute sa dimension avec d'autres joueurs. mais le voyage peut rapidement tourner au vinaigre pour plusieurs raisons.

Worlds Adrift

Quelques bugs peuvent se révéler très frustrants, surtout que la mort signe la perte des ressources récoltées à moins de revenir si possible sur le lieu de l'incident. Les créations des joueurs apportent une alternative intéressante à la génération procédurale, un supplément d'âme pouvant parfois manquer de cohérence. Le gameplay autour du grappin permet de jouer à Spiderman, mais les alternatives ne sont pas au rendez-vous. Et la motivation à persister peut être balayée par un futur wipe, toujours au programme durant le développement. Au-delà des décors qui changent au fil de l'imagination des joueurs, la répétition va s'installer du côté du quotidien. Mais surtout, l'invitation au voyage est pour l'instant un billet sans retour, car Worlds Adrift reste un accès anticipé n'ayant pas encore livré toutes ses promesses.

On scrute donc les étoiles -- ou la feuille de route -- pour entrevoir l'avenir de Worlds Adrift. Il s'agit pour Bossa Studios de miser à la fois sur la création des joueurs avec notamment un éditeur d'îles plus sophistiqué et l'intégration de Steam Workshop, mais aussi sur du gameplay émergent avec les alliances et le contrôle des territoires par ces dernières. L'élaboration d'un biome arctique promet de se geler les miches, d'autant qu'une gestion des températures est en perspective. Des créatures sont également au programme pour peupler les différentes îles, la version actuelle n'en comptant qu'une infinité. De nombreuses améliorations de la qualité de vie sont également attendues, pour donner cette impression que l'on parcourt un MMO méritant une sortie officielle.

Au final, Worlds Adrift est encore un MMO en cours de construction, une idée originale qui doit se concrétiser sur le long terme. Il faudra pour cela étoffer son contenu, maintenir l'intérêt des joueurs en introduisant de nouvelles activités qui les pousseront peut-être à véritablement s'installer. Car si le principe du voyage est bien d'avoir un début et une fin, un monde persistant amené à se renouveler peut lui donner des airs d'éternité.

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